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LETTRE AU PREMIER MINISTRE : « Il faut un égal traitement de tous les citoyens »

Publié le mardi 27 mars 2012 à 03h34min

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L’auteur du point de vue ci-dessous aborde le problème de l’insécurité qui sévit rigoureusement au Burkina Faso. Selon lui, le favoritisme, l’impunité, l’injustice et les inégalités sociales constituent les sources principales de certains maux comme la violence et le grand banditisme.
La lutte contre la violence et l’insécurité routière, en raison de l’importance que cela revêt comme problématique, constitue aujourd’hui un problème de sécurité publique. C’est pourquoi Burkina Assistance Accidents, une structure prestataire de services, s’associe aux associations existantes dans le domaine pour vous interpeller sur le sujet qui intègre l’insécurité et les accidents sur les grands axes routiers du pays du fait des hommes.

Excellence M. le Premier ministre,

Face au développement du règne complet de l’impunité, de l’incivisme, de l’injustice, et de la corruption avérés au Burkina Faso dans tous les domaines de la vie nationale d’une part, et de l’autre, concernant spécifiquement l’insécurité routière, les autorités administratives politiques ainsi que tous les usagers de la circulation routière sont interpellés relativement aux graves et dangereuses dérives et autres manquements aux règles élémentaires régissant la circulation routière dans notre pays. Il faut y mettre de l’ordre et faire respecter la discipline. Nous assistons tous, de nos jours, aux violations massives des règles, textes existants et autres refus de respecter les dispositions élémentaires du code de la route par les usagers de la route à tous les niveaux.

Nous sommes tous coupables et responsables. La gestion laxiste, attentiste par l’Etat de la situation actuelle de la circulation routière est due, entre autres, aux raisons suivantes qui sont transversales, horizontales et verticales : la perte totale de l’autorité de l’Etat ; l‘impunité ; la corruption ; la question de la justice qui doit être une justice pour tous (grands comme petits) ; la malgouvernance généralisée ; l’absence totale de rigueur ; le manque d’éthique ; le favoritisme ; le protectionnisme. Au regard de cette panoplie de maux qui minent la bonne gouvernance au plus haut niveau, l’Etat est entièrement comptable et responsable de la situation que nous connaissons et vivons dans le pays ; ce qui, si nous ne prenons garde, risque fort de déboucher sur des comportements crapuleux, inhumains de tout genre et des crimes et assassinats organisés.

L’Etat, de par son manque de fermeté, d’anticipation et d’initiatives nouvelles, de communication appropriée, ce, malgré l’abondance des canaux d’informations existants et à disposition (radios-télés-journaux d’Etat et privés), et autres services ou canaux de renseignements (police, gendarmerie, armée) nous conduira droit vers la rupture, la catastrophe. Il faut du courage, de la volonté pour le respect et l’application des textes régaliens. Nonobstant l’existence, voire l’abondance des textes régissant la circulation routière, nous assistons dangereusement à une non application effective et coupable desdits textes. Il faut absolument veiller au respect des textes et dispositions régissant la circulation routière pour éviter aux usagers de faire la loi ou de se régler les comptes eux-mêmes. Les cas sont légion et il faut impérativement y mettre un terme et très rapidement pour préserver une cohésion sociale déjà mise à rude épreuve ces derniers temps.

Il faut retenir et noter qu’il ne revient qu’à l’Etat seul de faire observer à tous les usagers de la route sans distinction aucune, toutes les dispositions régissant celles-ci en commençant par remettre ou replacer tous les panneaux arrachés ou volés, puis procéder à de vastes campagnes d’informations et de sensibilisations sur le respect des différents panneaux de signalisations de la circulation. Veiller au respect scrupuleux des pistes cyclables partout où elles sont prévues par les usagers concernés, qui sont les plus exposés et les plus vulnérables aux accidents de la route. Ces accidents constituent aujourd’hui, un problème de santé publique au niveau des urgences.

Les textes existent et exigent des catadioptres aux charrettes et pousses-pousses tout en interdisant leur présence après 18 heures sur les voies publiques et à grande circulation de surcroît. De même, tout engin ou véhicule, vélocipède, cyclomoteur ou engin motorisé doit avoir des feux allumés à partir de 18h 30.Tout défaut doit être sanctionné avec mise en fourrière et paiement d’amendes conséquentes. L’Etat doit offrir des infrastructures adaptées correspondant et répondant aux normes et aux besoins des usagers. S’agissant des assurances, il convient de rappeler que tout usager de la circulation routière (véhicule à quatre roues, ou motos ou vélos) doit avoir une assurance. Autrement, tout usager de la route est astreint à l’obligation d’assurance. Aussi, tout véhicule présent sur la voie publique doit détenir toutes les pièces afférentes et en règle (conduite et véhicule). Il est de la responsabilité de l’Etat de faire appliquer les textes si l’on veut réellement une meilleure réglementation de la circulation (urbaine-grands axes routiers) dans notre pays.

Il faut lutter efficacement contre tous les contrevenants en matière de circulation routière en appliquant strictement les lois et autres textes en la matière. Après la sensibilisation, il faut véritablement passer à la répression, à la sanction sans discrimination et de façon énergique.

Si le citoyen sent, s’aperçoit ou se reconnaît dans la juste application des règlements, il se soumettra. Alors, nous devons être tous égaux devant les lois et règlements. Autrement, il faut s’attendre à un développement croissant de l’incivisme mais surtout de la violence. Le favoritisme, l’injustice, l’impunité, les frustrations diverses, le protectionnisme d’une infime minorité de Burkinabè par rapport à la majorité des citoyens sont les fondamentaux de l’incivisme, qui engendrent révoltes et réactions violentes de la frange jeune de la population, et des laissés-pour-compte ou laissés à eux-mêmes. Il faut un égal traitement de tous les citoyens devant les textes et lois pour assurer une meilleure intégration et cohésion sociale. Les conséquences de la démission de l’Etat peuvent être incalculables pour les populations.

Aujourd’hui, lorsque survient un accident de la circulation au niveau urbain ou en campagne, on assiste très rapidement à un regroupement de badauds, lançant toute sorte d’insanités et injures grossières à l’endroit du conducteur surtout lorsque l’accident survient entre un véhicule et un vélo ou une motocyclette. En rase campagne, la situation est pire car le conducteur risque fort le lynchage ou la tuerie. Toute chose interdite et condamnée par la loi.

Dans quel pays sommes-nous ? Ce grave déficit ou dysfonctionnement de l’Etat est imputable à tous et condamnable. C’est pourquoi il faut très rapidement intervenir et sévir pour arrêter le phénomène qui prend dangereusement de l’ampleur et dégrade nos valeurs. Aussi, il convient de poser cet autre phénomène qui au lieu de trouver aujourd’hui des solutions idoines, tourne toujours dans le mystique. Il s’agit de l’enterrement à la hâte des victimes d’accidents au bord de nos routes : là également les autorités sont interpellées car cela ne répond absolument, de nos jours, à aucune obligation, exigence religieuse, coutumière commune à toutes nos ethnies ou communautés. Cependant, on peut bien convenir que ce genre de situation doit être nécessairement soumis préalablement à l’assentiment d’au moins un parent avec l’assistance des autorités (administration, police, gendarmerie) avant l’inhumation du ou des corps. Il faut une opération de grande et large PREVENTION sur la SECURITE ROUTIERE en impliquant et incluant tous les canaux et ressources disponibles et à tous les niveaux.

Apres cette campagne d’envergure, il faut SEVIR conformément aux textes en vigueur et sans discrimination aucune. Burkina Assistance Accidents, prenant en compte la fréquence des accidents de la circulation, intègre dans ses activités cette importante donne et très bientôt, mettra en œuvre une structure avec un produit, prise en charge immédiate des accidentés de la circulation routière évacués dans les urgences au niveau urbain par les structures appropriées en partenariat avec les compagnies ou au moins une compagnie d’assurances, dans la mesure où cela nécessite et exige un minimum d’assurance liée. L’Etat sera sollicité pour accompagner cette initiative citoyenne. La situation devient, si elle ne l’est pas déjà, inquiétante et très dangereuse pour toute la population. Alors, il faut immédiatement réagir au lieu d’observer le phénomène prendre de l’ampleur et vouloir intervenir après comme on le voit ces derniers temps et comme pour dire, laissons le temps au temps. GERER C’EST PREVOIR et mieux vaut prévenir que guérir.

Ce volet important ne concernant pas la sécurité routière mérite une attention très particulière de l’Etat dès qu’il est question de cohésion sociale, compte tenu des rôles, missions et attributions au sein des communautés. Cependant, ils ne sont pas au-dessus des lois. Il s’agit de la question des chefs traditionnels, du traitement et de la gestion des conflits de tout genre au Faso ces dernières années. Il ne faut pas se voiler la face, car le traitement et la gestion actuelle des conflits dans notre pays à ces niveaux est très critiquable même quelquefois condamnable face aux dérives enregistrées ces temps-ci. Pour plus d’équité, il conviendrait de dépolitiser leur gestion et traitement, de suivre et respecter strictement les repères, us et coutumes traditionnels, reconnus à la base par les communautés concernées.

L’autorité de l’Etat doit être restaurée à tout prix quel qu’en soit le prix à payer, cela dans le respect et la dignité ; autrement nous sommes tous de potentielles victimes. Il faut de la volonté et du courage pour effectivement lutter efficacement contre l’impunité, la corruption, le favoritisme, le protectionnisme… Composer avec ces maux, il ne faut pas se leurrer, reviendrait à ne jamais parvenir au développement, ni au début de l’émergence dans notre pays.

Excellence M. le Premier ministre, cette adresse ou interpellation sur l’insécurité routière est une invite à vous pencher expressément sur ces maux qui, si nous ne prenons garde, tous et chacun à son niveau, risquent fort de nous conduire à la destruction de notre chère patrie. Force doit rester à la loi.

Le coordonnateur Mamadou Ben TRAORE Militant des droits humains

Le Pays

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