LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

AN 1 DE LUC ADOLPHE TIAO : La vie chère comme talon d’Achille

Publié le mercredi 18 avril 2012 à 02h07min

PARTAGER :                          

Nommé le 18 avril 2011 comme Premier ministre en remplacement de son prédécesseur Tertius Zongo, Beyon Luc Adolphe Tiao (LAT) a formé le 21 avril suivant son premier gouvernement dit de crise. Un an donc qu’il est au charbon, pour résoudre les problèmes brûlants du Burkina. Au-delà des charges ordinaires d’un chef de gouvernement, LAT s’est vu naturellement confier une mission similaire à celle d’un messie. Les troubles sociopolitiques qui ont violemment secoué le pays et ébranlé le tissu social et politique avaient réussi à instaurer une peur généralisée aussi bien au sein de la population qu’à la tête de l’Etat.

Il revenait donc à l’ex-ambassadeur du Burkina à Paris le défi de rétablir la stabilité sociopolitique et l’autorité de l’Etat, conditions indispensables à la reprise normale de l’activité économique et à la reconquête de la confiance des investisseurs et des Partenaires techniques et financiers (PTF). L’homme qui a précédé Béatrice Damiba à la présidence du Conseil supérieur de la communication (CSC) a ainsi mis à profit sa riche expérience de communicateur averti, pour tenter de relever le défi. L’état de grâce qu’il avait alors demandé à ses compatriotes lui a été accordé dans une certaine mesure avec le retour relatif au calme.

Le contexte de sa nomination aidant, le nouveau PM adopta un discours apparemment libre, ferme et direct. Evitant le plus souvent la langue de bois, il a pu imprimer une certaine rigueur dans l’exécution de certains marchés publics autrefois objet de conflits. Dans une éventuelle allocution d’anniversaire de sa gouvernance en tant que premier des ministres, Luc Adolphe Tiao pourra aussi mentionner avec mérite sa décision de suspendre les opérations de lotissements suite à la mise à nu de graves malversations qui ont toujours existé dans ce domaine. Même si l’on est resté sur sa soif en attendant de voir l’aboutissement de ce projet d’assainissement de la gestion du foncier.

Car, la bataille sur ce plan ne pouvait être gagnée que si l’on parvenait à faire en sorte que les attributions de parcelles cessent d’être un fonds de commerce entre les mains d’une minorité au point de devenir une source de conflits entre autorités locales et populations. Ce qui est loin d’être le cas, du moins pour le moment. N’empêche, le principe de la mesure suspensive et les enquêtes entreprisse sont à saluer en ce sens qu’ils peuvent permettre d’y voir plus clair, de situer les responsabilités dans les dysfonctionnements, de réorganiser le système et de prendre d’autres mesures correctives.

Ils témoignent en outre du courage dont fait montre le Premier ministre et dont d’autres faits illustratifs sont donnés à voir dans la gestion des affaires Ousmane Guiro et Jérôme Traoré, des noms respectifs de l’ex-DG des Douanes et de l’ex-ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Si la promptitude avec laquelle ces deux pontes du régime en place ont été déboulonnés se transpose sur le traitement de leurs dossiers et si cette rigueur de traitement s’étend aux autres brebis non moins galeuses du système, le tableau de la gestion de LAT sur ce plan ne s’en trouverait que mieux embelli. Elargi cependant à d’autres domaines, le bilan de l’an 1 de Tiao n’en est pas moins mitigé. L’amélioration du niveau de vie des Burkinabè se fait encore attendre.

L’un des éléments ayant contribué à donner aux manifestations la gravité dont elles ont été marquées est sans conteste le ras-le-bol des populations de devoir trop serrer la ceinture. Les frondeurs s’attendaient donc à ce que des mesures énergiques soient prises pour leur permettre de mieux vivre. Mais un an après, rien n’a véritablement changé. Pire, il y a même un recul inadmissible dans la maîtrise des prix des produits de grande consommation et de première nécessité. La vie chère demeure visiblement le talon d’Achille de LAT, l’angle mort de sa gouvernance. L’échec le plus regrettable, après l’incapacité du gouvernement à faire respecter par les commerçants leur propre engagement consistant en une baisse raisonnable et consentante des prix, c’est la hausse des tarifs de l’essence à la pompe. Le contexte de crise économique et financière mondiale et le manque à gagner que doit nécessairement combler la SONABHY ne sauraient justifier la démission de l’Etat dans la répartition équitable des fruits de la croissance.

Les hydrocarbures sont des produits dont le renchérissement se répercute systématiquement et indubitablement sur le coût des autres produits et prestations comme le transport et notamment les produits importés. Les autorités auraient donc pu renforcer la subvention de ces produits de base, quitte à surseoir à des dépenses non prioritaires comme l’acquisition de voitures de luxe pour les ministres et présidents d’institutions, ou encore le renouvellement du parc automobile de la présidence du Faso. Si l’on se fie aux intentions de LAT, il présente l’image d’un Zorro qui ne peut malheureusement pas faire de prouesse dans un système politique quasi trentenaire et où la préservation des intérêts des individus passe avant toute entreprise, aussi noble soit-elle, profitable au plus grand nombre. Il sait bien, pour avoir été lui-même façonné par ce système, qu’il n’aura d’autre choix que de se résoudre à observer, impuissant, les commerçants dont les plus influents font partie de son sérail politique, dicter leurs lois iniques et cupides au marché.

Sauf si, par sursaut patriotique, il se décidait à faire abstraction de son appartenance politique pour impulser à sa gouvernance un nouveau souffle. Il y a du reste grandement intérêt, car, s’il y a bien un danger qui le guette, c’est celui du front social grâce auquel il tient les rênes de l’exécutif. Il risque de s’attirer des inimitiés dans son propre camp et dans celui des fameux PTF. Mais c’est à ce prix qu’il cessera de traîner le boulet de la vie chère ; et c’est de cet effort supplémentaire que dépend, dans une large mesure, la réussite de sa mission.

« Le Pays »

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 18 avril 2012 à 12:56, par Marie En réponse à : AN 1 DE LUC ADOLPHE TIAO : La vie chère comme talon d’Achille

    d’accord avec vous cher journaliste. A l’arrivée de LAT, on s’attendait à vivre mieux car on se disait que lui il est positif. En plus avec la SCADD on était vraiment optimistes car l’un des objectifs c’est d’aider au moins 65 % de la population à sortir de la pauvreté. Mais Hélas ! La pauvreté ne fait que prendre de l’empleur. Il aurait pu avec par exemple l’argent des ressources naturelles du pays, qui du reste appartiennent à tous les burkinabé, subventionner le prix des hydrocarbures ou simplement, reduire les indemnités des membres du gouvernement et des institutions. et pourquoi pas revoir à la baisse le nombre même de postes ministériels ? Franchement on souffre dans ce pays là. Mais eux ne le savent pas parce que de toute façon ils n’ont pas de dépenses. Tout est pris en charge par l’argent du contribuable. Aujourd’hui le prix du litre d’huile a subit une augmentation de 100 F, pour ne citer que cet exemple. Moi je me demande bien que sera demain ?

    Que le Seigneur nous vienne en aide
    Webmater, cessez de censurer mes interventions.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique