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Décentralisation : Des maires exemplaires

Publié le vendredi 16 mars 2012 à 01h38min

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Depuis 2006, le Burkina Faso expérimente la communalisation intégrale, un processus qui promeut la gouvernance locale. Les élections municipales et législatives couplées de novembre 2012 consolideront davantage cette politique de proximité et il y a de quoi se réjouir. La communalisation intégrale, on le sait, place les élus locaux, notamment les maires, en pôle position. Ils sont pratiquement des « petits » présidents à l’échelle locale, si bien qu’ils inspirent respect, considération et parfois crainte. Dans le dispositif de la communalisation intégrale, l’image du maire, et ça ne se discute pas trop, doit être celle d’un homme dont les qualités dépassent les défauts, selon l’entendement des populations à la base.

L’on est d’avis que l’homme parfait n’est pas de ce monde, mais la vision des administrés colle à une certaine réalité des choses. Malheureusement, il y a de ces maires qui ne font pas honneur à leur commune. Sans livrer de noms, il semble que les cas de mauvaises conduites de maires sont légion dans le pays. Plusieurs récriminations sont faites à l’endroit de certains maires, notamment les affaires de parcelles. Combien de maires ont été ou sont encore trempés dans des affaires de parcelles ? La réponse à cette question n’est pas simple. De toute évidence, beaucoup de bourgmestres sont impliqués dans des histoires de terre. Au début, ils agissent dans l’ombre et après, le pot aux roses éclate à la face du monde.

Ils s’accaparent des parcelles qu’ils vendent à souhait ou dépossèdent des propriétaires de leurs « pauvres » portions de terre et bonjour la grogne ! Les parcelles sont tellement sollicitées çà et là qu’on a du mal à croire que des maires peuvent se taper des milliers d’hectares, du fait de leur position dominante et au grand dam des populations. Pis, il est écœurant de savoir que des édiles, nonobstant toutes ces parcelles à leur disposition, se payent le luxe de déposséder les autres, sans état d’âme. La terre est sacrée, nous dit la tradition, et tout ce qui s’y rattache de flou ou d’injuste ne reste pas sans conséquences négatives sur les fautifs.

Visiblement, las des histoires interminables de parcelles où des noms de maires sont tout le temps cités, les plus hautes autorités burkinabè ont pris cette décision salutaire pour dire non à l’impunité ! L’Etat a manifesté ainsi sa volonté de combattre ce système de spoliation de terres érigé en gouvernance. Et peu avant cette affaire, le gouvernement du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, avait purement et simplement décidé de suspendre les opérations de lotissements, n’autorisant de fait que les cas urgents et ce, jusqu’à nouvel ordre. Voilà qui interpelle. Eu égard à cette situation, l’Etat devrait poursuivre sa politique de rigueur envers les maires fautifs, en les sanctionnant ou les révoquant en cas de nécessité. Du développement du Burkina dépend de la bonne conduite de la communalisation intégrale, et c’est à ce titre que les autorités communales qui ternissent l’image de l’autorité devront répondre de leurs actes.

Aussi bien devant les autorités de tutelle que les juridictions compétentes. La réussite de la communalisation intégrale est fonction aussi de l’image donnée par les maires. Pour ce faire, l’Etat gagnerait à poursuivre sa politique de rigueur envers les fossoyeurs de la démocratie pour le bonheur de tous les Burkinabè !

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 mars 2012 à 09:18, par Bala Wenceslas SANOU En réponse à : Décentralisation : Des maires exemplaires

    La bonne gouvernance des terres urbaines et rurales est un gage de développement de pays comme le Burkina qui pour longtemps tireront de quoi vivre de ces terres. Le titre de l’article m’a accroché ; mais j’ai été feinté par le contenu : je m’attendais à lire des cas de maires ’positivement’ exemplaires. Il y en a, j’en suis certain.

    La rigueur pour une bonne gouvernance locale faite de transparence, de redevabilité (acountability) sociale sera le ferment pour une transformation structurelle, profonde du Burkina. Oui, mais en même temps, il faut aussi et surtout un exemple de bonne gouvernance à tous les niveaux, dont à la tête de l’Etat. A ce niveau j’invite Kader Patrick
    à s’intéresser aux réalités des acquisitions foncières en milieu rural par les élites nationales et locales.

    Ces acquisitions sont-elles transparentes et respectueuses des droits des communautés rurales (actuelles et des générations futures) ? Les terres acquises sont-elles mises en valeur de façon rationnelle dans le respect de l’environnement ? Ou s’agit de stratégies d’accaparement des terres rurales à des fins de spéculations foncières ?

    Voici quelques questions de recherche-action qui m’intéressent, et je voudrais que des journalistes de métier s’y investissent également. Ensemble mettons au grand jour ce qui se passe en milieu rural, en dehors des caméras et de tout tintamare médiatique.

    Nous devons participer à la recherche de solutions (locales) viables pour une gouvernance responsable des terres urbaines et aussi rurales ; cela passe par l’information sur la vérité des pratiques en cours.
    J’invite à la création d’un pool de journalistes pour des investigations continues sur cette thématique ; et je suis tout à fait disposer à participer à l’animation des échanges au sein de groupe. Mes contacts sont visibles (je n’utilise pas de pseudonyme), mon téléphone : 78 82 89 41

  • Le 16 mars 2012 à 13:14, par Nag-bind bougoum En réponse à : Décentralisation : Des maires exemplaires

    Pour faire suite à cet article, je pensais que l’auteur allait citer des cas de maires exemplaires ; il y en a. Cependant, il faut reconnaître que la manière dont la hiérarchie de ces maires traite ou a traité dans le passé les cas de gestion malencontreuse de parcelles ou de terres agricoles n’est pas à la hauteur des souffrances des populations lésées. On se rappelle le cas de la mairie de Saaba où l’ancien maire a été débarqué pour mauvaise gestion liée au lotissement. Ce cas aurait dû instruire les autres maires, mais après lui, on a vu celui de Koubri, qui a été débarqué également, puis d’autres. Puisque la sanction se limite à enlever le maire défaillant du poste, juste pour calmer les esprits, ceux et celles des maires trempés dans des affaires de spoliation de terre continuent de narguer les populations déjà affligées avec leurs 4x4 et autres RAV 4 mal acquis. A l’Est de Ouagadougou, le maire remplaçant aurait été épinglé dans le même type d’affaires qui avait emporté son prédecesseur ; le problème est entre les mains de la gendarmerie.Quel pays !!!!!!!!!

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