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ELECTION DE MACKY SALL : Des hommes politiques burkinabè apprécient

Publié le jeudi 29 mars 2012 à 02h24min

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Macky Sall a remporté l’élection présidentielle au Sénégal face à Abdoulaye Wade. Nous avons joint des hommes politiques burkinabè qui ont donné leur point de vue sur cet exemple d’alternance que d’aucuns souhaitent qu’il s’applique au « pays des Hommes intègres ».

Philippe Ouédraogo, PAI : « Je suis très satisfait »

« Je suis évidemment très satisfait de ce qui s’est passé au Sénégal. Je suis content que le peuple sénégalais, par son vote, ait montré qu’il n’était pas d’accord. (…) Avec ce changement de génération, avec le fait que Macky Sall a réussi à s’entendre avec la majorité de la classe politique sénégalaise, je pense qu’il a quelques chances que la politique qu’il mettra en œuvre tienne compte des préoccupations du peuple sénégalais. Pour tout cela, je suis très satisfait (…). J’espère que le (même) problème ne se posera pas au Burkina. Si c’était le cas, je souhaite que le peuple burkinabè apporte une réponse aussi cinglante que celle qu’a reçue Abdoulaye Wade au Sénégal. »

Hermann Yaméogo, UNDD : « C’est une leçon pour l’Afrique »

« Ce qu’il faut noter, c’est la maturité du peuple sénégalais. (…) Ils ont inculturé les valeurs démocratiques parce qu’ils ont réussi, au-delà de toutes tendances, de toutes structures partisanes ou sociales, à se mettre ensemble pour le changement. C’est une leçon de maturité. Le peuple s’est levé pour sauvegarder sa démocratie. Ce n’est pas une victoire de structures partisanes, de la société civile ; c’est une victoire du peuple. La deuxième chose, c’est que je crois que Wade a joué gros. La nature du scrutin au premier tour a amené les opposants à oublier qu’il n’avait pas le droit de se présenter et à aller au scrutin. Maintenant, il a beau jeu de jouer au démocrate puisqu’il a accepté sa défaite, il n’en reste pas moins qu’il a voulu violer la Constitution pour pouvoir se présenter.

Ensuite, c’est une leçon pour de nombreux pays africains qui sont confrontés au même problème : la dévolution du pouvoir. De même que le problème général de la gestion du social, du pouvoir de façon patrimoniale dans le mépris des aspirations populaires. Leçon pour les gouvernants, mais également leçon pour les contre-pouvoirs, la société civile et la société politique. C’est une voie qui est tracée. Quand on se met ensemble pour préserver l’intérêt général, l’essentiel, on peut avoir de la réussite. »

Victorien Tougma, MAP : « Le Burkina doit prendre exemple sur le Sénégal »

« C’est un sentiment de fierté pour le peuple sénégalais qui donne une leçon de démocratie. Une leçon qui montre à tous ceux qui pensent que la démocratie n’est pas faite pour l’Afrique qu’ils ont tort. C’est donc un sentiment de fierté pour le peuple sénégalais dont nous saluons la maturité démocratique. C’est aussi un appel lancé à la classe politique des autres pays à prendre exemple sur le Sénégal. Le Burkina doit prendre exemple sur le Sénégal car c’est une transition politique apaisée. C’est ce que nous souhaitons à notre pays car l’alternance finira un jour par arriver au Burkina. Nous souhaitons qu’elle se passe de manière apaisée, démocratique et dans la tranquillité. Cela dépend d’abord de la volonté de ceux qui sont au pouvoir, de créer les conditions pour qu’il y ait une compétition saine (…) et de nous faire entrer véritablement dans la démocratie. »

Me Bénéwendé S. Sankara, UNIR/PS : « Nous pouvons aussi, par des alliances, parvenir à un changement »

« Le processus en amont a été très difficile. Nous avons eu des sueurs froides puisqu’il y a eu des velléités. L’ancien président Wade a voulu tripatouiller la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Mais le peuple et l’opposition, dans une synergie, ont opposé un refus au tripatouillage de la Constitution. Macky Sall est aujourd’hui une figure emblématique de la démocratie sénégalaise. Le peuple sénégalais voulait, à un moment donné, d’un homme charismatique, porteur de son rêve. Macky Sall a su capitaliser cela.

Ce processus est un dénouement qui témoigne de la maturité du peuple sénégalais. Macky Sall lui-même a dit en 2008 que la démocratie sénégalaise ne peut accepter que le président Wade tripatouille la Constitution parce que c’est un recul démocratique inadmissible. Comme la communauté internationale l’a dit, c’est une belle leçon de démocratie que le Sénégal donne à l’Afrique au moment où, malheureusement, le Mali nous donne un triste et lugubre exemple d’un coup d’Etat dont on n’a pas besoin. Je pense qu’aujourd’hui, la démocratie a triomphé. Wade, en fair-play, a reconnu sa défaite. C’est une attitude républicaine. Il a commis des erreurs, il a voulu caporaliser le pouvoir mais quand il s’est rendu compte qu’il n’avait plus d’arguments contre le peuple, il s’est plié à la volonté du peuple.

Je pense que c’est un acte majeur qui joue à l’apaisement, fédère le peuple sénégalais. Désormais, Wade qui est dans l’opposition, est obligé de s’organiser avec son parti pour les élections législatives. Pendant longtemps, ceux qui étaient dans l’opposition, se sont battus avec des moyens légaux. C’est ce que nous souhaitons pour le Burkina Faso. La démocratie burkinabè est en maturation. Le Burkina Faso est aussi en train de travailler à élever le niveau de conscience des populations. Mais cette responsabilité incombe d’abord à la classe politique. Nous pouvons aussi, par des alliances, parvenir à un changement pour faire rêver le peuple. Mais un changement démocratique, une transition dans la paix à travers les urnes. Le Burkina Faso est en train d’aller de façon résolue vers le changement, ce d’autant plus que nous avons appris que l’article 37 ne sera pas modifié. J’invite les citoyennes et les citoyens à jouer leur partition. Si au Sénégal, il y a eu changement, c’est parce que le peuple le voulait. J’espère qu’en 2012, le vent du changement qui a soufflé au Sénégal soufflera sur le Burkina Faso, « pays des Hommes intègres ».

Ablassé Ouédraogo, Le Faso autrement : « Le président Compaoré serait bien inspiré en prenant l’exemple du Sénégal »

« Chaque peuple mérite les dirigeants qu’il a. Ce que nous venons de vivre au Sénégal démontre que le peuple sénégalais est mûr. Il fait honneur à l’Afrique et consolide la démocratie au Sénégal. Les uns et les autres en Afrique et dans le monde devraient s’en inspirer. Ce qui vient de se passer affaiblit la position de ceux qui pensent que les peuples africains ne sont pas suffisamment mûrs pour entrer dans la démocratie. Il faut saluer l’esprit de responsabilité et de démocratie du président Wade (…) qui a évité au Sénégal une situation de tensions qui pourrait compromettre la paix. (…) Mais le président Macky Sall n’aura pas de répit parce que la demande sociale est très forte. Le Burkina devrait s’inspirer de l’exemple sénégalais pour consolider et renforcer le processus démocratique en cours (…).

Dans la sous-région, seul le Burkina Faso n’a pas encore connu d’alternance. Le président Compaoré serait bien inspiré en prenant l’exemple du Sénégal en confirmant qu’il ne sera pas candidat en 2015. Ce qui libérerait les énergies des uns et des autres pour que tout le monde s’investisse dans le développement du Burkina, au lieu de passer le temps à faire des calculs par rapport à une hypothétique révision de la Constitution. »

Propos recueillis par Abdou ZOURE et Françoise DEMBELE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 mars 2012 à 13:37 En réponse à : ELECTION DE MACKY SALL : Des hommes politiques burkinabè apprécient

    Commencez par vous unir, et on verra apres !

  • Le 30 mars 2012 à 17:25, par omar En réponse à : ELECTION DE MACKY SALL : Des hommes politiques burkinabè apprécient

    Parce que le contexte international,sous régional et national n’est pas favorable à une boucherie constitutionnelle surtout l’étouffement de l’article 37 ; parce que le peuple ne se laissera plus berner, parce que pour exister l’opposition a l’obligation de réaliser l’alternance ;parce qu’une amnistie doit être voté pour tous les anciens chefs d’états même ceux qui à qui on ne reprocher,Blaise Compaoré sera peut être sage en 2015. La classe politique devra travailler à inculquer une culture démocratique donc d’alternance au peuple,sinon le scenario russe pourra inspirer certains après le passage du vent de changement et surtout en cas de difficultés que ceux qui les nouveaux dirigeants vont forcément rencontrer

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