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WADE-SALL : L’argent fera-t-il la différence ?

Publié le mercredi 21 mars 2012 à 00h56min

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Le Sénégal polarise l’attention à quelques jours du deuxième tour de l’élection présidentielle devant mettre aux prises l’actuel chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, et Macky Sall, avec autour de lui la plupart des leaders de l’opposition. Après des joutes oratoires bien nourries, c’est l’argent qui trône à l’avant-scène de ce second tour prévu pour dimanche prochain. L’opposition a en effet entrepris d’alerter l’opinion car, selon elle, l’argent circule beaucoup trop en ce moment au Sénégal. Cela ravive les tensions et la levée de boucliers actuelle traduit une forme d’inquiétude au fur et à mesure que l’échéance du dimanche rapproche les candidats et leurs partisans de l’urne. Le régime Wade s’en défend, mais sa pratique est bien connue.

Un secret de Polichinelle puisque, par le passé, le chef de l’Etat avait même été accusé d’avoir remis une forte somme au représentant résident du FMI venu lui faire ses adieux. Ce « cadeau » pour « services rendus » à la République reconnaissante, avait, à l’époque, fait scandale. Pourtant, l’achat de consciences ne constitue point chose nouvelle au Sénégal. Ce pays est d’ailleurs loin d’être une exception en Afrique. Le phénomène a toujours défrayé la chronique un peu partout, que ce soit lors des élections municipales, parlementaires ou présidentielle.

Cette fois, il prend de l’ampleur en raison de l’importance de l’enjeu du scrutin, à savoir la candidature contestée de Me Wade et le désir particulier d’une bonne partie de la classe politique de se débarrasser du président-candidat. Après lui avoir facilité l’accès au palais de la présidence et accepté pour la plupart de partager avec lui les gâteaux de l’alternance démocratique, les leaders de l’opposition ont choisi cette fois de faire bloc contre Abdoulaye Wade et son Parti démocratique sénégalais (PDS). Mais, le rusé vieillard reste de marbre. Il sait pouvoir compter sur deux grands atouts : le pouvoir des marabouts et l’argent, lequel pèse beaucoup par ces temps de vaches maigres.

Par ailleurs, l’occupant du palais de Dakar n’ignore pas que dans les républiques bananières, lors du scrutin présidentiel, les régions sont généralement mises en compétition par élites des villes interposées. C’est en effet à qui récoltera le plus de bulletins favorables au chef de l’Etat. Il faut se surpasser et pour ce faire, il faut mobiliser d’énormes masses d’argent. Or, lui Wade n’en manque visiblement pas ! Dans un pays pauvre, on aura toujours du mal à lutter contre l’achat de consciences. En la matière, l’électeur sénégalais connaît suffisamment ses élites pour savoir à quoi s’en tenir. Combien sont-elles à avoir pu résister au partage du gâteau avec Wade ou Diouf ? En cette période où la vie chère s’impose partout, qui peut parier que l’électeur saura résister à l’appât du gain ?

Quelle certitude que le message de l’opposition atteindra sa cible ? Certains messages passent difficilement car, en son temps, repus, l’on n’a pas su répondre aux aspirations du citoyen électeur. Ils passent encore moins lorsque face à la cruauté de la vie quotidienne qui est loin d’être virtuelle, l’on ne peut que faire des promesses, toujours des promesses. Pendant ce temps, l’adversaire, lui, propose sur-le-champ à des gens démunis, de quoi faire bouillonner à nouveau la marmite. Or, pour qui connaît la réputation de la cuisine sénégalaise, autant que la générosité de son peuple si hospitalier, l’argent sera toujours difficile à écarter de l’itinéraire. La voie est donc toute tracée pour les ouvriers des achats de consciences. Faut-il en pleurer ?

En tout cas, depuis belle lurette, la pratique a cours dans les pays du continent. L’argent public sert à alimenter le clientélisme et à se faire élire. Un vrai drame d’autant que rares sont les leaders politiques africains qui peuvent se vanter de n’avoir jamais soudoyé une partie de l’électorat lors des campagnes politiques. C’est pourquoi dans le combat qui oppose Macky Sall à Abdoulaye Wade, l’argent pourrait bien faire la différence. Surtout si cet octogénaire de président-candidat immensément fortuné, sait effectivement « vendre » sa salade et « acheter » l’appétit de gens qui ont…faim, ou même la conscience de ceux qui étaient restés chez eux au premier tour. Aujourd’hui, à deux pas du second tour, les « anciens proches » de Wade et une bonne partie de l’opposition et de la société civile se montrent excédés par la proportion que prend l’argent dans ce scrutin. Le dégoût est là et la crainte est manifeste de voir l’argent triompher au soir du dépouillement.

L’urne pourrait puer l’argent sale ! Cela inquiète Sall et ses partisans, dont de nombreux jeunes. C’est bien légitime car l’achat de consciences fait courir à l’Afrique et donc à l’expérience démocratique de sérieux dangers. A ce propos, sans doute le Sénégal du futur devra-t-il se pencher sur un problème de taille : le financement des campagnes électorales et le vote de la filière maraboutique ou du moins son instrumentalisation lors des élections. Comment, en effet, parvenir à gérer ces personnes influentes dans une démocratie républicaine vraie, sans s’aliéner leur concours et provoquer un cataclysme national ? Et parallèlement, comment en venir à bout de l’argent qui occupe tant les esprits ? En tout cas, l’opinion africaine attend de voir si les Sénégalais accepteront de se laisser « acheter » ou pas. Qui donc décidera dimanche prochain du sort du Sénégal et des Sénégalais ? Le « xalis » (argent en wolof) ou…le vote responsable ?

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 21 mars 2012 à 16:18 En réponse à : WADE-SALL : L’argent fera-t-il la différence ?

    Prenez l’argent que wade vous a volé bouffer mais ne le votez pas.

  • Le 21 mars 2012 à 17:22 En réponse à : WADE-SALL : L’argent fera-t-il la différence ?

    Que Wade ne gaspille son argent, car il en aura besoin pour sa retraite. "L’achat de conscience", autre fois une réalité de nos jours que les politiciens comprennent que la population boufera leur argent mais dans les urnes cette même population votera celui qui est le mieux pour conduire le pays.

    • Le 22 mars 2012 à 14:46, par omar En réponse à : WADE-SALL : L’argent fera-t-il la différence ?

      Qui aurait cru à un second tour au Sénégal ? Wade a cru écraser ses adversaires des le premier tour et nous avons tous cru que valider sans candidature c’est déjà le réinstaller sur le fauteuil.les sénégalais sont mûrs et ils savent qui pourra les conduire sainement.Wade ne pourra acheter tous les sénégalais et le soir du 25 mars sera sans doute celui des deuils d’un grand homme atomisé pour n’avoir pas su quitter les choses avant qu’elles ne le quittent.GORGUI comme tandja tu sortiras par la plus petite des portes,mais stp ne fais pas comme gbagbo si tu veux sauver ton âme et donner une chance à celui pour qui tu refuses de quitter le pouvoir : ton fils karim.A quand l’AFRIQUE ?

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