LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

2ème édition des JCFA : Se former pour être professionnelles

Publié le jeudi 15 mars 2012 à 02h36min

PARTAGER :                          

La deuxième édition des Journées cinématographiques de la femme africaine de l’image a eu lieu du 3 au 7 mars 2012 à l’Institut français de Ouagadougou. Sous le thème « Femme, cinéma et formation professionnelle », les femmes de l’image ont échangé et partagé leurs expériences respectives en vue de mieux faire valoir le cinéma fait par les femmes. Cette édition présidée par madame Chantal Compaoré, Première Dame du Burkina Faso, a été marquée par des rencontres professionnelles et des projections de films. La seule fausse note aura été l’absence d’autres femmes africaines de l’image.

« Le cinéma africain ne peut se passer du regard des femmes ». C’est ce qu’a déclaré le Délégué général du FESPACO, Michel Ouédraogo, par ailleurs initiateur des Journées cinématographiques de la femme africaine de l’image (JCFA) à travers la Vision 21, à la cérémonie d’ouverture des JCFA ce 3 mars 2012. C’est pourquoi les autorités ont relevé le défi en offrant à nouveau aux femmes de l’image l’opportunité d’échanger et de s’enrichir en se formant à travers des ateliers, des masters class, des conférences et des projections de films. Pour le ministre de la culture et du tourisme, Baba Hama, qui a donné le clap de départ, « le thème de la 2ème édition offre l’opportunité d’engager ensemble une synergie d’actions pour permettre aux femmes professionnelles de l’image de prendre de plus en plus leur responsabilité dans le métier technique du cinéma. »

Après le coup d’envoi officiel des JCFA 2012, le public a apprécié un épisode de la série culte de la RTB, Affaires publiques, saison 2, réalisée par Adjaratou Lompo. S’en sont suivi plusieurs projections de films documentaires, de fiction ou de séries réalisées en grande partie par des femmes.
Le clou des JCFA 2012, au regard du thème, a consisté en l’organisation de rencontres professionnelles. Celles-ci se sont déroulées en ateliers de formation sous forme de master class : montage d’un projet de film documentaire. De scripts doctors qui ont permis aux femmes porteuses de projets de films de les défendre auprès des producteurs, et de les évaluer en les confrontant aux regards des formateurs et des autres participantes. Un panel sur le thème « femmes et actions prioritaires des partenaires institutionnels et des ONG en Afrique » à travers lequel les partenaires et ONG devaient défendre leurs actions sur le terrain et rechercher en adéquation avec les femmes de l’image des voies et moyens pour produire des images sur les préoccupations au quotidien de la femme africaine. Cette activité ayant été caractérisée par l’absence de la plupart des partenaires et ONG conviés, les femmes ont dû libérer leur génie créateur.

C’est ainsi que sous l’égide de Fanta Régina Nacro des Films du défi, et Valérie Kaboré de Média 2000, un débat très enrichissant a pu être animé avec la coordonatrice du Projet Genre de l’ambassade des Pays-Bas sur les modalités de financements disponibles. Egalement présentes, la coordonatrice de l’association des veuves et orphelines et une représentante de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique sont également intervenues. La dernière a informé que les femmes à travers leurs productions avaient des chances de bénéficier de bourses pour des masters en cinéma. Elle les a donc invitées à y postuler désormais. Les JCFA 2012 ont aussi été l’occasion pour les femmes de l’Union nationale des femmes professionnelles de l’image du Burkina (UNAFIB) de se fixer des actions prioritaires vis-à-vis du FESPACO, de leurs partenaires et d’elles-mêmes en vue de réussir les futurs FESPACO et JCFA. La clôture de la deuxième édition des JCFA est intervenue le 7 mars 2012 au Ciné Loba de Dédougou, et ce à la faveur de la 155e Journée internationale de la femme.

Hermann GOUMBRI

Le Progrès


Regards de professionnels

- Sidbewendé Bernard Yaméogo, réalisateur/producteur, Directeur de Credo Media : Les JCFA 2012 doivent être le bon départ

« C’est un acquis pour le FESPACO d’avoir pu tenir cette deuxième édition des JCFA. Comme à tout début, il y a des tâtonnements, mais après il faut que les choses s’affermissent. C’est l’occasion pour les femmes de l’image d’être plus responsables, de se sentir beaucoup plus professionnelles, de donner leur part de génie et de production pour le cinéma burkinabé. Ces femmes sont une partie très engagée et importante dans le développement du cinéma de chez nous. Le genre dans sa globalité est une dimension qu’il faut prendre en compte aujourd’hui si on veut réussir le développement du septième art. Les JCFA 2012 doivent être le bon départ. Au niveau de Credo Media, nous avons choisi de promouvoir la jeunesse et surtout les jeunes cinéastes burkinabé. C’est ainsi que depuis 2010, nous avons institué un certain nombre de séries où nous donnons une part assez large aux femmes comédiennes et techniciennes afin de leur permettre de s’exprimer davantage et de se former dans le montage, la réalisation… Je trouve cependant dommage que les femmes ne s’adonnent pas suffisamment à certains métiers tels la décoration ou la régie. Elles sont plutôt confinées dans la coiffure, les costumes, alors qu’elles doivent et peuvent jouer un rôle dans tous les compartiments techniques du cinéma. Pour ce faire, nous invitons les jeunes qui sortent d’écoles de formation comme ISIS/SE de s’approcher de nos structures pour des stages. »

- Kadi Sanogo, réalisatrice : Un film n’a pas sa place dans un tiroir

« Les JCFA sont une véritable opportunité pour nous dans ce sens qu’elles font la promotion de nos réalisations. C’est pour moi une satisfaction morale – et bien plus que monétaire – de constater que beaucoup de parents, d’amis et proches voient mon film grâce aux JCFA 2012. Un film n’a pas sa place dans un tiroir. Il doit être vu, critiqué afin de permettre à son auteur de faire mieux la prochaine fois. Quand je compare la présente édition à celle de 2010, je me rends compte que cette année les financements n’ont pas été conséquents de sorte à nous permettre de nous frotter à d’autres femmes cinéastes d’Afrique et du reste du monde. A l’impossible nul n’est tenu, dit-on. C’est partie remise, je souhaite. »

- Madame Suzanne Kourouma, secrétaire générale de l’UNAFIB : Les femmes exagèrent souvent !

« Le FESPACO fait de son mieux. Car je suis du FESPACO et je connais les difficultés auxquelles est confrontée la structure. Jusqu’à la dernière minute on ne pensait pas pouvoir tenir les JCFA, mais grâce à Dieu les choses sont rentrées dans l’ordre à temps. Les échanges ont été enrichissants à tout point de vue. Si nous aimons la chose, nous devons nous impliquer vraiment pour soutenir le FESPACO, et non attendre tout de lui. De la paternité réelle des JCFA… Les femmes ne sont pas frustrées mais elles exagèrent souvent. L’initiative des JCFA est à l’actif du Délégué général du FESPACO, Michel Ouédraogo, à travers ce qu’il appelle « Vision 21 ». Cette idée s’est imposée pour combler le vide marquant entre deux éditions du FESPACO, et ce sont les femmes de l’image qui en bénéficient à travers les JCFA. A cette présente édition, le Délégué général avait souhaité que nous nous en appropriions. Mais il ne faut pas que les femmes soient trop pressées. Après un certain nombre d’éditions, nous pourrons sans doute conduire véritablement les JCFA. Chaque chose a son temps, et pour le moment, l’UNAFIB n’a pas les moyens de prendre en charge les JCFA comme certaines femmes le veulent. »

H.G.

Le Progrès

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dédougou : Le FESTIMA 2024 officiellement lancé
Dédougou : Le festival des masques signe son retour
Burkina / Musique : Patrick Kabré chante Francis Cabrel