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Plaidoyer de Obama pour une Banque mondiale ouverte et inclusive

Publié le mercredi 4 avril 2012 à 02h27min

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La tribune ci-après, rédigée par le candidat dont le président Obama propose la nomination à la tête de la Banque mondiale, le docteur Jim Yong Kim, a été publiée le 29 mars dans le Financial Times et affichée sur le site du ministère des finances des États-Unis. Sa republication par les ambassades des États-Unis n’est assortie d’aucune restriction.

Mon plaidoyer pour une Banque mondiale ouverte et inclusive

Par le docteur Jim Yong Kim

Nous vivons à une époque de possibilité historique. Les économies qui connaissent une croissance rapide n’ont jamais abrité une population aussi nombreuse, et le développement peut prendre racine dans n’importe quel pays — qu’il soit enclavé, qu’il sorte d’un conflit ou d’une période d’oppression, qu’il soit grand ou petit. Si nous faisons fond sur cette réalité, nous pouvons imaginer un monde dans lequel des milliards d’habitants de pays en développement voient leur revenu augmenter et leur niveau de vie s’améliorer. Au vu de nos expériences, de nos succès et de nos ressources à tous, il est clair que nous pouvons éradiquer la pauvreté dans le monde et voir se réaliser de notre vivant ce qui est un rêve lointain depuis bien des générations.

L’exemple de ma vie et de mon travail m’a convaincu que le développement inclusif — l’investissement dans les êtres humains — répond à un impératif économique et moral. Je suis né en Corée du Sud à l’époque où ce pays se remettait encore de la guerre ; ses routes n’étaient pas pavées, son taux d’alphabétisation était faible. J’ai vu comment l’intégration à l’économie mondiale peut faire d’un pays pauvre l’une des économies les plus dynamiques et les plus prospères au monde. J’ai vu comment les investissements dans l’infrastructure, les écoles et les dispensaires peuvent changer la vie des gens. Et je suis conscient de l’importance vitale de la croissance économique pour les investissements dans la santé, l’éducation et les biens publics.

Chaque pays doit tracer sa propre voie vers la croissance, mais notre mission collective doit être de faire en sorte qu’une nouvelle génération de pays à revenu faible ou intermédiaire jouisse d’une croissance économique durable capable de créer des possibilités pour tous ses citoyens.

En ma qualité de cofondateur de Partners in Health et de directeur de l’initiative de l’organisation mondiale de la santé pour le traitement du VIH/sida, j’apporterai une expérience de terrain à la Banque mondiale. J’ai confronté les forces qui retiennent plus d’un milliard de personnes dans l’ornière de la pauvreté. J’ai travaillé dans des villages où moins d’un adulte sur dix sait lire ou écrire, où des maladies qui peuvent être évitées continuent de tuer et où le manque d’infrastructure et de capitaux freine les entrepreneurs. Dans tous ces villages, la population locale savait ce qu’il fallait améliorer.

Mais pour que le changement se produise, nous avons besoin de partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile de façon à construire des systèmes capables de produire des solutions durables et modulables. Tandis que nous œuvrons en faveur de la prospérité mondiale, nous devons inspirer des idées et des expériences qui viennent du monde entier.

Mon message est simple : une ère de possibilités extraordinaires exige une institution mondiale extraordinaire. Je veux entendre les pays en développement, aussi bien que ceux qui fournissent une grosse part des ressources affectées au développement, me dire comment nous pouvons ensemble bâtir une Banque mondiale plus inclusive, plus réceptive et plus ouverte.

Une Banque mondiale plus inclusive aura les ressources nécessaires pour poursuivre sa mission fondamentale, qui est de faire reculer la pauvreté. Elle aura une structure de gouvernance qui confère la légitimité et instaure un climat de confiance. Récemment, la Banque mondiale a vu son capital augmenter dans des proportions historiques et elle a entrepris un ambitieux programme de modernisation de ses opérations. Elle a pris aussi des mesures importantes pour accroître le pouvoir de vote et la participation des pays en développement. Si on me confie la responsabilité de diriger la Banque mondiale, je veillerai à ce que cette évolution se poursuive. Si la Banque mondiale doit promouvoir un développement inclusif, elle doit donner une voix plus forte aux pays en développement.

Une Banque mondiale plus réceptive doit relever les défis d’aujourd’hui, mais prévoir aussi ceux de demain. La Banque mondiale sert tous les pays. Je veillerai en priorité à ce qu’elle réagisse à leurs besoins dans un souci de rapidité et d’efficacité. J’arriverai l’esprit ouvert et je mettrai ma formation médicale et dans les sciences sociales au service de l’application d’une approche fondée sur des preuves concrètes.

Enfin, une Banque mondiale plus ouverte doit reconnaître qu’elle n’a pas le monopole des réponses et écouter attentivement ses clients et ses parties prenantes. Je suis à la tête d’un établissement d’enseignement supérieur de renommée mondiale et je veillerai à ce que la Banque mondiale fournisse un lieu de concertation pour l’échange des idées. Elle collabore déjà plus étroitement avec une gamme diversifiée de partenaires et elle peut faire fond sur ces changements. La Banque a pris des mesures importantes pour devenir plus transparente et rendre davantage de comptes : elle doit continuer sur sa lancée dans la voie de la transparence.

Sans action, les possibilités restent lettre morte. J’attends avec intérêt d’entendre le point de vue de toutes les parties prenantes de la Banque mondiale — ses clients, ses bailleurs de fonds, les gouvernements, les citoyens et la société civile — tandis que nous forgerons une vision commune pour bâtir une institution encore plus forte, équipée pour relever les défis du monde au XXIe siècle.

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