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Une lettre pour Laye : L’inutile résurrection de la 2e Chambre

Publié le lundi 16 avril 2012 à 02h03min

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Cher Wambi,
On les voyait venir depuis la tenue, du 7 au 10 décembre 2011, des assises nationales sur les réformes politiques.
La Constitution du Burkina Faso sera bel et bien modifiée ; telle est, en effet, l’information portée au Conseil des ministres en sa séance ordinaire du mercredi 04 avril 2012.
Constitution dont les innovations majeures porteront, cher cousin, sur :
- la constitutionnalisation de la chefferie coutumière et traditionnelle, du genre, du Médiateur du Faso et du Conseil supérieur de la Communication ;

- la création d’un Sénat et d’un tribunal des conflits ;
- l’amnistie au profit des anciens chefs d’Etat de 1960 à la date d’adoption des dispositions de la nouvelle Constitution.

Les autochtones des cabarets de la cité sont ainsi bien servis ; pouvaient-ils, en effet, trouver meilleur plat de résistance que la résurrection de la IIe Chambre, à travers le Sénat, dont l’inutilité crevait les yeux, et qui n’avait de but que de caser amis, parents incapables de franchir le seuil de l’auguste Assemblée ou de s’inviter à la table de Manitou ?
Dans les cercles proches du palais de Kosyam, les arguments ne manqueront sans doute pas, certes, cher Wambi, mais à l’heure où Luc Adolphe Tiao ne cesse de prêcher l’assainissement des finances publiques, je peine à comprendre la nécessité d’exhumer une telle coquille, sœur jumelle, si je ne m’abuse, du Conseil économique et social.

Nous n’y sommes pas encore, cher Wambi, mais une autre sentence vient de tomber sur les rives du Kadiogo à moins d’une année des élections couplées de 2012 :
le nombre de députés à l’Assemblée nationale burkinabè passera désormais de 111 à 127 ; c’est la nouvelle qui alimente la chronique depuis le début de la semaine qui s’achève, et qui a commencé à aiguiser bien des appétits, tant la course à l’hémicycle paraît des plus ouvertes maintenant.
En tout cas, j’en connais de l’opposition qui ont commencé à se frotter les mains, assurés déjà qu’en province y aura rien en face, sinon du maïs, pour paraphraser l’illustre Koudou Laurent Gbagbo.
Mais qu’attends-tu pour aller à la pêche aux électeurs maintenant, cher cousin ?
En effet, foi de Patarbtaalé, plus rien ne sera comme avant au Faso, depuis que le grand sachem a osé secoué si bruyamment le cocotier le 04 mars 2012, et pour cause !

Cher Wambi, le dernier congrès du CDP, qui s’est tenu du 02 au 4 mars derniers, est désormais derrière nous, mais dans les salons feutrés tout comme dans les gargotes, on ne finit pas de spéculer, d’examiner tous les contours du nouveau bureau politique qui en est issu, sa composition et surtout les têtes d’affiche du parti au pouvoir qui ont été mises à la touche à l’issue du congrès.
Comme on s’en doute, ce nouveau bureau politique n’est que l’expression de la volonté du chef suprême du parti, en l’occurrence Blaise Compaoré.

Et comme de coutume avant tout congrès, les grosses légumes de ce parti ont été reçues par lui pour recevoir quelques orientations et, mieux, dessiner le squelette du futur directoire du parti. Et à ce que l’on dit, Blaise Compaoré n’a pas été avare en paroles et a dit, droit dans les yeux, ce qu’il pense du CDP. Il semblait ne pas être particulièrement fier de la marche de cette formation politique ; ce qui expliquerait cette mise à l’écart de certains « grands ».
Mais à entendre ceux qui semblent dans le secret des dieux, les relations entre Blaise Compaoré et Roch Marc Christian Kaboré ne seraient plus ce qu’elles étaient.

Certes, des démentis seront faits pour louer « l’entente cordiale » entre les deux premiers personnages de l’Etat, mais il n’en demeure pas moins que la crise couve. Il reste seulement maintenant à en déterminer l’étendue et les conséquences prévisibles sur la bonne marche du pays.
Roch aurait–il pris conscience de son poids politique et du carcan que pourrait constituer plus tard le CDP ?
Peut-être.
Etant l’un des rares hommes politiques du parti majoritaire à avoir une stature d’homme d’Etat, “M. Ba Piiga”, au dire de ses amis, prend toujours la pleine mesure d’une situation avant d’agir. Ce qui n’est pas mauvais en soi.

La page politique tournée, cher cousin, l’événement de ce premier semestre de l’année aura été le limogeage et l’incarcération de l’ancien directeur général des Douanes, Ousmane Guiro, à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), consécutivement à cette affaire de cantines vomissant des espèces sonnantes et trébuchantes, évaluées à quelque 2 milliards ; et dont il serait le propriétaire.
Guiro à la MACO, qui l’eût cru, cher cousin ?
En tout cas, depuis ce 1er janvier, ses avocats faisaient des pieds et des mains pour l’en sortir, ne serait-ce que par le truchement d’une liberté provisoire, en attendant son procès.

Après un premier rejet en février dernier, à l’audience en appel le mercredi 11 avril dernier, Guiro s’est vu une nouvelle fois opposer le refus de la liberté dans l’attente de son jugement.
Oui, cher Wambi, les rares pluies qui se sont invitées au Pays des hommes intègres en ce mois de canicule n’ont pas fait que des heureux.
Ainsi t’avais-je annoncé les malheurs qui auraient frappé les contrées de Tanghin-Dassouri et de Ballolé ; oui je dis bien Ballolé, dont le chef coutumier, Naaba Kâongo, me charge de te confier sa part de vérité.
“Monsieur le Directeur de publication, je viens par cet écrit apporter un rectificatif par rapport à un passage de votre journal qui concerne mon village. En effet, dans l’Observateur Paalga n°8103 du vendredi 6 au lundi 9 avril 2012 dans la rubrique “Une Lettre pour Laye”, il est écrit ceci : “Toutefois, ce qu’il faut regretter, c’est que Dame Nature n’a pas oublié de se faire accompagner de grands désastres qu’on lui reconnaît pendant les périodes d’averses.

En fait, le ciel a ouvert ses vannes dans la commune (parlant de la commune de Tanghin-Dassouri) au point de provoquer trois pertes en vies humaines : d’abord à Dassouri, où un élève a été foudroyé, et à Ballolé à environ 5 kilomètres de là : là-bas, deux autres enfants ont trépassé par noyade dans les eaux de ruissellement”.
En fait, à Ballolé, il n’y a eu aucune perte en vie humaine. Voici les faits : après la pluie du lundi 02 avril 2012, aux environs de 15 heures, ayant entendu des cris d’habitants vers le marché, j’ai tout de suite envoyé quatre jeunes voir de quoi il s’agissait.

Quelques instants après, j’ai passé un coup de fil à l’un d’eux, qui m’a fait savoir qu’un enfant qui était tombé dans un bas-fond à Silmissin venait d’être sorti de l’eau mais respirait à peine. J’ai donc dit de tout faire pour l’amener au centre de santé ; ce qui a été fait par des membres de la famille de l’enfant et il fut admis au centre médical de Tanghin-Dassouri.
Une heure environ après, j’ai envoyé voir l’enfant, au centre de santé. Les émissaires sont revenus avec de bonnes nouvelles : il était hors de danger.

A l’heure où je traçais ces lignes, l’enfant, qui est élève, était bien rentré chez lui et avait repris les cours. Ce que je dois préciser, c’est qu’il semble que celui qui est rentré dans l’eau pour sauver l’enfant a eu des difficultés à l’en sortir et a falli lui-même se noyer. Mais avec l’aide des autres, ils ont réussi à le sortir.
En tant que chef du village de Ballolé, il était de mon devoir d’apporter ces éléments pour éclairer les lecteurs et rétablir la vérité.
Tout en vous souhaitant une bonne réception, je vous prie, Monsieur le Directeur de publication, de bien vouloir publier cet écrit.

Par Naaba Kâongo, chef de Ballolé

A la suite de Tipoko l’Intrigante, dont je t’ouvre ci-après le carnet secret, je dis tant mieux si la faucheuse ne s’est point invitée dans la contrée de Naaba Kâongo, et puissent les averses qui s’annoncent être des plus bénéfiques pour la nation entière.
n C’eût été une première à la Patte-d’oie, mais l’apprenti-sorcier qui s’est invité en plein jour ce mercredi 11 avril à l’agence de la Banque commerciale du Burkina (BCB) n’avait pas, hélas, son dieu avec lui.
Kalachnikov au poing, cet ancien militaire, dans son coup d’essai, se fera prendre comme un vulgaire voleur de poulets.
Cette question demeure sur toutes les lèvres : quelle sécurité pour le Burkina où les armes commencent à circuler à tout les coins de rue ?
Hold-up manqué, mais affaire à suivre quand même, car sait-on jamais !

- Depuis ces derniers temps, la capitale du Sanmatenga ne bruit que de cette affaire, qui vient d’inviter l’ONG OXFAM au cœur de l’actualité :
un agent envoyé à Ouaga encaisser une vingtaine de millions se les fait piquer dans son véhicule un certain après-midi alors qu’il venait de tomber en panne.
Voilà à peu près la pomme de discordre entre OXFAM et son employé et dont la justice s’est immédiatement saisie.
Aux dernières nouvelles, l’audience d’hier jeudi 12 avril au palais de justice de Ouagadougou aurait été reportée pour des besoins d’enquêtes complémentaires.
Affaire à suivre.

- Cela fait six ans que le Kamsongh Naaba Sanem a accédé au trône ancestral ; un anniversaire que le ministre de sa Majesté le Moogh Naaba Baongho entend célébrer comme il se doit à travers sa fête coutumière, le nabasga, le samedi 14 avril 2012 à son palais, à Kamsonghin ; une occasion pour lui de demander à Dieu et aux mânes des ancêtres une bonne saison pluvieuse ainsi que la paix et la cohésion sociale pour son Faso. Comme en pareille situation, inutile de vous le dire, les réjouissances populaires seront au rendez-vous ; avec, en principe, le repas fraternel que l’hôte du jour offrira à ses convives à 13 heures, loin, évidemment, des traditionnels gourdins.

- Sa Majesté Koupiendieli, roi du Gulmu, a investi, le samedi 31 mars 2012, Nassouri Alphonse Kouldiati coutumier de Diapaga (province de la Tapoa). Le nouveau chef coutumier sera intronisé le vendredi 20 avril à Diapaga à partir de 10 h. Cet événement d’importance dans la région de l’Est drainera sans doute du monde.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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