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Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Editorial de Sidwaya : Donner la vie sans la perdre

Publié le lundi 12 mars 2012 à 02h55min

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8-Mars ! Journée spécialement dédiée à la femme par la communauté internationale, précisément par les Nations unies depuis 1975. L’Organisation des Nations unies par cet engagement officiel, interpelle tout le monde à marquer un arrêt pour reconnaître à sa juste valeur le rôle ô combien déterminant que jouent les femmes, au même titre que les hommes, pour l’épanouissement de la famille, de la communauté, bien sûr pour le développement de l’humanité. Elle est surtout un moment solennel pour l’autre moitié du ciel, de célébrer les nombreux succès enregistrés dans la quête légitime pour l’égalité, la justice sociale, la paix et pour tout dire, le développement.

Sans oublier qu’elle donne la parole à cette majorité de la population d’exprimer ses aspirations profondes et légitimes et de dénoncer les innombrables travers qui persistent à son encontre, foulant ainsi aux pieds ses droits fondamentaux les plus élémentaires. Cet anniversaire est avant tout une occasion de jeter un regard dans le rétroviseur sur le chemin parcouru, les résultats obtenus mais, et c’est ce qui est primordial, envisager des perspectives d’action pour accélérer une répartition juste des fruits de la croissance, une justice sociale propice à l’épanouissement des familles. Plus le panier de la ménagère est bien garni, moins la femme a des soucis et mieux la famille se porte.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Journée internationale de la femme célébrée aura permis cette année encore aux Burkinabè « d’en bas et d’en haut » d’affirmer leur détermination à rendre à César ce qui lui appartient. Quoi de plus normal qu’un paysan de Falangoutou et un Premier ministre se donnent la main afin de faire entendre la cause de la femme. Cette cause, tout le monde la connaît et reconnaît sa justesse, sa légitimité, sa légalité. En tous les cas, depuis des décennies, les plus hautes autorités du Burkina Faso ont souscrit à plusieurs engagements, conventions et protocoles nationaux, régionaux et internationaux en faveur de la femme.

Elles œuvrent à la participation équitable des femmes et des hommes au processus de développement. « La célébration de la Journée internationale de la femme est une occasion pour notre pays, non seulement de répondre à une recommandation des Nations unies, mais également et surtout pour tous les acteurs (ministères, partenaires techniques et financiers, organisations de la société civile, communautés etc) de la promotion de la femme de réfléchir sur un thème de préoccupation nationale en rapport avec le statut et les conditions de vie des femmes, de faire le point des stratégies mises en œuvre et de proposer des actions novatrices », souligne le ministre de la Promotion de la femme, Nestorine Sangaré.

C’est ainsi que le Burkina Faso a choisi de se pencher sur un sujet qui lui tient à cœur à savoir « mobilisation sociale pour la réduction de la mortalité maternelle : rôle des hommes » Le choix de ce thème qui s’inscrit en droite ligne dans celui plus général de la communauté internationale intitulé « Autonomisation de la femme rurale », n’est pas le fait du hasard. La santé en général, celle de la reproduction en particulier, constitue un domaine sur lequel il est nécessaire de s’y attarder.

Cinquième Objectif du millénaire pour le développement (OMD) à atteindre en 2015, la réduction de la mortalité maternelle contraint les pays comme le nôtre à un don de soi, à un sacerdoce afin d’accomplir le « miracle » tant attendu. Quelques chiffres ne seront pas de trop pour nous aider à appréhender l’ampleur de la tâche. En effet, en 2000, la communauté internationale avait fixé huit objectifs à atteindre à la date butoir de 2015 par presque tous les pays d’Afrique subsaharienne pour prétendre au développement tant rêvé. Le cinquième Objectif prône la réduction de trois tiers du taux de mortalité maternelle dans ces pays. Selon les statistiques, le Burkina Faso présente l’un des profils sanitaires les plus faibles de la sous-région avec un taux de morbidité et de mortalité général accentué chez les femmes. Le taux de mortalité maternelle est passé de 484 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1998 (Enquêtes de démographie et de santé) à 307 pour 100 000 naissances vivantes en 2006 (Recensement général de la population et de l’habitat).

La mortalité intra-hospitalière pour 100 000 naissances vivantes est estimée à 212 cas de décès. Dans le cadre des OMD, notre pays doit atteindre la norme internationale fixée à 101 décès pour 100 000 naissances vivantes d’ici à 2015. Pour y parvenir, chaque Burkinabè doit retrousser ses manches, redoubler d’effort afin de mettre tout en œuvre pour éradiquer les différentes causes du phénomène de la mortalité maternelle. La mortalité maternelle n’est pas "une affaire de femmes" mais l’affaire de tous. Des causes liées à certaines maladies (infections, hypertension artérielle, VIH-Sida, cardiopathies, hépatites etc), aux pratiques traditionnelles néfastes (mariages précoces, grossesses rapprochées, accouchements à domicile, mutilations génitales féminines etc) à l’ignorance due à l’analphabétisme, au statut inférieur de la femme dans la société, au faible contrôle et pouvoir de décision des femmes sur leur santé sexuelle de la reproduction.

D’autres causes non moins importantes se déclinent en complications liées aux avortements clandestins, les hémorragies et le manque de sang pour les transfusions d’urgence, les retards dans le recours aux services de santé, la pauvreté, la faible accessibilité géographique, l’insuffisance du matériel médico-technique influençant la qualité des prestations de service…Des causes, somme toute, qui interpellent au premier chef les hommes sur leur devoir de conjoint consciencieux et responsable, ayant un sens élevé du caractère sacré de la vie. Plus que quiconque, les hommes doivent être au devant de la scène pour apporter tout le soutien nécessaire et indispensable permettant à la femme de ne pas perdre la vie en voulant donner la vie.

Au demeurant, les hommes sont invités à peser de tout leur poids, tout au long de cette année, pourquoi pas les années antérieures, pour accroitre la contribution communautaire pour une réduction significative du taux de la mortalité maternelle au Burkina Faso d’ici à 2015. Il est vrai que les causes de la mortalité maternelle dans les pays en voie de développement sont nombreuses et diverses et que l’atteinte de cet objectif est un idéal, mais si les hommes jouent correctement leur rôle de conjoint responsable, cela augurerait de lendemains meilleurs dans la réduction du taux de la mortalité maternelle au Burkina Faso. Pour dire qu’au-delà de la commémoration de la Journée internationale de la femme, la pertinence du thème de cette édition restera en vigueur aussi longtemps que les femmes mourront en voulant donner la vie.

Par Charles OUEDRAOGO (Charlesouedraogo40@yahoo.fr)

Sidwaya

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