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BOIS DE CHAUFFE : Abus autour d’un permis

Publié le mardi 3 avril 2012 à 04h52min

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A l’heure du réchauffement climatique, le Burkina Faso n’a pas encore trouvé la bonne formule pour réduire les effets néfastes des énergies fossiles. Plus de 90% du bois utilisé sert de bois de chauffe. Voilà la réalité de ce pays sahélien qui subit une déforestation accélérée pour satisfaire la demande en énergie des ménages burkinabè mais aussi des commerçants. Quoi de plus normal alors que les autorisations de déboiser sont toujours octroyés à la pelle. La malheureuse impression qu’on a, c’est que le laisser-aller caractérise ce domaine. En principe, il y a des règles qui président la coupe des arbres parce que certaines espèces sont protégées. Mais, apparemment, les autorisations de déboiser ressemblent à des blancs-seings qui permettent à leurs détenteurs de faire leurs affaires sans tenir compte de l’importance de la diversité écologique.

Les autorités en charge de l’environnement sont-elles rigoureuses sur la délivrance et le suivi de ces permis ? Malgré les abus de certains grands opérateurs, le bâton de l’administration s’abat plutôt sur ceux qui coupent quelques branches d’arbres morts pour cuire leur repas ou chauffer de l’eau. Dans les villages, des fagots de bois de chauffe sont retirés à des ménagères par des agents forestiers quand elles ne sont pas tout simplement rackettées. Des chefs de famille qui émondent l’arbre planté dans la concession pour qu’il produise à terme plus d’ombre sont parfois verbalisés et humiliés dans nos villages par des agents forestiers qui ne veulent ou ne peuvent rien comprendre .

Et de toute façon, ce modèle est dépassé. Le Burkina Faso ne peut pas continuer à perdre chaque année des dizaines de milliers d’hectares de forêts alors que la demande en énergie ne fait que croître. Pour le moment, l’énergie solaire semble être difficile à exploiter à cause de son coût et du fossé technologique. Le Burkina reste encore à la traîne en ce qui concerne les énergies vertes comme les biocarburants. Il faut donc miser sur le gaz. Si les autorités ont choisi d’y investir des milliards de F CFA pour sa promotion, les résultats ne semblent pas être à la hauteur des attentes. La majorité des ménages fait encore confiance au bois de chauffe, ce qui a même fait conclure à des chercheurs que le lien entre énergie et pauvreté est évident. Malheureusement, le gaz, en dépit de la subvention de l’Etat, n’est pas accessible et/ou disponible pour bon nombre de Burkinabè.

Or, le bois n’est pas économique, quand on considère son impact sur le budget des familles, sur la santé ou tout simplement le taux de pénibilité induit. Mais les pesanteurs socioéconomiques et culturelles sont encore importantes. Il y a lieu de sensibiliser les Burkinabè dans leur ensemble à l’utilisation massive du gaz et des cuiseurs solaires. Mais, il faut aller plus loin et convaincre à tout prix certaines catégories socioprofessionnelles comme les dolotières, les fondeurs de marmite, les restaurateurs, les grilleurs de viande, etc. Des expériences réussies de foyers améliorés ont certes été vulgarisées mais leurs utilisateurs restent limités.

C’est pourquoi le combat du développement durable et des énergies renouvelables doit se poursuivre. Le changement de mentalité va être difficile mais le succès viendra d’une sensibilisation de longue haleine. Pour les Burkinabè qui ont connu le 1er septembre 2009, les changements climatiques ne sont plus une vue de l’esprit et ne regardent pas que les autres. Si nous continuons de favoriser la désertification, nous préparons pour les générations futures, un environnement invivable.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2012 à 10:06, par Maï En réponse à : BOIS DE CHAUFFE : Abus autour d’un permis

    Pour réduire les effets néfastes des énergie fossiles il faut d’abord commencer à rendre le gaz accessible à tous et en tout moment. Il y a des moment où les ménages qui utilisent le gaz sont obligés de se rabattre à l’utilisation du charbon ou du bois pour leur besoin de chauffe.

  • Le 3 avril 2012 à 11:18, par ATTA En réponse à : BOIS DE CHAUFFE : Abus autour d’un permis

    Votre article est très pertinent mais il ne traite pas réellement du mode de delivrance des permis. Qui sont les detenteurs des permis de coupe ? Dites nous Quels sont potentiels fournisseurs de bois de chauffe aux commerçants de Ouaga par exemple ?
    Pour dire vrai, les detenteurs des fameux camions "wanB-rado" appartiennent à 90% à des hommes de tenue à la retraite. Voila comment notre Etat prépare la retraite prématurée des bidasses. Les agents forestiers ne peuvent rien contre les surcharges, les coupes abusives et autres abus perpetrés dans nos chantiers d’aménagements par ces reconvertis à la solde du pouvoir.
    Je sais de quoi je parle......

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