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Le Sahel Burkina et la crise malienne : Luc Adolphe Tiao aux côtés des 28 663 réfugiés dont plus de 1200 élèves et étudiants

Publié le mardi 17 avril 2012 à 02h21min

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Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a effectué une visite dans les régions du Nord et du Sahel du 12 au 15 avril 2012. Inaugurations et visites d’infrastructures, visite des réfugiés maliens, et rencontres avec les forces vives des localités visitées ont constitué le plat de résistance de ce périple gouvernemental de quatre jours. La situation au Mali a occasionné la présence de près de 35 000 réfugiés maliens sur le territoire burkinabè dont 28 663 dans la seule région du Sahel. Et, ils continuent d’arriver chaque jour. Ils sont arrivés avec plusieurs milliers d’animaux et environ 100 000 têtes sont attendues dans les deux mois à venir.

Tout démarre par Ouahigouya, la capitale de la région du Nord le jeudi 12 avril 2012. Le chef du gouvernement Luc Adolphe Tiao, accompagné de près d’une dizaine de ministre préside le lancement officiel de la campagne de l’Assurance volontaire, une assurance vieillesse qui permet à des travailleurs du secteur informel et des professions libérales de s’assurer une pension de retraite. En fin de matinée, le PM visite l’école trilingue Ipala où sont enseignés Mooré, Français et Arabe. Puis s’en est suivie la visite de la bibliothèque ultra-moderne Olvido, bien équipée en ordinateurs, salle de cinéma, de formation. Un joyau technologique de référence dans cette ville.

En début de soirée, Luc Adolphe Tiao procède à l’inauguration du nouveau centre hospitalier régional (CHR) de Ouahigouya. La construction de cet hôpital, fonctionnel depuis quelques jours, a couté la somme de 7 milliards de francs CFA. Au regard de son équipement, il permettra d’améliorer les conditions de travail des agents de santé mais aussi apportera plus de confort pour les malades qui y séjourneront. Fin de la première journée. La seconde sera plus éprouvante.

Cap sur Titao dès 8h pour la visite d’un CEBNF (Centre d’éducation de base non formel). Cet établissement réunit des apprenants venant de tout le Burkina. Couture, mécanique, menuiserie, maçonnerie… y sont enseignées à des jeunes n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école ou qui ont dû quitter très tôt pour diverses raisons. Le PM a saisi l’occasion pour remettre du matériel de travail aux meilleurs élèves de cette école qui connait un taux de succès relativement élevé de près de 60%.

« Nous ferons le maximum pour vous garantir le minimum »
Puis le cortège ministériel d’une cinquantaine de véhicules s’ébranle vers la région du Sahel. Une région en proie à l’insécurité alimentaire aussi bien pour les humains que pour le bétail à cause de la mauvaise pluviométrie enregistrée par le Burkina cette année. Cette situation est aggravée par l’afflux massif quotidien des réfugiés maliens. Pour s’enquérir de la réalité vécue par ceux-ci, le premier et sa délégation se sont rendus sur le camp des réfugiés de Mentao dans la province du Soum qui constitue le 2nd plus grand camp de réfugiés jusque là, après celui de Gandafabou. A Mentao, ils sont près de 5000 maliens à y vivre. Essentiellement des Touarègues et des arabes.

Très reconnaissants de l’hospitalité des populations autochtones, ils n’ont pas manqué d’égrener un chapelet de doléances. Plus de vivre, de l’eau, des soins de santé aussi bien pour les réfugiés que pour le bétail, des infrastructures éducatives pour les élèves obligés de quitter leurs camarades pour se retrouver dans ce camp, hors de leur pays. Tout en promettant de faire le maximum pour qu’ils aient le minimum, Luc Adolphe Tiao les a exhortés à avoir de bons comportements vis-à-vis des populations autochtones afin d’éviter des heurts. A celles-ci, il a demandé de poursuivre la compréhension dont elles ont fait montre jusque là.

Puis retour à Djibo pour s’entretenir avec les forces vives. Agents de l’administration décentralisée et déconcentrée de l’Etat, mouvements de jeunesse, des droits humains, des femmes, des élèves, listent, chacun à son tour, des préoccupations de tous ordres. Chaque ministre présent interpelé apporte des éléments de réponse avant que le PM ne fasse une synthèse. « Nous allons étudier toutes vos doléances et essayer d’y répondre autant que faire se peut », soutient-il. Mais, « n’attendez pas tout de l’Etat, cette époque est révolu », ajoute-t-il. Même scénario à Gorom-Gorom le 14 avril avec les forces vives. Quasiment les mêmes doléances et même réponse du gouvernement.

L’équipe gouvernementale pour ce périple était composé des ministres de la sante, de l’éducation nationale, de l’action sociale et de la solidarité nationale, de la jeunesse, de l’emploi, de la formation professionnelle, des ressources animales, de l’environnement et du développement durable, de la culture et du tourisme, de l’agriculture et de l’hydraulique, des droits humains et de la promotion civique.

Gandafabou : 1159 élèves cherchent des écoles

Au troisième jour, le périple est encore plus fastidieux. Dès 6h, le cortège quitte Dori où il a passé la nuit pour se rendre sur le site des réfugiés maliens de Gandafabou dans l’Oudalan à quelques dizaines de la frontière du Burkina avec le Mali. Là, ils étaient 20354 personnes à la date du 13 avril 2012 dont 1159 élèves. Au total, ils étaient 28663 maliens réfugiés dans la région du Sahel à cette date. Mais chaque jour, de nouvelles arrivées sont enregistrées. Le bétail est également impressionnant. Il se compte par dizaine de milliers de têtes. Bœufs, moutons, chèvres, ânes, chameaux, tout y est. Deux autres sites accueillent des réfugiés maliens dans cette région. Il s’agit de Damba dans le Soum et Ferrerio dans l’Oudalan. A termes, tous doivent être regroupés sur le site de Goudébo dans la province du Séno. Problème de pâturage pour le bétail, vaccination du bétail constituent donc des préoccupations majeures.

120 000 animaux attendus

Pour ne rien faciliter, ce sont près de 120 000 animaux attendus dans les mois à venir dans la région du Sahel burkinabè, soit environ 40000 bovins et 75000 petits ruminants. C’est dire que le partage du pâturage avec les populations autochtones, à majorité éleveurs, risque de ne pas être simple.

Tout en demandant aux populations de la région à continuer l’élan de solidarité dont ils ont fait montre, Luc Adolphe Tiao a exhorté les déplacés de guerre maliens à avoir des comportements responsables afin d’éviter des heurts avec les habitants de la localité.

« Vous accueillir est un devoir de solidarité »

Les premiers réfugiés sont arrivés le 30 janvier 2012. Puis le second groupe le 05 février et depuis lors chaque jour, ils affluent. « Notre dignité, nos mœurs et coutumes sont respectées. Nous promettons d’en faire autant pour la population qui nous accueille », souligne Mohamed Issoufou, représentant des réfugiés de Gandafabou. « Vous accueillir et vous mettre dans des conditions acceptables est un devoir de solidarité… mais vous avez aussi des devoirs », soutient le premier ministre, Luc Adolphe Tiao, en se réjouissant de l’accueil qui leur est réservé.

Pour permettre à ces réfugiés d’être dans des conditions acceptables, l’Etat burkinabè compte sur l’appui de partenaires (HCR, CICR, PAM, Médecin du monde, Médecin ans frontière …). La plupart interviennent directement sur le terrain. Sur des routes impraticables.

A chaque étape, le premier ministre a procédé à la remise de vivres, de nattes et de couvertures aux réfugiés. Aux termes de son périple, il a lancé un appel à la communauté nationale et internationale afin d’appuyer le Burkina dans la gestion des réfugiés mais aussi par rapport à la situation alimentaire que vit le Burkina. Une situation alimentaire (humaine et animale) que le député-maire de Dori, Hama Arba Diallo a qualifié de jamais vue dans la région du Sahel.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 17 avril 2012 à 05:29 En réponse à : Le Sahel Burkina et la crise malienne : Luc Adolphe Tiao aux côtés des 28 663 réfugiés dont plus de 1200 élèves et étudiants

    C’est bien de les aider !On ne veut pas d’islamistes terroristes au Burkina ou de racistes.

  • Le 17 avril 2012 à 13:27, par RAYIM En réponse à : Le Sahel Burkina et la crise malienne : Luc Adolphe Tiao aux côtés des 28 663 réfugiés dont plus de 1200 élèves et étudiants

    loin d`etre mechant , mais il faut trouver une formule pour renvoyer ses gens la , vite chez eux.
    ils sont tres segregationniste, cohabitation tres difficile.

    • Le 18 avril 2012 à 04:30, par pointdevue En réponse à : Le Sahel Burkina et la crise malienne : Luc Adolphe Tiao aux côtés des 28 663 réfugiés dont plus de 1200 élèves et étudiants

      Je suis tout à fait d’accord avec toi. J’ai d’ailleurs remarqué que ce sont des peaux blanches qui sont les plus visibles parmi ces réfugiés. N’y a-t-il pas de noirs aussi parmi eux ?
      Le sens de mon propos est le suivant : offrons-leur une très bonne hospitalité à la burkinabè. Aidons-les à mieux manger et se soigner. Mais de grâce, que leurs animaux ne rentrent pas sur le territoire burkinabè car nous avons deja assez de problemes de cohabitation entre agriculteurs et eleveurs locaux.
      1) Je propose que le gouvernement implique nos eleveurs peulhs dans ce volet pour voir comment le gérer sinon bonjour les dégats.
      2) que ces élèves et étudiants refugiés prennent leur mal en patience et accepter l’éventualité d’une année blanche (l’UO en sait quelque chose). Sinon je ne vois pas comment ils pourront s’insérer dans notre système éducatif. A moins de créer des écoles et une université sur les sites d’accueil et voir s’il y a des enseignants réfugiés parmi eux qui dispenseront les cours avec l’appui de l’Etat burkinabè et de la communauté internationale. C’est peut_être une utopie mais...
      Conclusion : il ne faut que en voulant bien faire le gouvernement se crée des problèmes avec ses citoyens. Pour cela il faut qu’il évite de faire des promesses hasardeuses face à leurs inombrables doléances.

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