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DISCOURS SUR LA SITUATION DE LA NATION : Ne pas cacher le soleil avec son doigt

Publié le jeudi 29 mars 2012 à 02h25min

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Ce 29 mars 2012, le Premier ministre burkinabè, Luc Adolphe Tiao, passera une bonne partie de sa journée à l’Assemblée nationale. Il sera devant les députés, pour prononcer son discours sur la situation de la nation (DSN). Ce deuxième exercice auquel va se livrer Luc Adolphe Tiao après celui du 13 octobre 2011, qui est une exigence constitutionnelle au terme de l’article 109 de la loi fondamentale, revêt deux particularités cette année. Ce discours va d’abord faire le bilan de l’année 2011 dont le premier semestre a été marqué par des mutineries itératives et des manifestations scolaires suite à la mort de l’élève Justin Zongo de Koudougou. Ensuite, ce discours sera prononcé devant des députés en fin de mandat.

La 4e législature, débutée en juin 2007, s’achevait initialement cette année au même mois. Mais elle vient d’être prorogée, compte tenu des élections législatives et municipales couplées prévues pour début décembre prochain. Le DSN étant un état des lieux de l’action gouvernementale au cours des douze mois écoulés, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao n’aura pas besoin d’un dessin pour dire aux Burkinabè que 2011 a été une année éprouvante. On doit donc s’attendre à ce que le chef du gouvernement dise, par exemple, que la croissance économique n’était pas au rendez-vous à cause des casses, des incendies, occasionnés par la plupart des manifestations scolaires, des pillages, des vols, qui ont accompagné les mutineries.

Il ne manquera pas non plus, certainement, de relever ce que l’Etat a fait à l’endroit des familles endeuillées par ces événements malheureux, des personnes blessées physiquement ou moralement, des acteurs du secteur informel qui se sont retrouvés à genoux du jour au lendemain à cause des pillages répétitifs, etc. On ne sera pas aussi surpris si le chef de gouvernement disait que ces événements ont fortement entaché l’image du Burkina à l’extérieur, ont fait fuir les investisseurs et les touristes à tel point que l’hôtellerie s’est retrouvée dans la sinistrose. Bref, c’est un tableau d’ensemble de 2011 peu reluisant que devra dépeindre le chef de l’exécutif. Vouloir faire autrement, ce serait user de la langue de bois, farder la vérité, embellir une réalité hideuse et, pour tout dire, cacher le soleil avec son doigt.

Malheureusement, c’est ce à quoi l’on assiste souvent lors de cet exercice. En effet, on se demande souvent si la situation qui est décrite est la même que tout le monde vit. Il arrive que des chiffres de croissance soient donnés dans le DSN sans qu’ils aient un rapport avec la réalité. Souvent, on se demande s’il n’y a pas de confusion entre discours sur la situation de la nation et déclaration de politique générale (DPG) que chaque nouveau Premier ministre est tenu de faire devant l’Assemblée nationale dès sa prise de fonction. En d’autres termes, on se perd entre le bilan d’une année de vie de la Nation et les perspectives. Tous les Burkinabè doivent se reconnaître dans le DSN. Il doit être la photographie à un instant T de la vie d’une nation. Pour cela, pas de retouches pour embellir quoique ce soit. Pas non plus besoin de langue de bois. L’heure ne s’y prête plus.

Séni DABO

Le Pays

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