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Crise malienne : Attention au syndrome somalien !

Publié le mardi 10 avril 2012 à 01h56min

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La situation au Mali se dégrade de jour en jour, les espoirs de retour d’une paix rapide s’éloignent et de plus en plus la situation échappe à tous. Mais ce qu’il faut déplorer et surtout ce à quoi il faut faire attention, c’est prendre garde et faire la sentinelle pour que le Mali ne devienne comme la Somalie. Cette comparaison est triste et nous souhaitons avoir tort.

Depuis que le Nord du Mali a totalement échappé à l’armée régulière malienne, la situation est devenue plus grave. Grave parce que les mutins devenus putschistes cherchent plutôt à s’accrocher au fauteuil d’un pays qui vient de perdre son gros morceau territorial.
Nous sommes maintenant dans une situation où l’illégitimité des putschistes n’autorise pas un cadre de dialogue et de médiation adéquat. Tout le monde se trouve devant les faits car personne ne s’attendait à ce que ce grand Mali tombe si facilement en peu de temps et le régime d’ATT qui faisait la fierté de tous, soit détruit en une petite soirée à l’issue d’une simple mutinerie.

Ce qui inquiète non seulement les Maliens mais l’ensemble de toute sa région, c’est la peur de demain, juste à côté, demain. Chaque jour qui se lève est un danger permanent. Une brève rétrospection des rebellions en Afrique nous inquiète encore plus. Ayons le courage de revisiter les faits qui ont transformé la Somalie en un pays désaxé et décomposé où il est difficile d’avoir un gouvernement légal. La Somalie est depuis 1990, un assemblage de morceaux de territoire où règnent des seigneurs de guerres sans loi ni foi. Elle est devenue le refuge des plus pirates de la sous-région. Elle est le centre de tous les islamistes de toutes formes de la sous-région.

Elle est une zone de drogues, de criminalité organisée. Quand le régime de Syad Barré a chuté en 1990, et que les groupes armés sont apparus en Somalie, tout le monde avait cru à un retour de la paix en quelques semaines, 20 ans après, la Somalie reste en lambeaux. Plus près de nous quand les rebelles sont apparus au Libéria, on avait cru qu’en quelques semaines, la paix reviendra. On a mis près de 10 ans avant que l’équilibre ne revienne dans le pays de Tolbert. En 2002 quand la Côte-d’Ivoire fut divisée par une guerre entre rebelles et loyalistes, on a espéré que quelques petites semaines suffiraient pour redonner au pays d’Houphouët, son éclat d’antan. Mais il a fallu des dizaines de rencontres et 9 longues années et au prix de multiples efforts pour que la Cote d’Ivoire revienne au concert des nations.

Depuis le 22 mars, le Mali est rentré dans la plus grande instabilité de son histoire. Avec les prises des villes du Nord et l’arrivée de toutes sortes de groupes islamistes, nous sommes face à une République totalement défigurée où l’autorité de l’Etat s’est effondrée. Si la situation ne se règle pas rapidement, toute la région sera gangrenée par des groupuscules religieux, islamistes. Et même les rebelles se verront eux-mêmes obligés de lutter contre des gens dont les origines et les intérêts sont loin du Mali. Si on ne prend garde, le Mali sera la plaque tournante de tous les islamistes radicaux. Ils profiteront du désordre et de l’insécurité pour attaquer les sites miniers pour entretenir leurs armées.

Les Nations unies, l’Union africaine, la CEDEAO doivent travailler à ne plus faire le vilain travail des décomptés des dégâts humains et matériels. Souhaitons que le Mali ne devienne pas la Somalie de l’Afrique Occidentale. Si c’est le cas, même les Occidentaux qui croisent toujours les bras ne seront pas à l’abri des conséquences.

Augustin KABORE

L’Express du Faso

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