Elie Joumanien Hien a entendu la voix lointaine des morts alors qu’il était en séjour en France comme employé de maison. C’était l’appel de son grand-père. Depuis ce jour, sa vie a pris un cours nouveau.

En 1957, Hien Elie avait 16 ans quand il débarqua à Wando en Côte d’Ivoire pour y travailler dans les plantations d’hévéas. Une expérience peu concluante puisqu’il se retrouve très vite au marché d’Adjamé où il lavait les assiettes pour les vendeuses de bouillie.

Après avoir essayé plusieurs petits boulots, il est engagé comme boy cuisinier chez un couple de français. Il décide alors de s’inscrire à la chambre de commerce pour parfaire ses connaissances dans le domaine culinaire. Il en sort chef cuisinier en 1972 et gagne 18 000F par mois. A force de créativité, M. Hien est reconnu comme le meilleur cuisinier de Côte d’Ivoire. A une rencontre de chefs d’Etats africains où les meilleurs cordons bleus avaient été mis à leurs petits soins, il est invité à la salle de réception où il reçoit les félicitations officielles des têtes couronnées pour la qualité de ses mets.

Cette expérience lui ouvrira les portes de la France où il débarque dans une ville de Lorraine avec son patron de l’époque, un certain M. Tanki. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’un jour M. Hien tombe malade. Le diagnostic révèle un cancer des poumons. Une intervention chirurgicale est programmée, mais Hien Elie refuse de se faire opérer. Il demande seulement à retourner dans son village. Làbas, il entreprend de se soigner par les plantes. Remis d’aplomb, il retourne en Côte d’Ivoire en 1975 où il est engagé par Alassane Dramane Ouattara comme cuisinier. Il le suit en France et reste avec lui pendant deux ans.

L’appel du grand-père

Après le séjour chez les Ouattara, Hien Elie se retrouve chez le docteur Tisseuil comme réceptionniste. Est-ce un hasard ou un fait du destin ? Le réceptionniste ne se contentera pas de prendre les coups de fil. Son intérêt pour les questions de santé est grand et M. Hien s’informe sur les différentes thérapeutiques avec un intérêt particulier pour les expériences en matière de sciences occultes.

Quand il quitte le docteur Tisseuil, (il s’est arrangé pour se faire renvoyer), son chemin semble être tout tracé. Le grand-père qui avait détecté chez le petit-fils des dons exceptionnels dans la science ésotérique des guérisseurs l’avait prévenu : " Ne te lance pas dans ça avant d’avoir 40 ans. " Quand il entendit la voix de l’ancêtre, il comprit que le moment était venu. En France, c’est tout naturellement dans le milieu burkinabè qu’il fait ses premières armes.

A Fessart, on l’appela au chevet d’un étudiant malade. Son succès fit grand bruit et un journaliste africaniste le contacte au profit d’une dame malade. Les plantes qu’il fait venir du pays font des merveilles. Très heureuse, cette dernière inonde la presse d’articles sur Hien Elie. C’est ainsi qu’il entre dans le monde fermé des schamans européens, tout heureux de profiter de ses connaissances.

A la rencontre de Los Angelès, Hien Elie est un invité de marque. Les journaux comme Los Angelès Times le font découvrir par l’Amérique. C’est le succès. Il sillonne les 52 Etats américains trois mois durant pour y donner des conférences. Les Allemands le découvrent et l’invitent à Francfort. Il est littéralement adopté et adulé. Plusieurs livres en allemand lui sont consacrés.

Quelques uns de ces faits d’armes

L’un des plus grands exploits de Hien Elie a consisté à sauver un célèbre artiste allemand resté dans le coma pendant 9 mois. C’était en 1995. Devant les blouses blanches et autres sommités allemandes, cette performance de l’enfant lobi relève tout simplement du miracle.

La société "Electricité de France (EDF)" a eu recours à lui au moment où à Lyon, elle était confrontée à une grave crise qui recommandait une restructuration. Le plan de sauvetage proposé par Hien Elie a consisté à réaffecter les agents dans des équipes de travail sur la base de leur date de naissance. Les problèmes de productivité, explique t-il-ont souvent comme sources, des incompatibilités d’ordre psycho-affectif. Avec des équipes bien soudées et enthousiastes, on peut faire des miracles. Ce procédé aurait permis de surmonter la crise par une relance de l’activité productive à EDF.

"J’ai soigné 79 couples stériles en Allemagne. Ces couples ont tous aujourd’hui des enfants. En France, j’ai aidé 14 couples à procréer ." Hien Elie, qui figure dans le livre des records en Allemagne, vit en banlieue parisienne. Nul n’est prophète, chez soi dit-on et Hien Elie semble en avoir fait un credo. Comme le Français Louis de Broglie, il est venu trop tôt dans un monde trop jeune pour l’accueillir.

Hien Elie explique ainsi sa splendide absence du Burkina : "Si j’étais ici, on m’aurait tué depuis longtemps ", déclare-t-il à notre confrère Sidwaya. Dommage que les grandes connaissances de ce fils du terroir lobi ne profitent qu’à ceux qui sont nantis. Hien Elie semble avoir pris conscience de ce paradoxe et promet de faire quelque chose très bientôt pour son pays.

Par Germain B. Nama et Bamas Stanislas
L’Evénement