Cependant, il importe de se poser les bonnes questions et de s’interroger sur l’applicabilité de cette loi à l’heure où le positionnement des candidats a certainement commencé au sein des états- major des différents partis. Pour avoir écarté les femmes pendant si longtemps, pourront-ils les positionner correctement sur les listes électorales sans risquer l’éclatement ? A l’évidence, le premier défi pour les partis, c’est une nouvelle culture politique qui intègre la prise en compte du genre dans les stratégies de conquête du pouvoir. Autrement, l’autre moitié doit aller au-delà des postes qui lui sont traditionnellement réservés, pour travailler main dans la main avec les hommes.

De l’avis des partis de l’opposition (où les femmes ne se bousculent pas parce que c’est déjà difficile pour les hommes), les choses ne seront pas aisées. Malgré leur bonne volonté, le manque de personnel politique féminin sera un handicap pour eux. Alors, cette loi sur le quota genre sera-t-elle l’apanage des grandes formations politiques comme le CDP ou l’ADF-RDA ? On imagine déjà les grincements de dents que cela provoquera surtout que la loi stipule que les partis qui n’auront pas atteint ce quota verront leurs financements amputés de 50%. On peut alors s’attendre à des positionnements intéressés frisant la figuration.

Alors, pour que la loi sur le quota genre ne contribue à infantiliser les femmes, il faut que ces dernières se l’approprient. Il y va de leur responsabilité de se battre pour mériter d’abord d’être positionnées sur les listes électorales. Dans la réalité, si les femmes n’occupent pas le terrain et comptent sur le quota genre pour se retrouver sur les listes, il y a fort à craindre que les hommes ne retirent de la main gauche ce qu’ils leur ont donné avec la main droite. Et puis, il ne faut pas sous-estimer les pesanteurs socioculturelles. Combien d’hommes sont-ils prêts à accepter de voir leurs épouses entrer en politique, un monde qui a une mauvaise réputation ?

Il faut donc changer l’image de l’homme ou de la femme politique qui rime bien souvent avec mensonges, corruption, coups bas et vices divers. Enfin, si la loi sur le quota genre (qui, précisons-le, ne porte pas sur les résultats mais sur les listes) a pour objectif de favoriser une meilleure représentativité des femmes dans les sphères de décision, il faut continuer à réduire les inégalités existantes dans l’accès et le maintien des filles à l’école. Plus les filles iront loin à l’école, plus elles seront aptes à assumer de hautes fonctions dans les sphères de décision.

SIDZABDA

Le Pays