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NORD MALI : Avec qui négocier ?

Publié le vendredi 6 avril 2012 à 01h53min

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Une certaine confusion règne dans le Nord Mali où après la victoire, la lutte pour le pouvoir semble se précipiter entre différentes factions aux intérêts fort divergents. C’est à se demander qui finalement jouera le rôle de porte-parole quand viendra l’heure des négociations. Certes, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui avaient lancé les hostilités au nord du Mali à la mi-janvier, ont annoncé la fin des opérations militaires et donc la fin de leur progression vers le Sud. Qu’en sera-t-il face à une armée type CEDEAO, bénéficiant de l’aval de la communauté internationale ?

Après sa victoire éclair, l’organisation va vite se trouver confrontée aux réalités de la vie politique, administrative et financière. Mais les peuples touaregs accepteront-ils longtemps de subir le diktat de leurs « nouvelles autorités », et dans un contexte aussi difficile ? Le sort vécu par leurs frères de Gao et d’autres contrées donne en effet à réfléchir. La grande ville du Nord est devenue l’épicentre de la lutte de pouvoirs entre les différents groupes rebelles après leur entrée le 31 mars. Dans la confusion, de nombreux pillages ont eu lieu et ont semé la panique chez les habitants. Le MNLA tente de ramener le calme et de rassurer les habitants. Des réunions sont organisées dans cette optique avec les chefs traditionnels et les chefs religieux.

Mais nombreux sont ceux qui désertent les lieux. Comment vivre dorénavant dans ce futur bantoustan touareg enclavé ? Comment bâtir cette nouvelle entité dans un monde qui s’ouvre, une Afrique qui se démocratise, cherche à abattre les frontières et entend anéantir le repli sur soi ? Comment coopérer à partir de présupposés rétrogrades, avec quels voisins et sous quelles formes d’entente ? Quels débouchés et quelles politiques de bon voisinage dans une sous-région qui a fortement avancé au plan de l’intégration dans plusieurs domaines ? Il est de plus en plus clair qu’aux côtés des forces indépendantistes du MNLA, se tiennent de nombreux groupuscules qui se regardent pour l’instant en chiens de faïence.

Pour tromper l’opinion, on observe une paix des braves. Mais jusqu’à quand ? Il y a dans le camp de ceux qui se réclament de l’Islam, des éléments qui disent vouloir se limiter à la pratique de la charia au Mali, particulièrement en zone occupée. D’autres s’affichent comme des tendances islamistes cherchant à essaimer tout le long de la vaste bande sahélo-saharienne. Cet Islam fondamentaliste s’apparente à celle qu’encourage AQMI, dont les ambitions expansionnistes sont bien connues. Enfin, figurent dans ce paysage politique nouveau, des groupes disparates contrôlés par les narco- trafiquants qui semblent avoir bien pris racine dans le no man’s land sahélien.

En tout cas, l’attelage hétéroclite qui se démène au Nord Mali ne présage rien de bon. Il donne l’impression de s’agiter dans un véritable capharnaüm. Une vraie crise identitaire semble couver sur fond de revendications socio- politiques mal gérées. Sur quel front donc les troupes de la CEDEAO vont-elles devoir intervenir ? Une mésentente entre les groupes rebelles paraît inévitable après la victoire surprise sur la cible commune : le Mali. Le désordre social arrange AQMI mais, le MNLA ne peut pas se dire surpris par l’expansionnisme de ses alliés. Son discours devenu subitement lénifiant, après de spectaculaires conquêtes, ne trompe personne. Visiblement, il y aura des difficultés à avoir un interlocuteur crédible à l’heure des pourparlers.

On est en face d’une vraie bande d’aventuriers qui croient venue l’heure de réaliser un rêve … ancestral. La CEDEAO, elle, joue le temps. Elle sait que le contexte est peu favorable à une épreuve de force. Il faut d’abord prendre le temps de remettre de l’ordre à Bamako, puis de réorganiser l’armée de ce pays qui n’en est vraiment pas une. Tout en jouant habilement les négociateurs. Le MNLA, lui, voudrait hâter la création de l’Etat démocratique de l’Azawad et mettre en place les institutions. La proclamation aurait pour objectif de montrer à la communauté internationale que c’est désormais le MNLA qui maîtrise le terrain. Mais les rebelles touaregs doivent se rendre à l’évidence : l’indépendance territoriale, encore moins politique, est bien une illusion.

Il est hors de doute qu’autant les pays membres de la CEDEAO que l’ensemble de l’Union africaine (UA) admettront si facilement le fait Azawad. Surtout pas après la réunion des chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), jeudi dernier à Abidjan (Côte d’Ivoire). A cette réunion d’urgence, avaient pris part des officiers américains et français. Autrement dit : la communauté internationale a bien choisi son camp. Le MNLA osera-t-il se frotter à une coalition internationale bénéficiant de l’appui des Nations unies ? L’avenir nous le dira.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 6 avril 2012 à 04:53, par tiramakan En réponse à : NORD MALI : Avec qui négocier ?

    Très belle analyse. Bravo au journaliste

  • Le 6 avril 2012 à 08:21, par L’integrité territoriale En réponse à : NORD MALI : Avec qui négocier ?

    Le MNLA vient de declarer l’independance de la région fictive du Nord du Mali qui comprend GAO, Tombouctou, Kidal. Depuis quand ces gens peuvent se prevaloir un droit sur un bout de territoire de AFRIKI, le pays des Hommes á la peaux noir en Arabo-Berbère. Et pire Alian Juppé, le ministre Francais des relations extérieures ne veut pas un solution militaire, ca veut dire beaucoup. Que peut faire la CEDEAO pour preserver l’integrité du territoire du Mali ? etait-ce un deal entre impérialistes qui ont renversé Kadaffi ? surement le prtrol, l’iranium, le phosphate sont les raison de des soutient dont ils bénéficient en Europe. Il faut le dire les Touaregs sont considérés par les Européens comme un peuple mystique, tolérant. Oui je veux savoir ce que les mouvement des droits de l’homme,la cour intertanionales des droits de l’hommes face á ce génocide contre les noirs Sonrai et autres peuples noirs qui sont toujours considérés comme des esclaves ? Je defis ces comediens de la CEDEAO de pouvoir RESTAURER l’integrité territoriale du Mali ? Est-ce qu’il faut considerer que l’ONU, l’UE et les grandes puissances ont accepté que certaines ethnies en Afrique reclament une partie du territoire et frontières herités de la colonisation pour en faire leur territoire ? A quel pays le prochain tour ? dans chauqe pays il y a un mouvement d’autonomie qui peut être inspiré par ce côté lâche et complice de la communauté internationale face aux Touaregs. A bon entendeur , Salut !

  • Le 6 avril 2012 à 08:29, par bouba En réponse à : NORD MALI : Avec qui négocier ?

    Pas de négociation avec une rébellion, il faut mater c’est la seule solution, quand dis tu sarkosy ?

  • Le 6 avril 2012 à 09:38, par Aliende En réponse à : NORD MALI : Avec qui négocier ?

    Il y a tellement d’inconnus dans cette affaire que faire une quelconque analyse relèverait de l’aventure !
    Comment comprendre que les représentants touaregs se pavanent sur les chaines de télé française sans aucune réaction ferme ?
    Quand on sait que c’est l’armée française qui les a débusqué de la Lybie avec armes (et pas des moindres) et bagages.
    La seule vraie question est "à quel jeu ces français se livrent-il encore ???????

  • Le 6 avril 2012 à 14:51, par Pierros En réponse à : NORD MALI : Avec qui négocier ?

    Le coup d’Etat au mali n’a pas été un fait du hasard. Le passage d’Alain Jupé en Afrique avant le coût y aît pour quelque chose. Qu’on ne se voile pas la face. ATT est un patriote, un vrai malien qui a refusé de bâilonner son peuple au profit des colons d’hier. En tout cas, il refuse d’être un néo-colon. Cependant il n’arrive pas à assurer la sécurité des français sur sol. Depuis Moussa Traoré, la france a perdu le contrôle du mali, en témoignent les attentats contre les intérêts français et les enlèvements de français au Mali.
    La France s’en fout éperdument qu’il y aît la démocratie en Afrique ou pas. Elle l’a si bien dit "la démocratie est un luxe pour l’Afrique" et elle, "elle n’a que des intérêts à défendre et non des amis". Tant qu’un chef d’Etat fera son affaire, il pourra modifier la constitution autant de fois qu’il le désire pour se maintenir au pouvoir. Gare à ce chef d’Etat africain qui lui dira non à pillage de ses richesses (matières première) et qui n’assurerait pas la sécurité des français, alors là on lui colle une étiquette : dictateur, anti-démocrate, violeur, autocrate, impopulaire, .....
    C’est maintenant que ce SANOGO comprendra qu’il n’était qu’un pion pour accélérer la scission du territoire. Ainsi le MNLA crée son État pour garantir la sécurité de français. Pendant que les États doivent s’unir pour constituer des nations fortes on continue à morceler l’Afrique pour mieux la soumettre. La Scorce cherche depuis vainement son indépendance en France. Et pourquoi alors soutenir en Afrique la division ? C’est aux africains de savoir ce qu’ils veulent.

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