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Vision Express sur… : L’administration et les élèves après une année de crise

Publié le vendredi 23 mars 2012 à 01h22min

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Vraiment, on ne sait plus si c’est l’administration qui décide ou si ce sont les élèves dans certains établissements qui le font à sa place. Le constat est clair et patent. On ne sait plus qui est éducateur ou encadreur et qui est élève. Les preuves sont telles que dans certains établissements, l’administration ne peut plus prendre de décision sans le consentement des élèves. « Si vous faites, on vous chasse comme votre prédécesseur … ». Ces propos ont été tenus par des élèves devant un surveillant au regard impuissant dans un établissement. Mais, si on mène la réflexion on peut comprendre aisément le contexte de tels propos.

En effet, le Burkina Faso, faut-il le rappeler a connu une grave crise dans le 1er semestre de l’année 2011. Une crise née dans le milieu scolaire et qui a fini par embrasser les autres secteurs et couches sociales. Avec beaucoup de conséquences internes et externes. Ainsi, tout au long de l’année 2011, des élèves se sont levés pour réclamer le départ de certains chefs d’établissements et personnels pour plusieurs mobiles. Le gouvernement s’est vite saisi de la question et leurs revendications ont été satisfaites.

Après une année scolaire très agitée, les rapports entre administration et élèves sont fortement fragilisés. La dialectique du maître et son esclave a donc fait ses preuves. Mais négativement dans notre cas ! En ce sens que les élèves ne se positionnent plus en qualité d’apprenants. La moindre décision émanant de l’administration est contestée. La question qu’on se pose est de savoir quel avenir réserve-t-on à l’éducation dans notre pays dans un tel contexte ? Le gouvernement va-t-il persévérer dans sa position en acceptant une exigence quelconque des élèves pour préserver la paix sociale ? Dans ces conditions, les responsables d’établissements et leurs personnels continueront de subir les humiliations des élèves qu’ils doivent enseigner et encadrer. Récemment des élèves se sont levés pour demander des comptes à leur censeur parce qu’il serait venu en retard au lycée.

Dans le même établissement, un professeur d’allemand a été contraint d’abonner une classe à la demande des élèves, tout simplement parce qu’ils n’aiment pas sa méthode d’enseigner. Qu’à cela ne tienne, on peut penser que ce sont des choses qu’il ne faut pas admettre en matière d’éducation. Si nous voulons réussir une éducation de qualité et faire de nos enfants des hommes responsables de demain, il ne faut pas mettre les sentiments au-devant. L’objectif est d’abord d’inculquer des valeurs civiques et morales.

On peut encore se rappeler qu’après la mutinerie, le gouvernement avait pris ses responsabilités et son courage à deux mains et annoncer des sanctions contre les mutins. Beaucoup ont été révoqués et d’autres blâmés. Il est vrai qu’en période de tension, il est normal de succomber face à la pression et à la menace. Mais pour la cause de notre système éducatif, un secteur aussi primordial pour le développement de notre pays, il faut prendre les responsabilités pour instaurer l’ordre dans le milieu scolaire. Et pour cela, la contribution de tous est nécessaire.

Zanga Souleymane DAO (ddaosouleymane@yahoo.fr)

L’Express du faso

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