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Marseille 2012 : Des participants font le bilan de leur participation

Publié le lundi 26 mars 2012 à 02h48min

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Ils ont tous le point commun d’être venus du Sud pour prendre part au 6e Forum mondial de l’eau (FME), tenu du 12 au 17 mars 2012 à Marseille, en France. A quelques heures de la fin de ce rendez-vous international dédié aux questions de l’eau, ces acteurs du 6e FME ont bien voulu nous situer sur leurs attentes de départ, le bilan de leur participation et sur leurs espoirs pour l’avenir. Leurs propos…

Ousmane Kouré Jackou, maire de la commune de Kornaka, au Niger : « Nous sortons avec des promesses fermes »

Ce Forum de l’eau nous cerne directement parce que nous venons d’un pays sahélien où la question de l’eau est toujours d’actualité. Il y a aujourd’hui des villages dans ma commune et dans mon pays qui manquent encore de points d’eau. Il leur faut faire des kilomètres pour aller chercher l’eau. L’on ne peut pas parler de développement dans nos Etats quand la simple eau manque pour nous et pour nos animaux. C’est pourquoi, nous sommes venus, et d’ailleurs en grand nombre à l’image de tous les autres pays sahéliens qui ont les mêmes difficultés que nous, pour parler, pour exposer nos problèmes bien qu’ils soient connus pour qu’au sortir de ce Forum-là, ce ne soit plus des paroles, que ce ne soit plus des discours ou des intentions mais que ce soit vraiment des actes afin de trouver des solutions aux problèmes vitaux de l’eau.

Et nous espérons que nos partenaires, le monde au niveau international, les riches vont penser cette fois-ci à nous autres. Je suis très satisfait de ma participation parce que nous avons pu exposer nos préoccupations d’eau et nous sortons de ce Forum avec des promesses fermes de nos partenaires et des institutions internationales. Pour nous, c’est un début de solutions à nos problèmes.

Juste Hermann Nansi, chargé d’études, de recherches et de publications à la direction générale Afrique d’Eau Vive, à Ouagadougou : « Si l’Afrique tient ses engagements, la solidarité et la coopération internationales tiendront les leurs »

« Marseille 2012 nous confirme que le Forum Mondial de l’Eau reste l’événement international le plus important qui traite des question de l’eau et de l’assainissement. Je sors de ce 6e forum avec un sentiment de fierté au regard de la qualité de la participation des pays partenaires de l’initiative ‘’A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde’’. Je peux témoigner de la pertinence des propositions et engagements des ministres africains lors des tables rondes et sessions de haut niveau, ainsi que des contributions des autorités locales ou de la société civile dans les sessions officielles ou parallèles. Je suis convaincu que ces pays de façon spécifique et l’Afrique de façon générale a réussi avec ce 6e Forum mondial de l’eau à renforcer sa crédibilité et sa détermination auprès de la communauté internationale pour faire des progrès significatifs en matière d’eau et d’assainissement au cours des années à venir. Je retiens entre autre l’engagement des Etats à améliorer la contribution de leur budget national au financement du secteur, l’engagement de toutes les parties prenantes à développer des financements endogènes ou locaux et la détermination de tous les acteurs à améliorer la gouvernance à travers la transparence et le dialogue multi-acteur au niveau national de façon large et inclusive. Si l’Afrique tient ses engagements, je suis convaincu que la solidarité et la coopération internationales tiendront les leurs ».

Atiku A. Ahmed, directeur des ressources en eau et de l’environnement de la Commission du bassin du lac Tchad : « Je suis satisfait à 70% »

Je suis là pour participer au 6e Forum Mondial de l’Eau de Marseille. J’apprécie vraiment les efforts qui sont faits pour améliorer la gestion intégrée des ressources en eau. Ma présence est active et je salue l’effort des initiateurs de réussir un tel événement qui va améliorer les connaissances et les compétences des acteurs de l’eau du monde. Parce que la gestion efficace de la crise de l’eau dépend aussi des échanges entre acteurs. Chacun de retour à son lieu de travail devrait travailler à mettre en pratique les acquis du Forum. A ce stade, je ne peux pas vous dire que je suis satisfait à 100% mais je le suis à 70%. Et je vais travailler à l’avenir avec ce que j’ai vu et entendu ici à être satisfait à 100%.

Emmanuel Seck, coordonnateur de projet ‘’environnement et développement du tiers-monde’’ au Sénégal : « Des solutions aux problèmes d’eau, il en existe en Afrique »

Je participe à ce sixième Forum Mondial de l’Eau pour partager mon expérience par rapport à ce que nous faisons au niveau terrain mais beaucoup plus pour donner de la visibilité à nos activités en matière de lutte contre la dégradation des terres. Nous savons tous l’importance de savoir exactement comment la gestion intégrée de l’eau et des terres peut contribuer au développement des communautés affectées par la désertification. Nos attentes par rapport à cette rencontre, c’est qu’il y ait un accès de l’eau pour tous. J’ai vu ici beaucoup de sociétés privées d’eau, mais nous devons savoir que l’accès à l’eau est un droit pour tous et il n’est pas question qu’au niveau de l’Afrique, les populations puissent en souffrir. Des solutions, il en existe. Il en existe même là où on ne penserait pas qu’elles existent. Les peuples de l’eau comme je les appelle, c’est-à-dire toutes les communautés qui vivent autour de nos fleuves ont des connaissances, des pratiques qui durant des millénaires ont permis de gérer rationnellement cette ressource. Ne serait-il pas possible de recueillir ces connaissances, de les valoriser et les faire partager davantage puisqu’on parle de développement durable ? Mais, je peux dire que je suis satisfait de ma participation à ce Forum Mondial de l’Eau.

Mohamed Nassur, DG de l’énergie, des mines et de l’eau des Comores : « Nous avons eu pas mal de résultats »

Le bilan de ma participation à ce Forum est positif. Nous avons eu pas mal de résultats qui donnent espoir aux Africains, qui donnent espoir à mon pays. On a dit que c’est le temps des solutions, et nous en avons eu. Nous avons eu des solutions techniques, technologiques et des pites pour accéder au financement. Venant d’un pays où la question de l’eau et de l’assainissement est cruciale, il y a de quoi être satisfait. Seul 12% des Comoriens ont accès à l’eau potable. Le taux d’accès à l’assainissement est de 7% au Comores pour une population de 700 000 habitants. S’il nous est possible d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière d’eau, cela nous semble impossible en ce qui concerne l’assainissement. Mais, nous entendons utiliser les acquis du présent Forum pour booster le secteur.

Boubacar Cissé, coordonnateur d’une organisation paysanne à Dori, au Burkina : « Que les conclusions du Forum soient mises en œuvre au profit de chacun »

Je prends part à ce Forum de Marseille au nom de mon organisation pour d’abord essayer de partager, de comprendre, de nouer des relations et des contacts. A cette étape, je ne dirai pas que mes attentes sont entièrement accomplies mais j’ai découvert énormément, j’ai découvert beaucoup de gens qui s’efforcent à trouver des solutions adaptées, simples et accessibles à toutes les catégories sociales notamment les paysans qui sont au Burkina Faso et particulièrement dans la région aride du Sahel. J’ai eu aussi beaucoup de contacts. De contacts en termes de partenariats qui peuvent être utiles pour nous en tant qu’organisation paysanne mais pour le Sahel également en termes de partage, en termes d’échanges. Ce qui a été beaucoup plus frappant pour moi, c’est la diversité.

C’est la diversité en termes de participants, c’est la diversité en terme d’idées, c’est la diversité en termes d’innovations. C’est aussi la diversité en termes de communication. Vous avez toutes les langues, vous avez toutes les nationalités mais tout le monde a un seul objectif : comment satisfaire l’humanité en matière de l’eau. C’est vraiment une satisfaction que nous tirons. Nous en tant qu’organisation paysanne nous nous sommes fait valoriser parce que nous avons dit ce que nous sommes, ce dont nous sommes capables et nous avons dit ce que nous attendons. Nous attendons que les conclusions de ce Forum soient diffusées, partagées et surtout mises en œuvre. Parce que, comme le thème l’indique, nous sommes à l’étape des solutions et non à l’étape des réflexions. Nous avons maintenant des solutions pratiques, qu’elles soient mises en œuvre dès demain au profit de tout un chacun selon ses besoins, selon son niveau.

Propos recueillis à Marseille par Grégoire B. BAZIE

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