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Intelligence de la foi : L’enfer existe-t-il ?

Publié le vendredi 23 mars 2012 à 01h24min

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Qui peut prétendre répondre à cette question ? Ce qu’on observe simplement, c’est qu’on n’hésite pas à coller l’étiquette « enfer » sur les drames qui se déroulent dans notre monde. Ainsi, on put considérer que les massacres interethniques qui ont eu lieu lors du génocide du Rwanda étaient comme une sorte d’« enfer sur la terre ». Cela dit, quand il s’agit d’affirmer l’existence de l’enfer comme un destin éventuel de l’homme, alors, les avis deviennent divergents.

Pour beaucoup de gens aujourd’hui, y compris parmi les chrétiens, l’enfer n’existe pas. En effet, disent-ils, si Dieu est Dieu, il doit être un jour vainqueur du mal. Or, si l’enfer existe éternellement, la victoire de Dieu n’est pas complète. Il n’est donc pas possible d’imaginer que Dieu tolère un lieu de torture éternelle. Dans la même logique, certains catholiques font remarquer que le mot « enfer » ne se trouve pas dans les textes du Concile Vatican II, qui donnent pourtant des orientations majeures pour la vie de l’Eglise catholique.

Alors, que faire ? Faut-il faire passer à la trappe ce « lieu d’en bas » qui inculquerait une fausse image de Dieu et inviterait à désespérer de l’homme ? Faut-il cliquer « ignorer » sur le mot « enfer » ? Regardons ce qui se passe dans la Bible, notamment dans le Nouveau Testament : Jésus parle de l’enfer comme d’un feu qui ne s’éteint pas, d’une fournaise ardente, d’un lieu de ténèbres. « Là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt 8, 12).

Le Fils de l’homme lui-même prononce la sentence définitive : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Mt 25, 41). Faut-il interpréter ces paroles imagées de façon littérale ?

Certainement pas. Mais, on peut y discerner un message livré à la fois sur Dieu et sur l’homme. D’abord une parole sur Dieu : Parler de l’enfer ne signifie pas qu’on veut faire de Dieu, un Dieu sadique, pervers et vengeur. Parler de l’enfer signifie que le pouvoir de Dieu s’arrête au seuil de la liberté de l’homme. L’être humain n’est pas un jouet entre les mains de Dieu.

Aussi paradoxale que cela puisse paraître, on peut affirmer que le Tout-Puissant n’a pas la capacité de retourner l’attitude de l’homme. En l’homme, Dieu a couru le risque de la liberté. Dieu invite l’homme à son aventure d’amour, il lui demande d’avoir confiance en lui, mais il ne lui impose pas un destin.

Dieu ne veut pas l’enfer, mais peut-être ne sait-il pas trop quoi faire si l’homme lui-même travaille à susciter cet enfer. Dieu prend simplement acte, dans le respect de la liberté de l’homme. Si l’évocation de l’enfer est une parole sur Dieu, elle est encore plus une parole sur l’homme : une parole sur sa liberté et sa responsabilité.

Une chose est sûre : dans les Evangiles, Jésus n’annonce pas l’enfer, mais le Royaume de Dieu, la venue du salut. Ce Royaume a des exigences fortes. Il invite à la conversion. Du coup, l’homme se retrouve devant des choix à opérer : pour Dieu ou pour l’idole, pour la vie ou pour la mort, pour la communion ou la dispersion.

L’enfer serait donc le choix humain de l’enfermement et de l’isolement, le refus de la proposition de bonheur de Dieu. Ainsi, « le châtiment ne vient pas de Dieu, il vient du dedans, comme celui qui ferme ses volets et qui, du même coup, est privé de la lumière du soleil » (François Varillon).

Que dire encore ? Simplement ceci : ni Jésus, ni l’Eglise n’enseignent que des hommes sont effectivement en enfer. Jésus libère toujours l’homme de ses angoisses et l’Eglise évite de juger les hommes, même si elle parle de la damnation éternelle comme d’une possibilité réelle.

Ce qui n’empêche pas d’espérer le salut de tous et le salut pour tous. Le discours sur l’enfer nous dit ceci : il y a des comportements qui sont porteurs de mort. Il y a des attitudes qui construisent progressivement une logique d’enfer. Il faut donc choisir la vie et s’ouvrir à l’amour, car le dernier mot du christianisme n’est pas l’enfer, mais la victoire sur la mort.

Jean-Paul Sagadou : Assomptionniste

L’Observateur Paalga

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