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AUGMENTATION DES PRIX DES HYDROCARBURES : Les centrales syndicales dénoncent un renchérissement de la vie

Publié le mardi 17 avril 2012 à 02h20min

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Les centrales syndicales du Burkina Faso dénoncent l’augmentation des prix des hydrocarbures, annoncée par le Premier ministre devant le parlement, et effective depuis près de deux semaines. Elles en appellent à une mobilisation pour lutter contre la vie chère.

Par lettre n°2012-099/MFPTSS/SG/DGT/DRPPDS en date du 6 mars 2012, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, en référence à l’engagement pris lors de la rencontre annuelle Gouvernement/Syndicats de 2011 d’organiser une rencontre autour de la structure des prix des hydrocarbures, invitait les organisations syndicales à une rencontre de travail mercredi 14 mars 2012. Ainsi, une délégation des organisations syndicales a rencontré le 14 mars 2012 une délégation gouvernementale composée des ministres suivants :

- le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale ; - le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat, . le ministre de l’Economie et des finances ;
- le ministre des Mines, des carrières et de l’énergie
- Les ministres étaient accompagnés des responsables de la SONABHY dont le directeur général et des membres du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures

- Introduisant la rencontre, le MFPTSS a indiqué que le gouvernement attache une importance particulière à la question de l’énergie, d’où les nombreux efforts déployés dans ce cadre
- Il a expliqué que l’objectif de la rencontre était de communiquer les informations aux organisations syndicales et d’échanger avec elles sur les solutions.

La parole a ensuite été donnée au DG de la SONABHY qui a dépeint la situation difficile que vit la SONABHY depuis le blocage des prix des hydrocarbures en août 2010. De son intervention et des compléments apportés par le ministre de l’Economie et des Finances, il ressort essentiellement que :

du fait des hausses successives des prix des hydrocarbures et du blocage des prix décidé par le gouvernement, la SONABHY a perdu totalement sa rentabilité avec des ventes à perte des différents produits, d’où un cumul des pertes s’élevant à 58 milliards de francs CFA ;

les prix pratiqués à la pompe au Burkina Faso sont parmi les moins chers de la sous-région, ce qui conduit les transporteurs de la sous-région à se ravitailler chez nous, d’où un accroissement de 30 % de la consommation nationale d’hydrocarbure et des pertes de la SONABHY, supposant ainsi comme si nous subventionnons la consommation extérieur ;
le gouvernement est, depuis le blocage des prix, intervenu à plusieurs reprises pour soutenir la SONABHY et lui éviter une cessation de paiement.

Réagissant aux informations communiquées, la délégation syndicale a, en substance, relevé que :

les syndicats apprécient la démarche du gouvernement qui consiste à échanger avec les syndicats sur l’importante question des hydrocarbures. Elle est cependant surprise par le contenu de l’exposé parce qu’elle s’attendait à des échanges autour des propositions que le mouvement syndical a soumises au gouvernement sur la question depuis 2006, propositions qu’elles ont encore rappelées à l’occasion de la dernière rencontre Gouvernement/Syndicats et que le gouvernement s’était engagé à examiner, courant premier semestre 2012 ;

au plaidoyer du directeur général de la SONABHY sur la situation difficile de sa société, les syndicats pourraient répondre par un autre plaidoyer sur la situation difficile des travailleurs ;
la délégation espère que la rencontre n’annonce pas une augmentation des prix qui, peut-être, va intervenir dans les prochaines heures.

Là-dessus, le ministre de l’Economie et des finances a rassuré les syndicats qu’il n’est pas envisagé une augmentation très prochaine des prix. Selon lui, l’objectif du gouvernement est de communiquer des informations, recueillir leurs préoccupations avant d’envisager les mesures à prendre. Le gouvernement a proposé une deuxième rencontre le mercredi 21 mars, rencontre au cours de laquelle il soumettra aux syndicats ses propositions et leur remettra les documents demandés.

A la rencontre du 21 mars, le responsable de la cellule technique du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures a présenté la structure des prix des hydrocarbures, puis des simulations sur les prix sans les taxes et impôts. A la suite de son exposé, la délégation syndicale a reconnu que la situation de la SONABHY était difficile et que quelque chose devait être fait. Elle a aussi posé un certain nombre de questions, en insistant particulièrement sur son attente de la réponse du gouvernement aux propositions des syndicats portant sur la structure des prix des hydrocarbures.

En réponse, le gouvernement a indiqué qu’il attendait de finaliser ses réponses et qu’il les transmettrait prochainement aux syndicats. Pour les autres questions, le gouvernement propose aux syndicats de rencontrer le vendredi 23 mars l’équipe technique pour recevoir toutes les informations avant une rencontre avec la délégation du gouvernement le mardi 27 mars. Au cours de la rencontre avec la cellule technique, les échanges ont permis aux responsables syndicaux de prendre toutes les informations sur les hydrocarbures. A la fin de la rencontre, les réponses du gouvernement aux propositions des syndicats ont effectivement été transmises à la délégation. Pour l’essentiel, les réponses aux propositions des syndicats sont restées insatisfaisantes. Dans le cadre de la préparation de la rencontre du mardi 27 mars, la délégation syndicale a organisé une concertation le lundi 26 mars. Cette concertation a abouti aux conclusions suivantes :
le mouvement syndical ne peut cautionner une mesure d’augmentation des prix des hydrocarbures qui va entraîner des hausses de prix pour tous les produits et qui va aggraver la situation déjà difficile des travailleurs et des populations ;

le mouvement syndical est limité dans les propositions face au problème exposé par le gouvernement. Il peut cependant apprécier la démarche de concertation du gouvernement ;
ce que le mouvement syndical peut demander au gouvernement, c’est de trouver les moyens pour soutenir la SONABHY qui, au regard de son rôle dans l’approvisionnement énergétique du pays et du nombre de ses employés, revêt une importance particulière. A la rencontre avec le gouvernement le 27 mars, le porte-parole du gouvernement a salué l’esprit de dialogue du mouvement syndical qui a permis de tenir trois rencontres d’échanges sur la question des hydrocarbures et a indiqué que la question est d’actualité. Le porte-parole du mouvement syndical, tout en appréciant positivement la démarche du gouvernement, a rappelé que la revendication porte sur l’examen de la structure des prix en vue d’une baisse des prix des hydrocarbures. C’est pourquoi, au regard des réponses données par le gouvernement, il demande du temps pour mieux faire des contrepropositions sans toutefois vouloir bloquer le processus de recherche de solutions à la situation de la SONABHY.

En réaction, le gouvernement a indiqué que malgré les urgences auxquelles il doit faire face, il tient compte de son engagement pris quant au dialogue quelle que soit la nature de la décision à prendre. Aussi, il prend acte de la vision syndicale et informe la partie syndicale que le comité de suivi va se réunir car il se doit de prendre un certain nombre de mesures pour soutenir la SONABHY et permettre à l’économie nationale de survivre. Au regard de l’échec des négociations sur la révision des structures des prix des hydrocarbures et l’absence d’un véritable mécanisme de contrôle de la répercussion de la hausse du prix des hydrocarbures sur les autres prix, le mouvement syndical dénonce cette augmentation des prix des hydrocarbures qui va rendre la vie encore plus chère pour les burkinabè. Il appelle les travailleurs, l’ensemble des couches populaires à se mobiliser, à mettre en place les structures de la CCVC dans les différentes localités, dans les arrondissements, secteurs et villages pour la poursuite de la lutte contre la vie chère, la fraude, la corruption, l’impunité et pour les libertés.

Ont signé :

Pour les Centrales syndicales :

CGT-B Tolé SAGNON Secrétaire général

CNTB Augustin Blaise Hien Secrétaire général

CSB Jean Mathias B. LILIOU Secrétaire général

FO/UNSL Joseph L. TIENDREBEOGO Secrétaire général

ONSL Paul N. KABORE Secrétaire général

USTB El Hadj Mamadou NAMA Secrétaire général

Pour les syndicats autonomes : Jean-Baptiste OUEDRAOGO Président du mois SG du SYNATIPB

Le Pays

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