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Autant le dire… : La CEDEAO à l’épreuve au Mali

Publié le lundi 2 avril 2012 à 02h44min

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La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) « joue » gros au Mali. On pourrait même dire que c’est l’une des rares fois que cette organisation sous-régionale, longtemps qualifiée de « machin » sans véritable âme, donne l’impression de « bander les muscles » en menaçant aussi ouvertement et fortement la junte militaire au Mali de sanctions politiques et économiques. C’est en principe à partir d’aujourd’hui que ces sanctions devraient entrer en vigueur. Et les observateurs sont tous « branchés » pour voir ce que la CEDEAO va faire. Va-t-elle réellement mettre en application ses décisions ?

En effet, les chefs d’Etat qui se sont réunis en milieu de semaine dernière à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, (à défaut de celui de Bamako) ne vont sans doute pas faire baisser la pression sur le régime militaire au Mali. En refusant de les recevoir et de discuter directement avec eux, les putschistes maliens ont commis une grosse erreur. Puisqu’ils avaient en face et en même temps, le président de l’Institution CEDEAO (Alassane Ouattara) et celui de l’Union africaine (Yayi Boni) pour justifier leur position. Et la manière dont ils ont été humiliés (à travers des pancartes et des déclarations bien hostiles) n’est pas pour arranger les choses. Ce qui met la junte militaire dans une position très inconfortable. N’est-elle pas en train de demander du soutien « aux amis du Mali » pour faire face à la rébellion ? Pense-t-elle réellement que ce soutien peut venir d’ailleurs sans le concours de la CEDEAO ?

Dans tous les cas, elle se trouve confrontée à deux difficultés et non des moindres à résoudre. Et au plus vite. D’abord, elle doit se faire pardonner par la CEDEAO, à défaut de quitter immédiatement le pouvoir comme celle-ci le demande, de négocier son maintien en faisant de véritables concessions. En ce moment, elle partage le pouvoir avec la classe politique civile. Ce qui revient à dire qu’elle accepte de jouer son rôle qui est celui de défendre sur le terrain et par des opérations militaires, l’intégrité du pays. Même si Amadou Toumani Touré ne revient pas au pouvoir, la transition sera conduite en tandem avec les civils. Exactement comme cela a été le cas en Guinée. En ce moment, elle pourrait compter sur le soutien de la CEDEAO et des amis du Mali pour faire face à une rébellion qui gagne de plus en plus du terrain. Et c’est là que se trouve le second acte à résoudre.
La rébellion touarègue telle qu’elle apparaît aujourd’hui ne sera pas une « bouchée de pain » pour la CEDEAO et l’armée malienne.

Bien préparée et assurée de ses ambitions, elle ne se laissera pas « happer » aussi facilement. Il est donc évident que l’armée malienne seule ne pourra pas en venir à bout. Une réalité sur laquelle les chefs d’Etat de la CEDEAO vont jouer pour faire fléchir le capitaine Sanogo et ses hommes.

Le capitaine Sanogo et ses hommes gagneraient à étudier au plus vite et très sérieusement avec la CEDEAO les mesures à prendre pour faire face à la rébellion. Car c’est le plus urgent et le plus important pour elle. Quitte à laisser le pouvoir et à expliquer au peuple le pourquoi malien qui malgré tout, tient par tous les moyens à la paix et à l’intangibilité de ses frontières. Les discussions actuelles autour de son maintien au pouvoir ne sont pas les plus urgentes et plus pertinentes. Penser au Mali de demain, au Mali qu’on veut défendre à tout prix et pour lequel on a pris les armes, est plus important et symbolise un combat plus noble. Assurément, les prochains jours ne manqueront pas de rebondissements.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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