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LAT à l’Assemblée nationale : A lui de tracer maintenant son sillon

Publié le lundi 2 avril 2012 à 02h47min

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Le 29 mars 2012, Luc Adolphe Tiao (LAT) s’est livré pour la seconde fois, depuis sa nomination à la primature, au prononcé du Discours sur la situation de la Nation (DSN). Naturellement, le programme quinquennal du président du Faso a servi de base à cet exercice constitutionnel qui, au regard des chiffres, se suivent et se ressemblent presque chaque année.

Mais justement si ce sentiment du déjà entendu existe, c’est que les choses évoluent petitement aussi au Burkina Faso, si bien que le Premier ministre ne peut que livrer les sensibles évolutions en bien ou les baisses notoires.

Ainsi, par exemple, dans le grand premier volet du programme présidentiel dénommé : "Développement des piliers de la croissance accélérée et de l’émergence", on constate que, comme à l’accoutumée, pour cause de caprices pluviométriques, la faim sera une réalité dans de nombreuses régions. Périodiquement, le Burkina Faso connaît les affres de la famine, et les devanciers de LAT ont eu à souligner cette calamité quasi permanente lors des précédentes radioscopies de la Nation.

Les chiffres assénés dans les discours qui prouvent que le Burkina Faso progresse sont douce musique à la Banque mondiale et au FMI, mais sont-ils réellement comestibles par la majorité des Burkinabè ?

C’est à l’aune de la plus-value en matière de vie meilleure que LAT sera jugée. Et il n’a pas l’éternité, la longévité ou la brièveté à la primature, tenant souvent à si peu de choses, mieux vaut que LAT pose ses ACTES à lui.

Autre exemple, LAT a beau rassurer, sa foi n’est pas contagieuse en matière d’énergie, et les populations espèrent seulement, comme l’a laissé entendre le ministre de l’Energie, que l’ampleur de ces "nuits noires" sera moindre que les dernières années écoulées. Bref, le chef du gouvernement a égrené du déjà connu. Reste le comment faire maintenant !

A moins de 3 semaines de son premier anniversaire comme chef du gouvernement, LAT devra à présent tracer son sillon.

Après la tempête sociopolitique des premiers mois de 2011, LAT venu en véritable capitaine de gros temps a pu tant bien que mal stabiliser le gouvernail du bateau battant pavillon burkinabè, même s’il y a toujours de l’eau à tribord.

Ayant redressé un peu la barre, il lui faudra apporter sa touche, imprimer son sillon. L’économiste Tertius Zongo avait fait de la lutte contre la grande délinquance à col blanc son cheval de bataille avec des résultats jugés mitigés par certains.

Lui, le communicateur, semble emboucher la même trompette. Mais il lui faudra passer à d’autres caps. Le disque risque de se rayer, car la jeunesse et les autres couches de la société ne sauraient se satisfaire durablement de cette lutte perpétuelle contre ce qui s’avère à la longue comme des moulinets à vent. Les jeunes veulent du travail ici et maintenant, les citoyens aspirent à un minimum de viatique quotidien.

L’état de grâce, c’est terminée, et ni la crise, ni les différentes luttes laissées en chantiers par ses prédécesseurs ne peuvent servir de justifications à LAT. Lutter contre la corruption, c’est bien, mais trouver du boulot à des sans-emplois, c’est mieux.

Celui qui, il y a un an à peine, préparait depuis le Boulevard Hausseman à Paris où et comment gérer sa retraite (1) devra apporter des solutions concrètes au panier de la ménagère à l’éducation, à la santé. Sinon il risque de tomber dans les mêmes incantations que certains de ses devanciers.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana


Note : (1) Quelques mois après son installation à la primature, recevant des journalistes pour un cocktail à sa résidence officielle, il avait laissé entendre qu’il s’attendait à tout sauf à être Premier ministre. Seule le préoccupait sa prochaine retraite.

L’Observateur Paalga

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