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Dialogue intermalien : Quand Blaise fait la Fatiha

Publié le mardi 17 avril 2012 à 02h20min

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La rencontre autour de la crise au Mali, entre forces vives de ce pays et Blaise Compaoré, médiateur choisi par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’est achevée dimanche 15 avril 2012 dans la soirée. La concertation a accouché d’importantes décisions dont la mise en œuvre pourrait favoriser la paix au pays de Soundiata Kéita.

Le week-end dernier (les 14 et 15 avril 2012), Blaise Compaoré a repris du service du côté du Centre international de conférences de Ouaga 2000. Les habitués de cet endroit se rappellent qu’avaient été menés en ces lieux trois négociations, qui concernaient le Togo, la Côte d’Ivoire et la Guinée. C’est dire que le locataire de Kosyam est un habitué des lieux et des rencontres du genre. Après leur arrivée, samedi dernier aux environs de 10 heures à l’aéroport international de Ouagadougou, des cars ont transporté l’imposante délégation malienne à Ouaga 2000. Au nombre de 83, ils se sont aussitôt engouffrés dans la salle de conférences avec leur hôte, le médiateur de la CEDEAO. Et ce fut vite parti pour des échanges à huis clos.

A l’extérieur, notamment dans la salle réservée aux journalistes, c’était l’attente, qui s’est révélée longue. Pire, rien ne filtrait. A la pause à 14h30, un « sauveur », nommé Me Mamadou Gakou, accepte de se prêter aux questions des scribouillards. Certes, ce n’était pas encore la saison des grandes révélations, mais cette marque d’attention a permis d’avoir une certaine idée de l’ambiance qui régnait dans la salle. Participant à la rencontre pour le compte de la Convention pour la démocratie, le progrès et la solidarité (CDPS), l’avocat et homme politique malien a quelque peu étanché une certaine soif d’information des journalistes, en annonçant que les « discussions sont passionnées » et ont porté sur la transition, la situation au nord du Mali, l’intervention de la CEDEAO, la sécurité alimentaire et humanitaire. Des points de blocage, il y en a eu, a-t-il confessé. Ç’a été le cas notamment sur la CEDEAO concernant « son retard à intervenir et sa promptitude à prendre des sanctions », mais il a vite ajouté qu’ils ont reçu des « explications » à ce sujet.

Dans l’ensemble, « tout se passe bien pour le moment », a-t-il dit, optimiste, en tout révélant qu’au cours de la première partie, un tour de table a été organisé et que la seconde mi-temps pouvait donner lieu à des « possibilités de synthèse ». Merci, Maître ! Le soir aux environs de 19 heures, les participants quittaient la salle et rendez-vous avait été pris pour le lendemain.

Le dimanche matin donc, les tractations se sont poursuivies et, en début de soirée, on sentait la lassitude sur les visages de certains participants. De fausse alerte en fausse alerte, c’est aux environs de 19 heures que les invités ont été appelés à rejoindre la salle pour la lecture de la déclaration finale. A cependant précédé un moment d’émotion avec les sermons faits par les leaders représentant les grandes composantes religieuses du Mali. Le premier à prendre la parole, a été Moussa Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, qui a prononcé des phrases assez poignantes, parmi lesquelles celle-ci : « Nous sommes face à notre destin…des propositions ont été faites, mais le plus important, c’est ce que nous allons faire nous-mêmes… je vous lance un cri du cœur pour un sursaut national…Sachons raison garder…faisons preuve de beaucoup de patience et de retenue… merci…merci… merci ». Sur ce, il a invité les auditeurs à réciter la Fatiha (1) les bras levés et les paumes face au visage. Surprise, le médiateur, Blaise Compaoré, en fait de même. A-t-il récité aussi la Sourate (1). On ne le saura pas. Le constat que l’on peut faire est que quand l’hôte des lieux, de confession catholique, se prête à cet exercice, c’est que l’instant est assez grave.

Issa K. Barry & Adama Ouédraogo Damiss

(1) Première sourate (chapitre) du Coran

- Col Moussa Sinko Coulibaly, représentant le CNRDRE : « Il faut faire vite ! »

Colonel, peut-on dire que tout est bien qui finit ?

• Nous sommes très content des deux jours d’échanges. Pour nous, au niveau du CNRDRE, le problème le plus urgent est la résolution de la crise au Nord-Mali. Comme vous l’avez constaté, il y a eu unanimité sur la question.

Il se susurre que le CNRDRE est parti sans être parti et que vous chapeauteriez pratiquement tout. Votre réaction ?

• Non, non, non ! Il y a un président par intérim qui est là, et un gouvernement sera bientôt mis en place. L’Assemblée nationale et la Cour suprême sont en place. A mon avis, il n’y a pas d’ambiguïté par rapport à la gestion des affaires de l’Etat.

Le Premier ministre viendra-t-il de vos rangs, et avez-vous un profil pour ce poste ?

• Pas forcément ! L’accord-cadre précise seulement que nous allons jouer un rôle dans sa désignation. Quant au profil, nous avons seulement souhaité que ce soit un homme ou une femme nouveaux. Vu le bilan des 20 dernières années, il faut qu’il y ait tout de même du changement pour réanimer la vie politique de l’Etat. Et bien évidemment, il faut mettre l’accent sur la compétence.

A lire le rapport de synthèse des deux jours de travaux, on a comme l’impression que ce sont des généralités. On s’attendait à des mesures très fortes pour gérer en urgence la crise…

• Pas du tout ! Ce sont des engagements forts qui ont été pris par la CEDEAO et par les forces vives du pays. A mon avis, tout commence par l’engagement. Vous voyez bien que pour le retour à l’ordre constitutionnel normal, nous avons commencé par une déclaration solennelle, et les effets concrets sur le terrain ont suivi. Mais il faut que nous fassions vite ! Nous n’avons pratiquement pas d’exécutif. Nous allons faire de telle sorte que, très prochainement, un Premier ministre soit nommé.

-  Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République (URD) : « Le débat a été riche et fructueux »

"Il faut, après cette rencontre de Ouagadougou, se retrouver très vite à Bamako parce qu’il y a des décisions importantes à prendre, comme la nomination d’un Premier ministre et la formation du gouvernement. Il y a encore qu’il faut ramener la paix dans les cœurs, et à instaurer la compréhension entre nous-mêmes. Le débat a été très riche et très fructueux ; le Burkina Faso, à jouer un grand rôle de modération, et c’est très heureux.

Pour la nomination du Premier ministre, nous avons chargé le CNRDRE et la CEDEAO de se mettre d’accord pour trouver quelqu’un à la Primature qui a surtout un agenda. Il y a une situation humanitaire catastrophique qui se dessine au nord, et les problèmes de l’intégrité territoriale et du fonctionnement normal des institutions pour aller vers des élections crédibles, transparentes et démocratiques."

- Dr Mamadou Bagayogo, président du Mouvement patriotique pour le Mali : « Au Mali, il n’y avait pas de dialogue »

La réunion, qui vient de se terminer, est une victoire de la fraternité, de la sagesse africaine, du Mali et du Burkina Faso. Certains pensaient qu’on ne réussirait pas, mais nous avons démontré au monde entier que nous avons une certaine maturité sociopolitique et culturelle qui nous permet de régler nos problèmes. Nous sommes fiers de Blaise Compaoré et de ses collaborateurs, du peuple burkinabè et du gouvernement. Les problèmes sont nombreux, mais, Dieu merci, nous travaillons à les minimiser. Je demande franchement que tout le monde accepte cet accord, que les oiseaux de mauvais augure s’éloignent et que les gens soient positifs afin qu’on puisse l’appliquer. Concernant la situation au nord, il y a un début de règlement. Le Mali a été blessé et au lieu d’aller en guerre, nous avons demandé que les mouvements armés déposent les armes afin qu’on se parle. Le président Blaise Compaoré nous a permis de nous parler parce qu’au Mali, il n’y avait pas de dialogue. Il y a eu des discussions chaudes, mais c’était nécessaire, puisqu’on est arrivé à une entente, saluée par tous. »


Les dozos maliens tiennent à monter au front

Selon le site d’information en ligne Maliactu, la Fédération nationale des chasseurs du Mali ne veut pas être en marge de la gestion de la crise au nord de ce pays. C’est ce qu’a annoncé, vendredi, Gossi Niakaté, patriarche des chasseurs maliens, communément appelés “donso”.“Nous, chasseurs du Mali sans exception, n’attendons que l’ordre des autorités pour être sur le champ de bataille pour l’honneur de notre pays et pour notre dignité”, a dit le vieux Niakaté à la faveur d’une assemblée générale extraordinaire devant le monument “Kontron Ni Sanè”, dédié aux fétiches. Le même vieux Niakaté a rappelé qu’avant la colonisation et la création de l’armée, ce sont les chasseurs qui “assuraient la défense des villages, des personnes et de leurs biens”. Celui-ci a aussi rappelé qu’au moment où “on adoptait la charte du Kurukafunga en 1235, il était prévu que l’intégrité de l’empire du Mandé n’était pas négociable” et ajouté qu’“il n’est pas question que l’intégrité du Mali soit négociable. Le Mali est un et indivisible”. Les mêmes propos ont été évoqués par le secrétaire général de la Fédération nationale des chasseurs du Mali, Sadio Doumbia. “Malgré mon âge, je ne serai pas absent au moment de la guerre, même s’il faut que je prenne la première balle. Le Mali ne restera jamais sous occupation, sauf si tous les chasseurs maliens mourraient”, a souligné le patriarche des chasseurs, Gossi Niakaté.

Source : Maliactu

1. Une posture du médiateur qui en dit long sur la délicatesse de la situation au Mali

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 avril 2012 à 11:49, par kamissogo En réponse à : Dialogue intermalien : Quand Blaise fait la Fatiha

    Avec cette mentalité des fatiha omniprésentes de certains leaders Maliens dans le privé comme dans le public l’avenir du Mali est sombre mais en tant que Malien ce que je n’ai jamais compris dans l’hypocrisie générale de mes compatriotes est ceci si l’islam est une religion de paix et d’amour comme ils le chantent sur toutes les levres matin et soir pourquoi alors n’ont-ils pas accueilli avec joie de bonheur le projet islamique des ansar dine d’imposer la charia qui est la seule et unique loi d’allah à laquelle tout vrai musulman doit se soumettre et de faire soumettre toute l’humanité

    • Le 17 avril 2012 à 20:56 En réponse à : Dialogue intermalien : Quand Blaise fait la Fatiha

      Donc pour toi, un vrai musulman doit forcer les autres à être musulmans ?
      C’est vous autres qui ternissez l’image de L’islam dans le monde.

    • Le 19 avril 2012 à 21:52, par ndivaler En réponse à : Dialogue intermalien : Quand Blaise fait la Fatiha

      Mon frère, Il est question ici de réunir les forces pour sortir le Mali de l’ornière. Tout ce qui peut aider est bon à prendre même si vous n’aimez pas une religion acceptez et respectez un peu ceux qui la pratiquent. Le jour du jugement ce ne serait pas vous qui serez au trône pour trancher. Dieu merci d’ailleurs. Donc humain comme les autres vous serez jugé et châtier s’il le faut. Point de jugement sur terre. Humain là !!!!!
      Donc un peu de savoir vivre ne vous fera aucun mal
      Inch Allah

      • Le 30 avril 2012 à 01:44 En réponse à : Dialogue intermalien : Quand Blaise fait la Fatiha

        Gros appétits pour le Sahel

        Par : comaguer.over-blog.com
        Publié le : 29/04/12

        Tandis que les médias de masse nous abreuvent de détails sur l’ordre constitutionnel, l’islamisme, l’intangibilité des frontières, chaque « expert » (bien payé et pas neutre comme le démontre le documentaire sur « les nouveaux chiens de garde ») trouvant ainsi l’occasion d’étaler son savoir sur des questions qui, pour les puissants de ce monde, sont secondaires.
        L’ordre constitutionnel n’est respectable que tout autant qu’il n’est pas dérangé par le résultat d’un référendum comme en 2005 en France, l’islamisme est ici encouragé (guerre d’Afghanistan 1979-1989) là utilisé (Yougoslavie) ou brandi à l’occasion comme un épouvantail alors que les relations les plus étroites sont entretenues avec les pays qui le financent (Arabie Saoudite, Qatar).
        Tout ce spectacle hypocrite sert à masquer d’autres enjeux.
        La carte qui suit émane d’un club très officiel puisqu’il est une sorte de commission spécialisée de l’OCDE sur le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Rien de plus respectable pour les pouvoirs capitalistes en place puisque l’OCDE est l’institution qui a succédé à l’OECE chargée dès les débuts de la guerre froide de la répartition des crédits Marshall c’est-à-dire de la mise sous contrôle économique par les Etats-Unis des pays de l’Ouest européen. Depuis l’OCDE s’est installée comme bureau de recherche et de planification de l’ordre capitaliste occidental dominant.
        Qu’ait été créé au sein de l’OCDE un club Sahel et Afrique de l’Ouest suffit à démontrer que cette région du monde est considérée par le capitalisme occidental comme une de ses arrière-cours et qu’il a dans cette zone des projets et des appétits qui ne s’embarrassent pas de la souveraineté des États de la région.
        Que dit cette carte ?
        1 - D’abord sur la population
        Que les Touaregs sont majoritaires dans la zone Nord du Mali, ce qui est une évidence démographique de longue date et cette partie du territoire malien actuel est appelée Azawad, terme revendiqué par le MNLA. Qu’ils ne sont pas majoritaires au Sud de la boucle du Niger. Là aussi simple rappel des faits. Mais surtout elle montre que la zone à dominante touarègue dépasse très largement le Mali, qu’elle s’étend jusqu’en Libye et qu’elle est donc déstabilisée par la disparition du régime libyen.
        2 - Ensuite sur les ressources convoitées :
        Le niveau actuel des cours de l’or et les inquiétudes des possédants sur la stabilité des monnaies des pays capitalistes riches ont déchaîné une ruée mondiale vers le métal jaune. L’accès à de nouvelles sources de pétrole et de gaz est une préoccupante stratégique des États-Unis comme de l’Union européenne et Iles veulent mettre la main sur les nouveaux gisements avant l’Inde et la Chine. L’Afrique de l’Ouest est donc de ce point de vue le terrain de chasse prioritaire.
        3 - Dernière indication de portée politique et stratégique considérable
        « Le gaz du bassin de Taoudéni pourrait être exporté via l’Algérie ». Là s’exprime la crainte que l’Algérie et sa société pétrolière nationale la Sonatrach qui a déjà commencé à prendre part aux côtés des sociétés occidentales (Total et Eni en particulier) aux recherches prometteuses en Mauritanie et au Mali devienne le maître du jeu.
        Pour l’empêcher rien de tel qu’un bon gros désordre « islamique » pour mettre le pouvoir algérien, le seul qui conserve encore un peu d’indépendance du Caire à Rabat, sur la défensive.
        Mais une autre histoire est possible qui n’est évidemment pas celle que veulent écrire les puissances membres de l’OCDE : que sous la houlette de l’Algérie, qui aujourd’hui a seule les capacités militaires et techniques pour le faire, les pays de la région se mettent d’accord pour exploiter ensemble ces nouvelles ressources pétrolières, les utilisent pour leur propre développement et exportent le reste par un port à construire sur l’Atlantique en Mauritanie ou au Sénégal. Un vrai projet Sud-Sud qui constituerait une véritable décolonisation du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
        Source : Afrique-Asie

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