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Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

Publié le vendredi 13 avril 2012 à 03h13min

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Le calendrier électoral se fait de plus en plus précis au Burkina. A commencer par les élections couplées municipales et législatives de 2012. Rarement en tout cas l’opposition n’aura semblé autant en mesure de bouleverser les équilibres. Surtout qu’au sein du pouvoir en place la sérénité n’est plus la chose la mieux partagée.
Dans quelques mois se tiendront au Burkina les élections municipales et législatives couplées tant attendues et maintes fois repoussées. Pour l’opposition, ce pourrait être l’occasion de faire une bonne prestation. Et, pourquoi pas, rafler la mise au camp présidentiel.

Du reste, le moment semble être des plus opportuns pour la mise en place de stratégies idoines, à même de renverser la vapeur. Et il y a de quoi se sentir renforcé et revigoré ! Car, pour nombre d’analystes, le contexte serait tout simplement favorable à un début d’alternance par les urnes. Parmi les éléments qui permettent d’accréditer cette thèse, plusieurs points peuvent être avancés.

Au plan purement interne, force est de reconnaître que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir, est en ce moment dans le creux de la vague. Sérieusement malmenée lors des événements de l’année dernière, la formation présidentielle n’a eu son salut et sans doute un répit que grâce à la prise de mesures politiques et sociales arrachées sous la pression populaire. L’affaire Justin Zongo est passée par là.

Et comme pour convaincre davantage l’opinion quant à sa difficulté à se trouver un nouveau tempo, le parti du Chef de l’Etat vient de tenir un congrès ordinaire mi-figue mi-raisin. Un congrès qui aura laissé un goût d’inachevé, jusque dans les rangs des participants.
Ces derniers ont été surpris, et jusqu’à la dernière minute, selon leurs propres confidences, par les décisions prises pourtant en leur nom. De quoi renforcer le sentiment de frustration et d’incompréhension, aisément perceptible dans les discours.

La rencontre de mars dernier a, pour ainsi dire, provoqué un chamboulement, dont la pertinence reste encore à démontrer dans le contexte actuel. Ecartés de la direction du parti, certains dignitaires, jadis puissants et respectés, sont désormais parqués, confinés, ‘’stockés’’ dans des attributions de conseillers. Et ce alors même qu’ils auraient pu, au regard de leur expérience et de leur stature, nourrir le débat interne et même national, à travers leurs points de vue et leurs idées, pour ne pas dire à travers leurs projets de société.

A cela l’on peut également ajouter que l’entrée en force dans le nouvel exécutif dirigé par Assimi Kouanda, de l’aile politico-associative, incarnée par la tendance FEDAP-BC, n’est pas faite pour plaire à tous les militants. Toute chose qui, aux yeux de l’opinion, confirme bien la recherche d’un “plan B”.

Les querelles de mangeoire et d’abreuvoir à l’intérieur de la majorité présidentielle, soutenues par le divorce médiatique entre l’UPR et le CDP, la volonté évidente d’émancipation de l’ADF-RDA, qui, selon toute vraisemblance, aimerait bien devenir la “première épouse” du boss, la bagarre de “gomboïstes” autour des conclusions du CCRP entre les ouvriers de la 24e et ceux de la 25e heure, tout ceci a créé un climat assez délétère, dont pourrait profiter l’opposition.

A condition, toutefois, qu’elle sache prendre sa chance du bon côté.
Sur un autre ton, l’on pourrait ajouter que la crise alimentaire actuelle qui s’est installée dans le pays, de même que les balbutiements de l’économie nationale, les éternuements répétés des collectivités décentralisées, le fort taux de chômage chez les jeunes, la hausse des prix des hydrocarbures, la vie chère qui n’a toujours pas reculé, l’insécurité galopante dans les villes et dans les campagnes, sont, à dire vrai, autant de situations “favorables” qui pourraient valoir leur pesant d’or au moment de passer au choix des candidats.

Tout ceci, sans oublier, bien évidemment, que l’heure est présentement à un changement de paradigme dans la sous-région et dans le monde, en ce qui concerne la démocratie. Plus que jamais, le vent de l’alternance qui souffle sur le continent africain est d’actualité, et cela en dépit des vaines tentatives de blocage orchestrées par une poignée d’aventuriers, visiblement en manque d’inspiration.

Rassurés par l’exemple sénégalais qui a vu la victoire éclatante de l’opposition sur le camp présidentiel, les opposants burkinabè veulent y croire fermement. Dans cet esprit, l’on peut mieux appréhender la relance de la dynamique d’union qui s’est emparée de plusieurs partis politiques. Ils sont convaincus qu’en se donnant la main, qu’en fédérant leurs énergies, ils ne seront que plus forts. Ce qui est vrai.
Du reste, le CDP lui-même n’est-il pas passé par cette étape fusionnelle pour pouvoir asseoir sa domination politique sur l’échiquier local ? En tout état de cause, il est évident qu’Arba Diallo, Etienne Traoré et les autres sont désormais dans une logique de victoire.
Chacun d’eux bénéficie d’un bon ancrage au plan institutionnel, dont pourrait profiter la nouvelle formation qu’ils viennent de mettre sur pied. Reste, enfin, à bien tenir l’ « OBU » et à viser juste, pour atteindre convenablement la cible !

De leur côté, d’autres acteurs politiques non moins importants continuent de renforcer leurs compétences, quand d’autres peaufinent un quadrillage méthodique du terrain, entamé de longue date. Forum national (des femmes), installations de nouvelles structures de base, occupation de l’espace médiatique, tout y passe.

On le devine aisément, l’objectif final de cet activisme militant qui s’est déployé aux quatre coins du Burkina, c’est de proposer, dès à présent, un nouveau modèle de gouvernance aux citoyens.
Le pouvoir sentirait-il les choses lui échapper ? Une chose est sûre, il a commencé à relancer hâtivement son affaire de seconde Chambre, en dépit des réticences exprimées çà et là...

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 13 avril 2012 à 04:23 En réponse à : Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

    `` Et ce alors même qu’ils auraient pu, au regard de leur expérience et de leur stature, nourrir le débat interne et même national, à travers leurs points de vue et leurs idées, pour ne pas dire à travers leurs projets de société.``
    Vous manquez raisonnablement d’inspiration ; pensez vous c’est seulement en étant à la direction que l’on peut `` nourrir le débat interne et même national, à travers leurs points de vue et leurs idées, pour ne pas dire à travers leurs projets de société.``. Voila vraiment une vraie mauvaise idée. S’il sont aussi bons il devront aller dans les provinces et faire sortir la masse, ce sera aussi aider les autres qui ont fait cela pour eux pendant tout leur règne.
    Les écartés de la direction peuvent toujours faire tout et même profiter de travail de ceux qui sont aux commandes.

    L’unité de l’opposition n’est nécessaire et déterminante dans notre cas que si pour le premier tour il y a suffisamment de candidats sérieux pour amener le candidat du pouvoir au second tour.

    • Le 13 avril 2012 à 20:32, par Hamane En réponse à : Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

      J’ai déjà dit sur ce forum que le problème de l’alternance au Burkina Faso n’est pas la division de l’opposition mais le manque d’opposant capable de mobiliser pour l’alternance. Au mali pour gagner son 1er mandat, ATT était candidat indépendant. en RCI pour gagner contre Gabgo, il y avait une dizaine de candidat. au Sénégal pour gagner wade, Macky Sall n’a pas été l’unique candidat de l’opposition au 1er tour. d’ailleurs dans ces pays où on vote le plus souvent par ethnie ou là ou le sgens préfère le sortant sous prétexte qu’il a déjà volé et qu’il volera moins qu’un nouveau venu, présenter une candidature unique dès le premier tour peut nuire à l’opposition. AU BF par exemple pour gagner contre blaise, l’opposition doit présenter 13 candidats solides soit 1 par région. si dans chaque région Blaise est contré, il ne pourra pas gagner au 1er. Ainsi au second tour, l’opposition s’aligne en bloc derrier son premier candidat contre blaise. les autres devient les 1ers maitre d ela campagne de celui-ci dans leur region pour dire à la population, à defaut moi, voter celui-ci. et le coup est joué. ADO et HKB ont fait cela en RCI, Kondé a fait cela en Guinée, etc. sans cette démarche, si l’opposition doit choisir un seul candidat unique dès le 1ere tour, comment va t-elle le choisir ? chacun pense être populaire même si certains savent que leur propre épouse ne va pas les voter. par ailleurs en voulant avoir un seul candidat dès le départ, le parti au pouvoir fabrique d’autre candidat. Norbert zongo nous a toujours dit qu’il ya parmi les partis sankaristes, des sankaristes "made in ziniaré" fabriqué de toute pièce pour faire croire que les sankaristes sont divisés. donc si l’opposition veut présenter un seul candidat dès el 1er tour, elle se divisera en choisissant ce candidat. c’est donc mieux d’avoir un candidat par region et un qui pese réellement dans sa region. Arba Diallo pourraprendre par exemple la region de dori, trouver les candidat des autres region. d’ailleurs si vous expériementé cela lors de prochaines elections couplés, vous pouvez controler l’assemblée.

    • Le 13 avril 2012 à 22:30, par SOMDA-IMAN En réponse à : Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

      Pertinente réaction : nous manquons profondément d’idées nouvelles, celles que nous ne cessons de remuer sont stériles, voires impropres ; ce pourquoi, l’alternance aujourd’hui attendue, est générationnelle. Les sons d’hier d’ailleurs, sont d’hier, dans le passé ; ceux d’aujourd’hui, sont en avant, innovant et mieux que ces grognes sans resonnance...En tous les cas, tout tourne, et nous connaîtrons en tous les temps, et le jour et la nuit...Nous gardons tout de même l’espérance, la paix intérieure, celles-ci se transmettant si fort courageusement de génération en génération,ne sommes-nous pas perpétuels, en bien comme en autre...

    • Le 14 avril 2012 à 11:08, par El Padre, Le Sage. En réponse à : Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

      Je rends un vibrant hommage à Monsieur A. TRAORE pour la pertinence de son article et lui adresse mes sincères félicitations pour sa clairvoyance politique.
      Je rappelle au premier intervenant que la multiplicité des candidatures au premier tour peut aussi avoir un revers de la médaille en permettant au candidat du CDP de passer haut la main dès ce premier tour, laissant ainsi, le bec dans l’eau tous les opposants dans leur quête du pouvoir.
      Or, si, dès le premier tour, tous les partis de l’opposition, depuis les "sankaristes" jusqu’aux "centristes" en passant par les "libéraux" sont unis à travers la candidature de Zéphirin DIABRE, contre le candidat du CDP ou autre candidat de la mouvance présidentielle en place, le candidat de l’opposition peut gagner soit au premier tour soit au second tour et ce, afin d’assurer une alternance démocratique dans notre pays à l’instar du Sénégal qui nous adonné une belle leçon de démocratie et d’alternance.
      Il n’est pas admissible, comme le pensent aujourd’hui de nombreux officiers supérieurs et autres intellectuels civils burkinabè que ce soit les mêmes qui gèrent le pays sans partage depuis plus de deux décennies comme si les autres burkinabé étaient incapables de participer à la gestion de la chose publique. Enfin, comme le CDP ne veut point l’ouverture en s’enfermant dans un carcan de sectarisme tant à l’intérieur du parti qu’à l’extérieur, il faut l’aider à partir dans l’opposition afin qu’il comprenne un peu la galère d’une opposition. Revenu au pouvoir, après un quinquenat, il pourra ménager un peu sa future opposition. C’est aussi simple que ça.
      Mais vous verrez, les désertions à coup de milliards dans les rangs de l’opposition ne tarderont pas à surgir ; suivez mon regard !

  • Le 13 avril 2012 à 18:54, par shafreq En réponse à : Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

    La biométrie permettra de limiter les fraudes du fait qu’une personne ne pourra pas voter plusieurs fois. Mais qu’en est-il du bourrage des urnes ? Dans certains bureaux de vote on constate qu’il n’y a même pas tous les représentants, ou même s’ils sont là, à midi leur repas n’est pas assuré et ils voient les collègues déchirer des cuisses de poulet avec des jus bien frais. L’opposition aussi doit avoir les moyens pour y faire face, elle même sait que dans un pays pauvre comme le notre ce n’est pas la vérité qui va attirer les gens, à moins qu’on supprimes les gadgets lors des campagnes...

  • Le 14 avril 2012 à 11:54, par Le Sage. En réponse à : Elections : L’opposition en mode cocotte-minute

    Personne ne pourra plus dire qu’il n’est pas averti. Donc le jeu est maintenant égal entre le CDP, démantelé et les partis de l’opposition qui doivent s’unir ou disparaître. Il n’y a pas d’autre alternative pour l’alternance nécessaire au Burkina Faso.

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