LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Musée ethnographique Sogossira Sanon : En attendant la reconstitution de la case Sénoufo

Publié le mercredi 28 mars 2012 à 04h12min

PARTAGER :                          

La semaine nationale de la culture Bobo 2012 rythme la vie des bobolais depuis le 24 mars dernier. Foire commerciale, expositions, plateaux d’animation off, compétitions pour le grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) constituent les points d’attraction de l’évènement. Les lieux les plus fréquentés sont le théâtre de l’amitié et la maison de la culture qui abritent les GPNAL. Plateau de Yéguéré, espace jeunesse de Dafra, mairie centrale, place Tiéfo Amoro, le lycée Promotion ou encore le musée communal Sogossira Sanon connaissent aussi une affluence particulière. Zoom sur le musée communal Sogossira Sanon, conservatoire de la culture burkinabè.

« Ce musée a cette vocation d’apporter sa contribution à la SNC », précise d’entrée le technicien supérieur de musée, Valentin Lili, par ailleurs gestionnaire du musée. Depuis la 5e édition de la SNC, ce musée servait de cadre d’exposition des œuvres en compétition dans la catégorie « arts plastiques ». Cette année, ces œuvres ont été transférées à la maison de la culture. Mais, le musée ne chôme pas pour autant. Une exposition muséale s’y déroule. Comme les années antérieures d’ailleurs. En 2010, c’était les chefs d’œuvres en arts plastiques (sculpture, batik, peinture, arts composites) de 1960 à nos jours qui étaient exposés. Cette année, la valorisation des cultures empiriques est à l’honneur. Actuellement, se déroule donc l’exposition muséale intitulée « Sur les traces de Tiéfo Amoro ».

Au départ, il avait pour nom, le musée provincial du Houet. Mais à la faveur de la décentralisation des services de l’Etat et donc le transfert des compétences et des ressources aux collectivités territoriales, le musée a été légué à la commune de Bobo-Dioulasso. La commune a aussitôt procédé au changement de nom. De musée provincial du Houet, il devient Musée communal Sogossira Sanon, du nom de ce patriarche bobo qui a régné pendant plus de 30 ans. « En guise de reconnaissance, il a été jugé que ce musée, haut lieu de la culture burkinabè, puisse porter son nom », soutient Valentin Lili.

De vocation ethnographique, le musée communal Sogossira Sanon est né de la volonté de trois communautés qui ont vu la nécessité de le mettre en place. Ce sont les communautés Bobo-Mandarè, Peulh et Sénoufo. S’il existe un habitat Peulh et un habitat Bobo dans la cour du musée, la communauté Sénoufo n’est plus visible. La case qui la représentait a été démolie suite à l’élargissement de l’Avenue Général De Gaulle. Sa reconstitution tarde à être effective. Le musée ne disposant pas de moyens, la communauté Sénoufo tente de reconstituer son habitat, mais jusque là, rien de concret. Avis donc aux bonnes volontés !
La création du musée implique ces trois communautés car les Bobo et Sénoufo sont majoritaires dans la région de l’Ouest du Burkina. La présence des peulh a été motivée par la parenté à plaisanterie avec les Bobo.

Les musées ont pour vocation la collecte et la conservation pour la transmission à la génération future. Etant un musée ethnographique, l’objectif, c’est d’avoir un échantillon représentatif de la culture de chaque ethnie. En fonction des thèmes d’exposition et de l’ethnie à l’honneur. Cette fois-ci, ce sont les Tiéfo, une communauté en voie de disparition. « L’apport du musée Sogossira Sanon, c’est d’interpeler cette communauté, interpeler les politiques pour relancer cette communauté », indique Valentin. Une vingtaine d’œuvres y sont exposées, chacune avec une histoire et une signification spécifique à la culture Tiéfo.

Environ 4000 visiteurs par an

Composé de deux compartiments (salle d’exposition temporaire, salle d’exposition permanente démontée après chaque deux ans) d’une superficie de 600m2 environ, d’un habitat Peulh et d’un habitat Bobo dans la cour, le musée Sogossira Sanon accueille près de 4000 visiteurs par an. Pour les nationaux, il suffit de débourser 200f pour les adultes, 100f pour les élèves et étudiants et quelques fois 50f pour les enfants. Les étrangers, eux, doivent contribuer à hauteur de 1000f pour la visite de ce haut lieu de la culture burkinabè. « Nos tarifs tiennent compte du volet social afin d’amener la population à visiter et donc à connaitre son patrimoine. Un personnel compétent accompagne les visiteurs », souligne le gestionnaire, par ailleurs, diplômé de l’école nationale d’administration et de magistrature (ENAM).

Haut lieu de conservation des valeurs traditionnelles des différentes ethnies du Burkina, les visiteurs ne se bousculent pas pour s’y rendre, même pendant la SNC. Est-il si méconnu ou qu’est-ce qui explique ce désintéressement du public ? Difficile d’y répondre. Toujours est-il que la fréquentation n’atteint son pic qu’à l’occasion de la cérémonie officielle d’ouverture.

Néanmoins, Valentin Lili et son équipe se réjouissent de l’inversion de la tendance des visiteurs. « Auparavant, la plupart des visiteurs étaient étrangers, mais il y a inversion de tendance depuis quelques années. Il y a plus de burkinabè et surtout plus d’enfants qui visitent le musée. Si les enfants connaissent, ils conduisent leurs parents », se réjouit-il.
En plus du musée Sogossira Sanon, la ville culturelle (Sya) abrite deux autres musées : celui de la musique et le centre Sénoufo. Tous répondent aux normes d’un musée, a-t-il assuré avant de d’ajouter que des projets de création de musée existent dans la région. En attendant, il faut reconstruire l’habitat Sénoufo pour être dans l’esprit de création du musée Sogossira Sanon.

Moussa Diallo

Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le FESTIMA 2024 officiellement lancé
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel