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OUAHIGOUYA : Un militaire et un civil se suicident

Publié le mardi 27 mars 2012 à 03h31min

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Dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars 2012, un double suicide a eu lieu à Ouahigouya. Il s’agit d’un militaire qui s’est tiré une balle dans la bouche et d’un civil qui s’est immolé. Les faits qui se sont déroulés, presqu’à la même heure, ont suscité et continuent de susciter des interrogations dans la cité de Naaba Kango.

Ouahigouya semblait calme en cette soirée du jeudi 22 mars 2012. Du moins, rien de particulier ne montrait qu’un double suicide venait de se produire, et de façon simultanée, dans la cité paisible chère à Naaba Kango. Alors que la ville était à son rythme normal, l’on apprenait une nouvelle, tombée comme un couperet : Un militaire s’est suicidé. Il était un peu moins de 19h. Aussitôt informé, nous avons joint au téléphone le secrétaire général de la région, Maxime Koala, qui dit ne pas être au courant de la nouvelle. Notre impatience va ensuite nous conduire vers une source militaire qui, d’emblée, confirme l’information et décrit de façon succincte la nature du drame. Le suicidé était un soldat en fonction à la résidence du chef de corps du 12e Régiment d’infanterie Commando (RIC) de Ouahigouya.

Nous nous sommes alors dirigés vers la cité des forces vives où a eu lieu le suicide. A un jet de pierre de la résidence du commandant d’armes de la place, quelques jeunes militaires assuraient la garde. Aucun mouvement particulier ne s’y observait. A partir de cet instant, notre informateur nous apprend que le corps se trouve déjà à la morgue du Centre hospitalier régional (CHR). En arrivant au lieu indiqué, les militaires avaient pris d’assaut la morgue. Par le biais du téléphone portable, on informait au fur et à mesure ceux qui n’avaient pas encore appris la mauvaise nouvelle. Il était 20 heures passées quand un militaire, adjudant-chef de son état, nous dit de quitter les lieux. « C’est une affaire militaire et nous ne voulons pas que la presse en parle. Ce sont des instructions que nous avons reçues de la hiérarchie. Vous pouvez rentrer en attendant que nos supérieurs évaluent la situation. Repassez demain… »

Nous obtempérons avec amertume. Dans la matinée du vendredi 23 mars, la morgue avait en son sein 4 corps dont 3 de mort violente. Drissa Ganamé, résidant au secteur 4 de Ouahigouya, s’est, lui aussi, donné la mort en s’immolant. Venu de la Côte d’Ivoire avec une maladie mentale, l’homme suivait des soins intensifs et ses proches nourrissaient beaucoup d’espoir quant à sa guérison. Mais voilà que le jeudi soir, le jeune Drissa Ganamé s’enferme dans sa maison, boucle la porte à double tour avant de mettre le feu au matelas. Les flammes, d’une rare violence, gagnent toute la maison. Tous les effets sont consumés. Le temps de forcer la porte, puis de chercher à circonscrire l’incendie avant de sauver Drissa n’a pas suffi ; ce dernier était déjà rendu méconnaissable par les flammes. Il succombe à ses brûlures au CHR. Quant à la 3e victime, elle était mécanicienne de profession. Ce sont deux inconnus sur une moto qui l’ont mortellement fauchée et disparurent sans laisser de traces. Le 4e corps, en ce vendredi matin, était celui d’une femme morte de mort naturelle.

La levée du corps du militaire a eu lieu aux environs de 11h. Le cortège funèbre s’est alors ébranlé vers le cimetière d’Oufré à l’Ouest de Ouahigouya. Tous les corps d’armes étaient là : police municipale et nationale, gendarmerie, garde de sécurité pénitentiaire, eaux et forêts, douane, militaire. Selon une règle militairement établie, le soldat Boureima Ouédraogo a été inhumé avec ses tenues. En revanche, ses chaussures militaires ne l’ont pas suivi dans la tombe en ce sens qu’au moment du drame, il ne les portait pas. Alors que le cercueil, tenu par les jeunes militaires, descendait lentement dans la tombe, une grosse tristesse envahit tous les visages. Officiers et subalternes affichaient une mine de cimetière. L’on donne la parole à un parent du défunt qui, marqué par l’émotion, s’est borné à remercier tout le monde. La parole revient à un sous- officier qui a invité les militaires à regagner les casernes.

Quant à la famille, elle a été appelée à suivre la délégation jusque dans les bureaux du commandant d’armes de la place. Là, l’entretien, tenu secret, a duré une dizaine de minutes entre les deux parties. A la fin de cette entrevue, le Colonel Gervais Remen nous reçoit dans son bureau. Tout en saluant notre démarche, il se refuse à tout commentaire. Pour lui, c’est un incident survenu et il faut attendre les résultats de l’enquête ouverte par la gendarmerie. Mais selon des sources militaires, le soldat Boureima Ouédraogo était l’aide-cuisinier du Colonel Remen. Le jeune militaire était bien apprécié par ses supérieurs du fait, non seulement de sa discrétion légendaire, mais aussi de son professionnalisme. Au sein de l’armée, Boureima Ouédraogo était bien connu sous le pseudonyme de « Lèvres noires ».

Il était toujours jovial et semblait n’avoir aucun problème qui puisse le conduire à un tel drame. Quelques minutes avant sa mort, il a rédigé un court courrier qu’il a remis à ses frères d’armes de garde à l’entrée de la résidence. De retour dans la maison, il prend le pistolet automatique de son patron, se tire une balle dans la bouche, mettant ainsi fin à ses jours dans le salon. Des sources indiquent qu’une fille serait à la base de la déception du jeune militaire qui n’avait que 22 ans.

Hamed NABALMA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 mars 2012 à 11:38, par Ah les femmes ! En réponse à : OUAHIGOUYA : Un militaire et un civil se suicident

    Que leur âme repose en paix !
    Pour ce qui est du jeune militaire, si c’est confirmé que c’est une affaire de fille, c’est vraiment regrettable. Cela me rappelle la tentative de suicide d’un homme dans un village du Faso à cause de sa femme. Fort heureusement pour lui, on a pu le sauver. Dieu seul sait le nombre de tentatives de suicide, de décès ou de meurtres des hommes liés aux femmes et aux filles.
    Ah les femmes ! Dire qu’elles n’ont pas le pouvoir alors qu’elles peuvent faire ramper tout un Général de l’armée, donner des nuits blanches à un Chef d’Etat d’une grande puissance. Pourvu qu’elle ne soit pas l’origine de la 3ème geurre mondiale sinon, ce sera la fin du monde en même temps avec la modernisation de l’arsenal militaire un peu partout.
    Ah les femmes ! Regardons les et respectons les, sinon...Mais on les aime quand même

  • Le 27 mars 2012 à 13:22, par hleak à marseille En réponse à : OUAHIGOUYA : Un militaire et un civil se suicident

    Elle disait quoi la lettre qu’il a laissé ?
    mes condoléances à la famille du soldat.

  • Le 28 mars 2012 à 23:09, par kalkuto En réponse à : OUAHIGOUYA : Un militaire et un civil se suicident

    Pour une affaire de Kwètou, ah les femmes je pense qu’on doit poursuivre cette canaille.

  • Le 30 mars 2012 à 11:48 En réponse à : OUAHIGOUYA : Un militaire et un civil se suicident

    paix à son âme,
    le jeune militaire n’avait-il pas d’arme ? pourquoi c’est avec l’arme de son patron qu’il s’est tiré une balle dans la bouche ? la lettre disait quoi ? c’est facile de dire que c’est à cause d’une fille. il faut faire plus d’investigation sur le sujet.

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