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TCHAD-NIGER : Un nouveau front contre le terrorisme

Publié le jeudi 12 avril 2012 à 01h50min

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Les démons du terrorisme, de l’intégrisme et de l’insécurité sont lâchés dans le sahel africain. Ils ont élu pour le moment, domicile au Mali, mais comme l’appétit vient en mangeant, rien ne prouve qu’ils n’étendront pas leurs tentacules à tous les pays de la bande sahélo-saharienne. Si Boko Haram a pu prendre naissance au Nigeria et essaimer jusqu’au Mali, c’est que le péril est réel. C’est sans doute pour se prémunir contre toute mauvaise surprise que le Tchad et le Niger ont entrepris de se concerter sur la question de l’insécurité dans la région. Ce n’est pas trop tôt car le Tchad semblait en retrait des différents conclaves tenus jusque-là autour de cette problématique. Peut-être se considérait-il immunisé contre tous ces mouvements intégristes qui écument la bande sahélo-saharienne ?

En tout cas, il lui faut aujourd’hui reconsidérer cette position d’attentisme. A ses frontières, son géant voisin, le Nigeria, a maille à partir avec la terrible secte Boko Haram. Et depuis que celle-ci a fait jonction avec AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique) et d’autres organisations intégristes au Mali, le Tchad a compris qu’il n’est pas tant à l’abri de la menace. Ce d’autant que certains de ses ressortissants, à tort ou à raison, ont été expulsés du Nigéria pour collusion avec Boko Haram. Toutes les conditions semblent donc réunies pour que le Tchad se retrouve dans le club peu enviable des pays affectés ou à risque.

Et c’est tant mieux si le président Idriss Déby, qui s’y connaît en matière de guerre, s’attelle aujourd’hui à contrer cette nouvelle menace à ses frontières. Pendant de longues années en effet, le maître de N’Djaména a concentré ses efforts sur un autre front, pour faire face aux multiples rébellions qui lui ont mené la vie dure. Cette page sombre, on peut le dire, est quasiment tournée, depuis que Idriss Déby et Omar El-Béchir du Soudan, dont le pays servait de base arrière aux rebelles tchadiens, filent le parfait amour. Reste la question du terrorisme, à sa frontière avec le Nigeria et accessoirement avec le Niger. Ce dernier pays s’avère être un allié sûr.

Le pays de Mahamadou Issoufou a, en effet, toujours fait montre de détermination dans sa la lutte contre AQMI. Certes, avec des résultats encore mitigés, puisqu’il n’a pu éviter des enlèvements spectaculaires sur son sol. Mais les preneurs d’otages n’ont jamais réussi à s’implanter en territoire nigérien. Ils viennent du nord Mali, qu’ils considèrent comme leur sanctuaire. Cependant, le Tchad et le Niger ne peuvent, à eux seuls, forger un rideau de fer contre AQMI et toutes ses succursales. En ce qui concerne Boko Haram, ils devraient commencer par travailler main dans la main avec le Nigeria. De façon plus générale, ils doivent inscrire leur politique dans une dynamique globale, qui va d’Alger à Abuja. C’est en cela qu’apparaît la principale faiblesse des actions de lutte contre le terrorisme au sahel : le manque d’unité et de coordination dans la riposte.

La cacophonie semble toujours de mise. Contre un phénomène transfrontalier, un front unique et solide réunissant tous les pays concernés est indispensable. Cela permettra aux différents Etats de la région de passer enfin de la « réunionite » aux actions concrètes sur le terrain. En tout cas, le temps leur est plus que jamais compté.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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