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Hausse du coût du carburant : « Les taxis à gaz risquent de ressurgir en masse »

Publié le mardi 10 avril 2012 à 01h58min

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Depuis la semaine dernière, les Burkinabè vivent une augmentation du prix de l’essence à la pompe. La surprise et l’étonnement passés, les citoyens du « pays des Hommes intègres » s’inquiètent des possibles répercussions de cette hausse sur le prix des denrées alimentaires et des différents actes de transport. Concernés dans ce schéma, les taximen et autres transporteurs routiers ne se sont pas encore prononcés officiellement sur le sujet. Quelle sera leur attitude face à cette situation de hausse de coût du carburant ? Eléments de réponse avec Oumarou Kiema, le président de la Fédération nationale des taximen et des travailleurs du secteur des transports du Burkina Faso (FNTT/STB), qui, au cours de l’entretien, évoque également les questions épineuses des taxis qui fonctionnent au gaz butane, et du nombre sans cesse croissant des accidents de la circulation.

Fasozine.com : Quelle est a été votre réaction suite à l’augmentation du prix du carburant à la pompe ?

Oumarou Kiema : Nous avons eu vent de cette augmentation au cours du discours sur la situation de la nation du premier ministre (Jeudi 29 mars 2012, ndlr). Franchement, nous n’avons pas pensé que le gouvernement allait joindre l’acte à la parole avec cette célérité. Unanimement, les membres de la fédération ont exprimé leur mécontentement face à cette hausse des prix du carburant. Mais étant une fédération, je ne peux pas pour le moment vous dire quelle sera notre réaction officielle. Pour ce faire, j’ai demandé aux différents démembrements de se concerter d’abord. A la suite de ces concertations, nous allons convoquer probablement une assemblée générale afin d’harmoniser nos points de vue.

Le prix des actes de transport connaîtront-ils, eux aussi, une augmentation ?

Je ne saurais vous dire d’emblée, quelles seront les conclusions qui sortiront de ces rencontres. Ce que je peux vous dire, c’est que la plupart des membres sont favorables à une augmentation des coûts de transport. Certains se plaignent déjà qu’ils n’arrivent pas à avoir de bénéfices. Si le gouvernement ne fait rien d’ici là, je peux vous dire qu’il risque d’avoir une augmentation au niveau des taximen. Malgré cela, j’ai demandé à mes collègues de se calmer et d’attendre l’issue des rencontres. Nous sommes également en train d’entreprendre une démarche afin de rencontrer les autorités en charge de cette question pour qu’elles nous expliquent les tenants, les aboutissants, et le bien fondé de cette mesure. C’est à la fin de tout cela que nous pourrons aviser.

Sur une radio de la place, vous avez affirmé que cette hausse va corser la lutte entreprise par les autorités contre les « taxis à gaz ». Pourquoi ?

Lorsque le gouvernement a pris l’initiative de sensibiliser les taximen et autres transporteurs routiers afin qu’ils abandonnent les véhicules fonctionnant à partir du gaz, le bureau de notre fédération s’est engagé auprès des autorités. Actuellement, grâce aux efforts conjugués, nous dénombrons environ 20 % des « taximen à gaz » qui ont laissé tomber ce combustible au profit de l’essence. Et je vous assure que tout allait pour le mieux et qu’on était sur la bonne voie. Maintenant, avec l’accroissement du prix des hydrocarbures, il sera difficile de convaincre quelqu’un à abandonner le moins cher pour le plus cher. A ce sujet je pense que le gouvernement se contredit. Sinon comment encourager des gens à arrêter le gaz pour migrer à l’essence et procéder, sans ménagement, à l’augmentation du prix du produit que vous conseillez ?

C’est vraiment insensé. Avec cela, que nos gouvernants ne s’étonnent pas que les gens reprennent leur taxi à gaz. Et je puis vous dire, que cette fois-ci, le syndicat va défendre ardemment ses membres. Parce que s’ils ne le font pas, ils ne trouveront pas leur pitance quotidienne. J’en connais beaucoup qui ont pour projet de revenir à leurs vieille besogne. Si la hausse continue, le syndicat risque même d’appeler ses membres à s’engager massivement avec le gaz. Du reste, il faut que l’Etat accompagne ceux qui utilisent ces types de moteurs. Dans les pays limitrophes du Burkina Faso, le phénomène existe, mais il n’est pas réprimé. J’en appelle à la sagesse du gouvernement, qui avance comme raison de son combat contre les taxis à gaz, des risques d’explosion. Moi personnellement, depuis mes 15 années à la tête de cette fédération, je n’ai jamais appris qu’un taxi à gaz a explosé.

Depuis quelques années, le bilan en matière d’accident de cars de transport a sensiblement augmenté. Quelle est la solution entreprise à votre niveau pour faire chuter la courbe ?

La plupart des accidents est due aux surcharges. A ce titre, la première solution se trouve auprès des policiers et des agents de l’Onaser (Office national de sécurité routière, ndlr). Je trouve qu’ils doivent arrêter systématiquement toute voiture en état de surcharge. S’ils le faisaient, vous verrez que le taux d’accident va diminuer. Je trouve aussi que le fait d’interdire les transports mixtes n’est pas totalement la solution. Imaginez un fonctionnaire qui se trouve dans un village reculé, où il n’existe pas de véritables moyens de transport pour rejoindre les villes moyennes. Pensez vous que ce dernier va refuser de monter dans l’unique car transportant à la fois marchandises et hommes ?

Certainement pas. Par conséquent, il faut que les autorités en charge du transport essayent plutôt de réglementer le phénomène. Par ailleurs, lors de nos différentes rencontres, nous nous sensibilisons mutuellement afin d’éviter au maximum les accidents. C’est ainsi que nous avons demandé aux transporteurs de donner, ne serait ce qu’une demie journée de repos aux chauffeurs. Ensuite, nous avons demandé à ces derniers qu’en cas de fatigue, ils refusent de conduire. La même consigne a été donnée en cas de panne de voiture, constatée avant le départ. Avec tous cela, nous pensons lutter significativement contre les accidents. En somme, je pense que ce problème ne pourra se résoudre qu’avec la participation de tous les acteurs du secteur.

DIMITRI KABORÉ (COLLABORATEUR)

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 10 avril 2012 à 11:36, par YA En réponse à : Hausse du coût du carburant : « Les taxis à gaz risquent de ressurgir en masse »

    Mon cher Oumarou Kiema, arretez pour vous ; c’est parce que l’état fuit maintenant devant les brigands ou pli l’échine face aux délinquants et sanctionne les honnetes citoyens sinon ce n’est pas parce qu’on a augmenté le prix du carburant que vous allez rouler au gaz ; dans un état qui a de l’autorité on ne vous laisserait pas faire. De toute façon celui qui ne peut pas exercer légalement une activité doit se "chercher" c’est tout, au lieu de faire dans le chantage

    • Le 10 avril 2012 à 15:54, par John Johnson En réponse à : Hausse du coût du carburant : « Les taxis à gaz risquent de ressurgir en masse »

      Le gouvernement doit laisser les gens utiliser le gaz dans les véhicules. Ce sont les membres du gouvernement et leurs proches qui ont bien investi dans les hydro-carbures qui ne veulent pas que les gens utilisent le gaz. Un peuple doit avoir plusieurs cordent dans son arc, au moins donner le choix aux gens d’utilliser les deux, si un jour on ne peut plus avoir l’un qu’on ait l’autre au moins. Le gaz est utilisé dans bcp de pays memes aux USA cette pratique est entrain de prendre de l’ampleur. Au Ghana c’est bien structure et pas de probleme. Ca peut bien se faire, S’il ya la volonté. Il ne faut pas trop coincé son peuple.

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