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Ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie : « L’Etat du Burkina Faso n’a rien à cacher des recettes générées par les sociétés minières dans notre pays » dixit le ministre Salif Lamoussa Kaboré

Publié le mardi 20 mars 2012 à 01h06min

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La gestion des sites miniers, des carrières et de l’énergie sur toute l’étendue du territoire national est confiée au département ministériel des mines, des carrières et de l’énergie dirigé depuis janvier 2011 par Salif Lamoussa Kaboré précédemment Directeur général de la société nationale burkinabé d’électricité (SONABEL). Après deux ans à la tête d’un secteur classé parmi les plus prolifiques de notre pays, nous sommes allés à la rencontre du premier responsable de ce département stratégique. « Sur le tapis rouge », le ministre Salif Lamoussa Kaboré, nous dévoile, les grandes lignes de la politique minière de notre pays, les préoccupations concernant les sites de carrières et les difficultés énergétiques.

Quelle est la politique assignée à votre département ministériel à savoir, celui des mines, des carrières et de l’énergie ?

La dénomination du département permet de dire que nous devons travailler à concevoir et à développer notre politique en matière de mines dans toute sa dimension , en matière de carrière et d’énergie. Pour que ces trois éléments participent au développement économique et social de notre pays.

On assiste à un boom minier dans notre pays, dites-nous quelles sont les conditions requises pour l’ouverture d’un site minier au Burkina Faso ?

Le ministère des mines, des carrières et de l’énergie a été crée en 1995, et nous avons commencé à faire les journées de promotion minière qui consistent à vendre les atouts de notre pays, à attirer les investisseurs dans le domaine minier ; ce qui demande surtout beaucoup d’argent. Pour obtenir un permis de recherche, l’investisseur minier qui peut être une personne physique ou morale, prend les coordonnées du site et les dépose au cadastre. C’est le principe du premier venu, et du premier servi. A partir de là, il y a une étude qui est faite au niveau de la direction générale des mines, de la géologie et des carrières. Et lorsque la demande est jugée recevable, l’intéressé est invité à venir payer le droit et à partir de là, il y a un permis d’exploitation qui est octroyé pour une période de trois ans renouvelables deux fois. Cela veut dire que le détenteur du permis de recherche a neuf ans pour travailler et mettre un gisement jugement en évidence.

Qu’est-ce que l’Etat fait pour la transparence dans les industries extractives comme les sites miniers ?

On a toujours parlé dans les pays qui ont une tradition minière, du paradoxe de l’abondance ou de la malédiction de la richesse du sous-sol, ce qui fait que certaines organisations de la société civile disent qu’ils ne savent pas où vont les richesses tirées du secteur minier. C’est ainsi que des ONGs ont mis en place l’initiative pour la transparence dans les industries extractives. Le Burkina Faso s’est inscrit dans ce volet là. Certes, l’initiative au niveau national est pilotée par le ministère des finances et nous travaillons à ce que d’ici le premier trimestre 2013, le Burkina Faso soit un pays conforme. Nous avons pris des engagements pour pouvoir aussi publier les recettes issues de la vente de la richesse tirée de notre sous-sol.

Le Burkina Faso a déjà publié les recettes de 2008 et 2009. Et nous nous sommes engagés pour que d’ici la fin de l’année les recettes de 2010 soient publiées. Et nous avons travaillé pour qu’à l’avenir, on puisse rendre public tout ce qui est tiré de notre sous-sol pour permettre à tout le monde de savoir que l’Etat du Burkina Faso n’a rien à cacher des recettes générées par les sociétés minières dans notre pays.

Lorsque les mines proposent leur site pour exploitation et que le ministère en propose un autre. Que faites-vous dans ce cas ?

Une société minière a, ce qu’on appelle, un plan de développement qui dit que si la mine a une durée de vie de plus de 10 ans, voilà ce que nous allons produire annuellement. Ce qui est évident c’est qu’on peut avoir des recoupements de chiffres produits par la société minière et aussi par le ministère. Lorsqu’il y a une coulée d’or sur un site minier, toutes les parties prenantes partent au niveau du site. Entre autres le ministère, la douane, la société minière et les transitaires. Il y a aussi des structures de contrôle qui peuvent nous permettre de savoir si ces sociétés travaillent normalement.

L’exploitation minière engrange des richesses mais aussi des problèmes notamment, la fuite des enfants vers les sites d’orpaillage. Qu’est ce que l’Etat fait pour mettre fin à cela ?

Il est vrai que l’orpaillage est un « mal nécessaire » qui est apparu depuis les années 80 dans notre pays. Effectivement dans certaines zones on assiste donc a l’emploi des enfants sur les sites d’orpaillage. La réflexion est menée aujourd’hui avec le ministère de l’action sociale pour endiguer ce fléau parce que le Burkina est interpellé sur le plan international et avec le ministère chargé de l’éducation, des réflexions sont menées pour voir comment on peut créer des centres de formations au niveau de ces zones d’orpaillage. C’est un travail de longue haleine. Car avant tout, il faut conscientiser les parents pour qu’ils empêchent les enfants d’y aller. L’Etat a un rôle à jouer à ce niveau pour qu’on puisse expliquer que l’orpaillage n’est pas indiqué pour les enfants.

Vous avez interdit l’orpaillage pendant la saison hivernale à cause notamment des nombreux éboulements constatés ça et là sur les sites. Qu’est ce qui peut être fait pour arrêter complètement cela ?

L’Etat a commencé à organiser le secteur de l’orpaillage depuis 1986. Pendant la saison pluvieuse, on fermait les sites et la police de sites miniers était chargée d’organiser et interdire l’accès à ces sites. Malgré les interdictions, on assiste à la présence de certains orpailleurs. On ne peut pas permettre à ces orpailleurs de mettre leurs vies en danger. L’année dernière nous avons fermé les sites, on a assisté à des éboulements, mais pas comme les années précédentes. Cette année, nous allons réfléchir avec le ministère de l’administration territoriale et les gouverneurs, pour voir quelles sont les mesures que nous pouvons prendre pour renforcer la présence des forces de l’ordre en ces lieux. D’Ici, nous allons sortir un arrêté pour rappeler que, du mois de juin jusqu’en fin septembre, les sites d’orpaillages sont fermés.

Qu’est-ce que l’Etat fait concrètement pour une bonne collaboration entre les sociétés minières et les populations riveraines ?

Quant une société minière vient s’installer, elle fait une étude d’impact environnemental et social qui détermine ce qu’elle doit faire au niveau des populations en termes de dédommagement, et de réinstallation. Et cela est consigné dans un document dont nous veillons à son respect. Il va s’en dire que dans la vie de tous les jours, l’entreprise minière a un rôle social à jouer. Mais nous pensons que cela ne peut se faire que dans un cadre de dialogue et de partenariat où les populations peuvent exprimer leurs besoins et où l’entreprise minière peut analyser et donner soit une suite favorable ou défavorable. Pour éviter tout les problèmes, le gouvernement à décidé de mettre dans chaque région une structure de concertation, présidée par le gouverneur, assisté par les Hauts-commissaires et toutes les parties prenantes (communautés coutumières et religieuses, associations de jeunes et organisations de la société civile). Et l’Etat à travers le ministère de l’administration territoriale et celui des mines participe en tant que « personne ressource » pour que la cohabitation soit faite de façon intelligente et qu’on évite les problèmes.

On parle d’exploitation de l’énergie solaire. A quel stade se situe le Burkina Faso ?

Que se soit dans la SCADD, qui est le point de référence aujourd’hui ou le programme présidentiel, il est établi que nous devons mettre l’accent sur les énergies renouvelables. Mais comme vous le savez, pendant longtemps, cette énergie qu’on dit abondante dans nos contrées est une énergie très chère. Aujourd’hui la réflexion est menée au niveau de la société nationale d’électricité (SONABEL), pour que nous ayions des sites pour expérimenter cette énergie solaire. C’est ainsi que dans des zones comme Déou, le Fonds d’électrification a déjà procédé à une électrification hybride, c’est-à-dire solaire et thermique. Au niveau de la SONABEL il y a des projets d’installation de sites solaires à Zagtouli, à Kaya et dans la zone de Ouaga 2000. Cette énergie fait partie des préoccupations de notre pays et nous nous attelons avec les partenaires techniques et financiers, à rende ce problème concret dans les prochaines années.

Actuellement avec les nouvelles machines, peut-on dire que la SONABEL pourra satisfaire les besoins de la population ?

Le rôle de l’Etat est d’accompagner la société d’électricité à faire des investissements au niveau thermique pour satisfaire la demande. C’est ainsi que le site de Komsilga a été créé. Il y a également un investissement qui sera fait au niveau de la centrale de Bobo-Dioulasso. Tout cela pour satisfaire à la demande d’énergie dans notre pays.

Quels sont les grands projets du Burkina Faso dans le domaine des carrières ?

Aujourd’hui, nous avons recensé l’ensemble des carrières qui sont en exploitation et qui doivent générer des ressources. En 2012, nous allons nous atteler pour que tous ceux qui détiennent les permis au niveau des carrières soient en règle vis-à-vis de l’Etat. Et la réflexion est menée pour pourvoir exploiter le calcaire de Tinasal. Nous pensons que dans les prochaines semaines, nous allons donner une autre orientation de ce que nous voulons faire des carrières dans notre pays.

Propos recueillis par Firmin OUATTARA & Jules TIENDREBEOGO

L’Express du Faso

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