LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

Publié le vendredi 16 mars 2012 à 01h41min

PARTAGER :                          

« Guantanamo », tristement célèbre camp de détention américain situé au sud-est du Cuba. C’est à cet endroit que nombre d’étudiants de l’Université "imagent" et donnent aperçu de leur temple du savoir, l’Université de Ouagadougou.

Unité de formation et de recherche en sciences juridiques et politiques (UFR/SJP), droit. Fin février 2012, les résultats de la seconde session (session de rattrapage) sont annoncés successivement : 1ère année, 2ème année, 3ème et 4ème année. « Comme d’habitude, les résultats sont mauvais », notent des étudiants à la délibération au niveau de chacune des promotions. Le « cauchemar » de cette session semble avoir battu record au niveau de la 4ème année. L’actualité de la 4ème année cache les autres résultats. Sur les notes récoltées, la matière d’un des « célèbres » enseignants de l’UFR/SJP, Pierre Meyer (Droit international privé) tient la tête avec 600 zéros.

« Est-ce l’enseignant qui est trop fort ou ce sont les étudiants qui sont très faibles ? », a-t-on envie de se demander avec cet artiste burkinabè. Indignation ! C’est à ne rien comprendre. Même le directeur de l’UFR, sans juger, semble être importuné par « cette affaire » (confère page 2 du journal L’Eveil Education dans son numéro 197 du 05 au 19 mars 2012). « A l’Université, les bonnes notes sont l’exception, les notes minables étant devenues la règle », confie un candidat ajourné à la maîtrise. Où se situe donc ce casse-tête ?

Mardi 6 mars 2012, de 10 heures à 13 heures, le Pr. Luc Marius Ibriga a cours avec ses étudiants de la 4ème année au Pavillon F. Comme tout enseignant (du moins la plupart) et en bon père de famille, le Pr. Ibriga, avant d’entrer dans le vif du sujet, consacre une partie du temps, en ce premier contact, pour prodiguer des conseils de toutes natures. Dans ce pavillon riche d’environ un millier d’étudiants, c’est le silence et tous ont les yeux et les oreilles fixés et tendus sur celui-là qui les tient en Droit communautaire. Sans nul doute, il est l’un des professeurs les mieux appréciés : maîtrise de ses matières, pédagogie, proximité avec les étudiants, simplicité, ses conseils etc. (il dispense le cours de l’Introduction à l’étude du droit , IED, en 1ère année).

Mais, en "Fac", son nom suffit aussi à vous faire comprendre qu’il est de ces enseignants dans les matières desquelles les bonnes notes sont rares comme les béliers à testicule unique. En cette fin de matinée, les étudiants avaient le loisir de poser toutes leurs préoccupations. A la préoccupation d’intervenants sur la "cherté" dans les corrections chez certains enseignants, le constitutionnaliste ne fait pas la langue de bois. « Sur la question qu’on note cher, ce sont des histoires. On ne doit pas tirer les gens vers le bas, la médiocrité. Ce serait dévaloriser notre diplôme. Je ne vais pas amener les étudiants dans la médiocrité et la complaisance. Ce serait les flatter et compromettre leur avenir. Je ne vais pas faire plaisir aux étudiants, ce serait de la démagogie (parce c’est faire semblant de les aimer) et du populisme (parce qu’on veut plaire). Je ne tire aucun plaisir avec les mauvaises notes ».

Tout en évoquant les conditions de vie et d’études difficiles des étudiants, le Pr. Ibriga fait remarquer qu’ « On ne peut pas former des cadres en comptant sur leurs conditions de vie ». Puis, il préconise : « Il faut résoudre un certain nombre de questions, notamment celles liées aux infrastructures sinon, on aura de plus en plus des lacunes plus grandes ». Qu’à cela ne tienne, le Pr. Ibriga se veut ferme dans sa vision de formation car, estime-t-il, le monde est de plus en plus ouvert et il faut se préparer à voyager, c’est-à-dire à vendre son savoir sur le marché de l’emploi international. « Et pour cela, il faut avoir des compétences certaines. Toute chose qui suppose une formation à la taille des défis. Le monde de l’emploi actuel est celui de l’excellence.

Quand un étudiant burkinabè postule à un poste international, il n’est pas traité différemment des autres candidats tenant compte de ses conditions de vie ». Il déplore le fait que les TD (Travaux dirigés) soient devenus des séances de cours du fait du nombre, les déviant de leur vocation classique. Au lieu de 25 étudiants par exemple, des groupes se retrouvent avec un nombre de 70 à 80 étudiants. Tout comme, regrette-t-il, la suppression de l’oral avec pour justification d’éviter les NST (Notes sexuellement transmissibles). Pourtant, souligne-t-il, de nos jours, plusieurs tests de recrutement sont assortis d’oral. Exhortant ses étudiants à observer la rigueur dans leur travail, il a affirmé que « Le résultat attendu c’est de former de bons juristes. Un magistrat qui n’a pas de raisonnement juridique est un danger pour sa société ».

C’est pourquoi invite-t-il : « Amenons notre université à ne pas être parmi celles dont on doute de la qualité de la formation ». Un cri du cœur que nous dirigeons vers les autorités afin qu’elles prennent à bras-le-corps la question des universités publiques en y investissant. Ce serait rendre service à tous les acteurs de ces "temples" du savoir, notamment aux responsables (directeurs) et autre personnel administratif des UFR qui doivent se défoncer au quotidien pour répondre à l’impossible.

Kader PALENFO

Le Progrès

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 mars 2012 à 03:42, par elcohote En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    PAS D’AVIS AVEC IBRIGA JE VOUS RESPECTE MAIS IMAGINONS UN SEUL INSTANT QUE MOI APRÈS 4 ANNÉES DE SACRIFICE A L’UO JE SORS AVEC UNE MENTION PASSABLE A CAUSE DE VOS NOTES ET QU’UN AUTRE PAR EXEMPLE UN SÉNÉGALAIS SORT AVEC MENTION BIEN. SUR LE MARCHE DU TRAVAIL INTERNATIONAL ON RETIENDRA LE DOSSIER DU SÉNÉGALAIS AVANT LE MIEN. POUR PREUVE Y A COMBIEN DE BURKINABÉ DANS LES INSTITUTIONS SOUS-REGIONALES ENCORE MOINS DANS LES INTERNATIONALES.

    • Le 16 mars 2012 à 15:13 En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

      Vous avez raison. Il faut que le système change.

    • Le 16 mars 2012 à 15:43 En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

      Je me demande comment un prof peut donner 600 zeros à ses étudiants sans que le directeur de l’UFR ne l’interpelle que le ministre en charge de l’éducation ne bronche pas. Dans les universités privés ici à Ouaga le plus souvent les profs sont eux aussi évalués par leurs étudiants à la fin des cours. Le prof Ibrigua par de la qualité de l’enseignement sup au Burkina... D’accord mais sachez que pour les bourses d’études de 3ème cycle, très peu de Burkinabès sont retenus pcq ’ils obtiennent la maitrise avec des mentions passables alors que les Séngalais, camerounais et autres ont la maitrise avec des notes allant de 14 à 18/20.
      Notre université merite une reforme en profondeur à quand le reveil.

    • Le 16 mars 2012 à 19:43 En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

      Merci. Avec respect a Pr Ibriga, j’ai le regret de le contredire. S ;il est bon pedagogue comme allegue, je ne comprends pas qu’ils soit cher en notes. Pour moi le pedagogue dans l’evaluation cherche a voir si son message est passe ou non. Si on a bien enseigne et que les questions d’evaluations sont bien posees sans brouille de communication, l’etudiant qui a etudie s’en sortira. A moins que les etidiants soit en deca du niveau, ce qui m’etonnera. Cette affaire de noter de sorte que les etudiants soient competitifs ailleurs ne tient pas du tout. Au contraire, les etuiants burkinabe avec de si minimes notes ont la malchance de se faire rejeter sur selections de dossiers qd bien ils sont bons. A moins que des enseignants a l’UO oublient qu’on est dans une economie globalisante ou nos etudiants ont les dents longues. Alors, que les profs se departissent de les mentalites de complexes des annees 70s pour jouer le roles d’enseignants. S’ils ne peuvent pas, qu’ils se genent pas d’aller a l’ENSK apprendre comment enseigner ; car avoir un doctorat veut dire maitriser les theories ds son domaine. Ca n’a rien a voir avec savoir enseigner.

    • Le 17 mars 2012 à 17:52, par oran En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

      Désolé mais les notes se méritent partout dans le monde.

      Cela dit, l’université doit évoluer. Les effectifs ne sont pas gérables et on continuera à construire des amphi de plusieurs milliers de places, on ne résoudra pas le probleme ; Il faut accepter d’evoluer avec son temps. L’utilisation des TIC est une des solutions qui fait sa preuve dans les pays ayant le même profil demograhique que le Burkina. Ensuite, l’université ne doit pas etre un refuge pour sortant du secondaire. Tout le monde ne reussit pas en allant à l’université. Il nous accepter d’autres passerelles qui donnent plus de chance à la ressite professionnelle. Enfin, la resposabilité de tous doit être engagée ; autant les eleves/etudiants doivent se monter disponibles, autant les parents doivent/orienter leurs enfants, autant les profs doivent etre appreciés selon leur rendement. L’Etat régule et soutient les plus faibles.

  • Le 16 mars 2012 à 09:00 En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    Très bel article. On n’a l’impression q l journalisme lui-même connaît très bien le "guantanamo" ou bien il est étudiant encore en droit ! Parce q’il a relaté textuellement ce qui s’est passé au pavillon.
    Courage et aidez-nous tjrs à resoudre ces questions. ça sera vrmt un avantage pour ts les acteurs.

  • Le 16 mars 2012 à 09:10, par Le Tché En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    Je dis félicitations à ce journal dit proche du pouvoir mais qui, cependant traite vrmt avec objectivité ses sujets contrairement à certains organes laudateurs. J l suis dpuis un certain moment et j l trouve très sérieux sur ses sujets. C’est de cette presse on a besoin ojord’hui. PAS CES ORGANES POUR QUI TOUT CE QUI VIENT DU POUVOIR EST BON=L’OPINION ou ENCORE CEUX POOUR QUI RIEN DE BON COMME ACTION NE VIENT DU POUVOIR=LE REPORTER

  • Le 16 mars 2012 à 10:22, par Tony En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    Le probleme en realite est plus profond que le problème de notes que le journaliste evoque.
    La situation a l’UO est catastrophique sur tous les plans. Les enseignants n’ont pas de bureaux, les étudiants n’ont pas de salles pour les TD, encore moins de laboratoire et du matériel pour les travaux pratiques. Les autorites ont reussi a baillonner les etudiants et a endormir les enseignants.
    L’UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU EST ENTRAIN DE MOURIR EN DOUCEUR.

  • Le 16 mars 2012 à 11:44, par La vérité En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    Il y a une fuite de l’Etat au niveau du supérieur. L’Etat n’investit pas assez dans nos universités. Sincèrement, le mal est plus profond. Il faudra étudier ce problème à fond.
    D’accord avec le Prof. Il ne faut pas tirer les étudiants vers la bas.

  • Le 16 mars 2012 à 11:45, par ZEBSONNY En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    L’Université de Ouagadougou est devenue l’avant dernière université africaine alors qu’elle occupait la 45ème position en 2007 !!!! à l’heure où j’écris ce message on n’est qu’à 30% d’exécution des cours de S2 (deuxième semestre de la 1ère année) et S4 (deuxième semestre de la première année) à l’UFR-SVT, de l’année 2010-2011 !!!!. Aucun TP ni TD de ces deuxième semestres n’est fait !!! Les étudiants dorment, les enseignants dorment, les gouvernement est tranquille car pour le moment il n’y a pas troubles. C’est finalement le peuple qui perd. Parmi les 15 256 nouveaux bacheliers de l’année 2011, au moins 10 000 sont à la maison !!! Le tocsin est venu parlé parler beaucoup sans rien apporté, on attend le nouveau ministre car son prédécesseur ne lui laissé aucun acquis, tout est a refaire. Il faut vraiment des états généraux sur les universités publiques sinon c’est une bombe à fragmentation et thermodurcissable qui est entrain de végéter.

  • Le 16 mars 2012 à 16:24, par Puis.... En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    On parle d’EDUCATION POUR TOUS a nous casser les oreilles.Un pays comme le Burkina Faso n’a rien prevu, budgetairement, pour l’education tertiaire. Rendons nous a l’evidence que le DROIT A L’EDUCATION concerne seulement le primaire et le secondaire ( plus ou moins). L’acces au superieure reste un "PRIVILEGE" dans nos societes. Le fonds du probleme est que le plan d’action lui meme est mal concu. On peuple le primaire, bourre autant que possible le secondaire, et on ne prevoit rien pour le superieure. Comment peut-on elaborer tout un programme sans prevision sur toute la chaine ? De la negligence ou un interet particulier de nos " sauveurs exploiteurs". Tres alarmant. Et dans ces conditions, on doit competir sur le plan international. Ailleurs on parle deja de la " feminisation de l’education superieure". Quand allons nous avoir une bonne education en Afrique Sud-Saharienne, n’en parlons pas avoir une equite entre filles et garcons.Aucun plan d’amelioration du superieur. Meme l’UNESCO croise les bras. La Banque mondiale apparemment n’a pas les moyens pour investir dans ce secteur sans l’aide des ONGs. Que disent les ONGs ? Et le gouvernement dans tout cela ? Tres malheureux.

  • Le 17 mars 2012 à 08:25, par ZIA En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    Le problème de notre système éducatif est lié au fait que nos gouvernants lui accorde peu d’importance. Eux-mêmes n’ont confiance à ce système. Qui de nos autorités a un de ses enfants dans une école bilingue, dans un établissement secondaire ou universitaire publique ? Si elles y avaient inscrit leurs enfants, notre système éducatif ne serait pas autant en mal. Elles chercheront vaille que vaille à ce qu’on y fasse de travaux de qualité car leurs enfants leur relateront les réalités des campus. Prenons notre constitution, le code minier pour ne citer que ceux-là, ont-ils été élaborés par nos professeurs de l’UO ? Cela aurait été le cas, les sommes versées à ces soit-disant "experts" extérieurs pouvaient aller dans les comptes de l’UO pour l’amélioration des conditions d’étude. Ces derniers viennent et font du couper coller et nous pondent des documents incongrus qui ne cadrent nullement avec notre contexte, ni avec nos besoins.
    Un enseignant qui n’a pas au moins 50% de succès après son cours doit se remettre en cause ou c’est sciemment fait et dans cas c’est dangereux.

  • Le 18 mars 2012 à 09:25, par zombra i En réponse à : Cas sur Table… : Université de Ouagadougou, hiatus entre étudiants et enseignants ?

    Pas d’avis avec vous Mr, l’experience montre que dans les ecole privee les meme proffesseurs dont les etudiants se pleignent donnent des notes satisfaisantes ; il s’agit aussi des burkinabes, est ce que c’est par ce que vous aimez plus ceux de L’UO qu’il ont de mauvaise notes puis que vous ne voulez pas encourager la mediocrite ? ou encore est ce que cela veut dire que ceux des ecole privee sont plus intelligent que ceux de l’UO ? ou vous faite cela pour faire la publicite de ces ecoles la . en ma connaissance vous etes pas des agents publicitaires . on peut comprendre que le niveau des etudes a baisse oui mais 600 zeros qu’elle satisfaction entire vous .

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?