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RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

Publié le vendredi 23 mars 2012 à 01h32min

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Voici un avis de recrutement que j’ai lu dernièrement dans les colonnes d’un journal de la place (ne cherchez à le trouver que si vous êtes fou) : « Avis de recrutement : Une rue de Ouaga 2000 cherche pour recrutement afin de renforcer ses folles ressources humaines, des fous professionnels. Profil : n’avoir jamais séjourné dans un centre psychiatrique, n’être pas de folie douteuse et justifier d’une expérience professionnelle de 10 ans dans un poste similaire ». Je remplis les deux premières conditions. Mais je n’ai jamais squatté une rue de Ouaga 2000. Pourtant, j’ai bien envie d’y aller. Voilà sans doute le dilemme auquel sont confrontés tous les jeunes chômeurs du Faso. La majorité des avis de recrutement qui paraissent dans les journaux, demandent au minimum une expérience professionnelle de deux ans.

Pourtant, les Burkinabè sont jeunes et nombreux viennent de sortir des écoles de formation. Comment peut-on demander à un étudiant qui vient juste d’avoir une maîtrise en droit de justifier de 5 ans d’expérience s’il n’a même pas encore pu faire un bon stage ? Devra-t-il attendre 5 ans avant de trouver un emploi ? Et d’abord, dans quelle entreprise trouvera-t-il ces années d’expérience si toutes les entreprises ne veulent pas de débutant ? Et voilà que l’expérience professionnelle se met à tuer l’emploi et à nourrir le chômage. Elle tue l’emploi dans la mesure où c’est finalement une poignée de privilégiés qui volent d’emploi en emploi au détriment de la grande masse. Une sorte de recyclage continuel de ceux qui ont ces années d’expérience pendant que les nouveaux diplômés piaffent à la porte de l’emploi, se débattant dans l’enfer du chômage.

Il est donc temps qu’on trouve des solutions. Mais d’abord, il faut situer le problème. Est-ce la faute des recruteurs ? On peut difficilement leur en vouloir de chercher à recruter un personnel de qualité et immédiatement opérationnel, quand on sait qu’il y a des postes de responsabilité qu’un débutant ne pourrait assumer. Mais je peux me donner le droit de condamner les recruteurs qui publient des avis de recrutement fantaisistes où ils demandent des candidats qu’ils ont déjà et qu’ils ont même commencé à payer. La responsabilité peut donc être ramenée du côté de l’Etat et du système de formation. L’Etat qui ne fournit peut-être pas assez de moyens pour recruter les nouveaux diplômés et le système de formation qui déverse sur le marché des messieurs et dames qui, comme des engoncés dans une camisole, ne savent que faire pour se trouver un emploi.

Cela dit, il faut trouver des solutions à ce problème. Je me lance en proposant d’abord aux recruteurs de revoir leur copie et revoir à la baisse ou de façon moins rigide la longueur de l’expérience. De plus en plus, les écoles de formation associent théorie et pratique, cours magistraux et stages pratiques. De sorte qu’à leur sortie, les étudiants ne sont plus aussi démunis qu’auparavant. Ensuite, je vais justement demander de revoir les systèmes de formation, surtout dans les établissements publics. Et si on formait de plus en plus des Burkinabè qui auront vocation à s’auto-employer au lieu des fonctionnaires qu’on fabrique actuellement dès l’école primaire ? La réflexion mérite d’être approfondie.

Enfin, à l’Etat, je vais lui demander de trouver des moyens qui encourageront les entreprises à recruter les nouveaux diplômés. Ce qui pousse certaines entreprises à ne pas recruter les jeunes, ce sont les charges patronales mises en balance avec le risque que le débutant ne réussisse pas la mission qu’on lui confiera. Elles préfèrent alors recycler leurs ressources humaines déjà présentes. Je propose qu’on institue une sorte de contrat premier emploi qui permettra aux entreprises de recruter en nombre des jeunes diplômés. Ils pourront travailler pendant deux ou trois ans et au bout, même si l’entreprise décide de s’en séparer, ils auront au moins eu le sésame qui leur permettra de postuler ailleurs. En contrepartie, l’Etat décharge les entreprises de certaines taxes et impôts. C’est une solution parmi tant d’autres. Alors, mettez-vous à la tâche afin que ceux qui viennent fraîchement d’embrasser le sacerdoce de la folie, puissent aller à Ouaga 2000.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 mars 2012 à 02:54, par RICARNO En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Grand merci pour ce cri de coeur qui arrive à point nommé !! je réagi pour appuyer un tant soit peu ce qui a été dit plus haut. Diplomé d’une Maitrise en Economie et Gestion des Entreprises et des Organisations (EGEO) de l’Université de Ouagadougou, peine m’a été de constater les super problèmes d’employabilité dans notre chère patrie. Ne trouvant pas d’entreprise dans laquelle faire valoir mes compétences et connaissances acquises après tant d’années sur les bancs et au lieu de rester inactif, j’ai entamé une recherche de stage, histoire de courir derrière "cette manne tant demandée par les entreprise qu’est l’expérience". Vaine fut ma quete après de longs mois d’attente et de promesses d’appel jamais concrétisées. Bref, je me suis remis sur les bancs... Le problème est tellement critique que la quasi totalité des diplomés de ma promotion qui ont eu la chance de trouver un emploi se retrouvent à travailler dans des domaines autres que leur formation de base !!! Quelle misère et quelle tristesse !!! à quoi bon trimer à se former si au bout du compte on n’use pas de ce savoir ??? Le fou, une fois encore merci pour cette belle initiative en espérant qu’elle trouvera une oreille attentive de la part de nos "en haut en haut".

    • Le 23 mars 2012 à 18:10 En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

      Bel article Monsieur le fou.Mes félicitations !
      Cet article expose réellement le grand problème de l’emploi au Burkina.L’option d’années d’expériences, n’est d’autre qu’une discrimination qui ne dit pas son nom.Cela exclu les jeunes diplômés en fin de formation qui n’ont pas encore d’expériences.Pourtant c’est en forgeant qu’on devient forgeron. C’est en s’intégrant qu’on peut avoir de l’expérience.pour avoir simple stage là-même c’est tout un problème. Par quel moyen peut avoir l’expérience ?
      Nous lançons donc un cri de cœur à nos pour qu’il puisse revoir c’est différents critères de sélection afin d’aider toute personne diplômée de pouvoir bénéficier de ces offres.

  • Le 23 mars 2012 à 06:42, par Beurk En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Le Fou,tu ne pourras jamais poser tes fesses à Ouaga2000 car ceux qui sont là bas,ne sont pas fous comme toi mais tu as raison de persister,ce qui montre que tu es vraiment fou.En tout cas,pour ma modeste contribution à ce problème,il faut que l’Etat et les entreprises cessent d’etre trop rigides.
    Comme mesure incitative,l’Etat peut encourager les entreprises à embaucher en les exonérant de charges fiscales pendant 1 an pour chaque débutant sur le marché de l’emploi.Par contre,il ne faudra pas que des esprits malins s’engouffrent dans cette brèche pour se faire des salariés poubelles en les jetant au bout d’un an pour rebeloter.
    Ainsi si chacun joue le jeu honnêtement je t’assure que toi Le Fou et beaucoup d’autres chomeurs,vous poserez bientôt vos fesses à Ouaga2000

  • Le 23 mars 2012 à 08:23 En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Et quand c’est l’Etat lui-même qui demande des expériences professionnelles lors des recrutements soit par les EPE, soit pour le compte de leurs « portes de la fraude »(disait Soungalo Ouattara) que sont les mesures nouvelles dans les ministères ?

  • Le 23 mars 2012 à 08:46, par pas content En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    le Fou je suis d’accord avec toi, mais il faut revoir l’age de la retraite pour permetre au jeunes de travailler.
    60 ans ils sont fatigué dans les services et certains même ne font plus rien chaque fois malad, ou soit il viennent en retard et parten souvent avant l’heure.
    nous avons souvent des retraités qui négocien pour revenir dans des services et ils sont payés le double de leur salaire.
    salaire, on pouvait prendre pour recrute deux à trois jeunes il prefère rapeler le retraité soit disant qu’il a l’expérience et les jeunes ne vont -ils pas aussi acquérir l’espérience avec quelque année de travail ?

    C’est le cas de mon institution nous ne sommes pas content mais personne ne peut ouvir la boucle pour dire la vérité
    si chacun doit revenir nos frères,soeurs, nos enfants que deviendront -ils si les vieux ne veulent plus partir à la retraite.

  • Le 23 mars 2012 à 09:22, par le voyant En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Merci le fou pour cet article.
    Franchement la majeur partie des problèmes d’emplois qu’on a dans ce pays trouvent leurs origine dans cette fameuse histoire d’expérience.Comment voulez vous que quelqu’un qui vient de finir sa formation ai de l’expérience si vous lui donné pas la chance d’avoir un petit emploi ?Je trouve que c’est une forme de discrimination utilisé pour pouvoir placer leurs proches.Ce problème d’expérience engendre d’énormes conséquences la preuve des milliers de personne sont au chômage.Ce qui est marrant dans cette histoire personne de parle de sa et je peux même dire que sa intéresse peu le Ministre de l’emploi et ces différents collaborateurs.Vous parlez de promouvoir la formation professionnelle en oubliant l’insertion de ces derniers dans la vie professionnelle.C’est vraiment triste.
    Je pense que le gouvernement actuel si il aime vraiment et compte vraiment sur cette jeunesse, doit trouver des moyens pour lutter contre les mesures discriminatoires lors des recrutements.Ainsi nous pourrions ensemble parler d’un Burkina émergeant.

  • Le 23 mars 2012 à 10:09 En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Bonjour le fou,
    C’est une préoccupation réelle que vous posez là ; surtout qu’il s’agit en plus d’une astuce utilisée pour se voir mettre des copains à des postes. Si ces individus qui en bénéficiaient sous le prétexte de l’"expérience" étaient vraiment compétents ; on n’aurait à redire. Mais là où se trouve le hic : C’EST LA CONFUSION ENTRE ANCIENNETÉ ET EXPÉRIENCE.
    Sont-ils combien de recruteurs qui cherche à aller au delà du CV ? qui vont demander à l’ancien employeur si l’élément à recruter a connu des expériences réussies ? surtout qui cherchent à voir, à apprécier par eux-mêmes ou par des spécialistes du domaine les travaux effectués par ce dernier ?
    A l’endroit des recruteurs, par moment, quand je lis les offres, j’ai l’impression qu’ils ont fait du copier-coller ou qu’ils connaissent pas très bien les exigences du poste pour lequel ils veulent recruter : surtout les domaines techniques comme la statistique, l’informatique ou la finance analytique. Même si le commanditaire n’a pas une idée nette de ce qu’il veut, il appartient au recruteur (en supposant qu’il connait très bien les nouveaux besoins des entreprises/organisations dans la compétition mondiale) de l’aider à affiner sa demande. Le gros problème dans notre pays, les gens ne veulent pas accepter qu’ils connaissent pas. Quand c’est ainsi, on avance pas !!!!!!!!!!!!
    Cordialement !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Le 25 mars 2012 à 22:55, par eltog28 En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Quittez ici : supposons k tt le monde ait une expérience de 10ans. Vous pensez q tt ces diplomé oron un job ? Non car il suffi dalé voir le nombre détudian en maitise de droit ou économi : vs tombere des nues, ils valen 600.Dc imaginez q chak anné on a 1200 maitrisar en drw et en éco donc... expérience ou pa, il ya en qui von chomé.Revoyer les type de formations et vs verez.

  • Le 25 mars 2012 à 23:10, par warend En réponse à : RECRUTEMENTS AU BURKINA : Quand l’expérience professionnelle tue l’emploi

    Très bon article. Pour ma part, j’aimerais ajouter ceci.
    Certes la barre est très haute coté expérience quand on parle de recrutement au Burkina Faso. C’est toujours trop facile de remettre la faute aux autres au point où l’on en cri haut et fort. Je suis pas en train de dire que vous avez tort. Les entreprises et l’Etat sont les premiers fautifs. Ça c’est indiscutable. Mais quelque part, NOUS, jeunes diplômés avons aussi notre part de responsabilité. Pourquoi chercher coûte que coûte à aller travailler dans l’entreprise d’autrui ? Pourquoi ne pas créer nos entreprises ? Vous citerez tant de problèmes à ce niveau aussi. Mais l’Etat encourage l’entreprenariat à l’heure actuelle, tentons quelque chose. S’ils ne veulent pas nous recruter, devenons leurs concurrents. Continuons notre lutte pour le recrutement des jeunes diplômés tout en essayant de créer aussi des emplois en entreprenant.

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