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Profanation de tombe : Laissons les morts tranquilles !

Publié le mercredi 11 avril 2012 à 02h40min

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La brigade de gendarmerie de l’arrondissement de Boulmiougou (commune de Ouagadougou) a mis aux arrêts, le mercredi 28 mars 2012, un délinquant transportant un sac contenant des épitaphes. Après son arrestation, l’individu aurait confié avoir arraché lesdites épitaphes au cimetière Saint-Domingue du secteur n°18 de Ouagadougou. Il a même rapporté qu’il n’était pas à son premier forfait, une « vieille » habitude donc. Aussi a-t-il avoué revendre les épitaphes volées à des ferrailleurs domiciliés dans la capitale. Spécialiste de la profanation de tombes, sommes-nous tenté de dire, le fautif a été appréhendé, et il n’y a pas de doute que ses complices le seront également, si ce n’est déjà fait. Tous seront jugés et punis par la loi dans toute sa rigueur.

Ainsi soit-il. Ce fait rappelle d’autres cas de profanation de tombes dont, entre autres, celles du défunt président Thomas Sankara, et de feu l’écrivain Nazi Boni, respectivement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. La profanation des sépultures a visiblement pris une place importante dans les habitudes des délinquants qui s’y adonnent. Ils semblent avoir fini d’inquiéter les vivants, pour s’attaquer maintenant aux morts dans leur repos éternel. Quel monde ! L’on savait que les voleurs faisaient main basse sur les briques des clôtures de cimetières, sur les nattes recouvrant parfois les sépultures, les fenêtres de caveaux, mais les épitaphes, pas encore. C’est la totale ! Mais que voulez-vous, le ridicule ne tue pas !

Les délinquants, tenaces, sont prêts à tout pour se faire de l’argent. Pour paraphraser le philosophe Thomas Hobbes, disons que l’homme est devenu un « gros » danger pour son prochain l’homme est devenu un véritable loup pour l’homme. Au nom de quelle raison, fut-elle pécuniaire, doit-on profaner une tombe ? Aucune. Dans la tradition africaine (et occidentale), une tombe est sacrée qu’on n’imagine même pas que quelqu’un ait le courage de la profaner. Beaucoup de choses mystiques, souvent vérifiables, ont été dites sur les sépultures, de sorte qu’elles inspirent peur, angoisse et respect. Les délinquants d’aujourd’hui n’en ont cure, pourvu qu’ils se tapent des épitaphes et autres objets funestes, pour les « dealer » et se remplir les poches. Peut-on jouir impunément de cette pratique et vivre tranquille, dans un contexte où les us et coutumes sont d’une importance certaine ? Un sage, très attaché au caractère sacré des tombes, dit en douter sérieusement. « On ne joue pas avec une tombe ! On peut même perdre la vie en outrepassant cela », a-t-il opiné. Hélas !

De nos jours, la plupart des jeunes, délinquants ou pas, méconnaissent la tradition, et ne prennent pas non plus le temps de s’y intéresser. Sinon, comment comprendre qu’on profane une tombe ! Les morts ne sont pas morts, dit-on, et certains faits étranges le confirment. Sans être superstitieux, nous pensons, en africain, qu’il est dangereux de s’en prendre à une tombe, à plus forte raison de commercer des objets y afférents. A ce sujet, une confidence, celle d’un croque-mort, peut être évoquée, tellement elle fait froid dans le dos. Celui-ci avait confié lors d’une interview : « Quand je manipule certains cadavres, je ne me sens pas bien (…) ». Aussi étrange que cela puisse paraître, un cadavre est bel et bien chargé de mystères. Une tombe aussi. Il est donc aberrant de voir des délinquants profaner les « dernières demeures » de nos disparus. C’est en cela que l’éventuelle condamnation par la justice du « dealer » d’épitaphes de Boulmiougou est à saluer par anticipation. Cette décision ne découragerait peut-être pas d’autres individus mal intentionnés, mais ces derniers devront avoir à l’esprit qu’une tombe est sacrée. Laissons les morts se reposer dans la tranquillité, car nous y passerons aussi.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 avril 2012 à 17:14, par Ibrahim En réponse à : Profanation de tombe : Laissons les morts tranquilles !

    Bonjour chers internautes,
    Je voudrais juste avoir la bonne de définition du mot PROFANER. Depuis des semaines, toutes la presse nationale parle de profanation de tombes pour des noix de cola et des pièces d’argent déposées sur une tombe ; ou des épitaphes arrachées.
    loin de moi, l’idée de jouer au polemiste. Je veux simplement comprendre le sens réel et vrai du mot PROFANER
    Merci

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