LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

Publié le mercredi 7 mars 2012 à 18h11min

PARTAGER :                          

A la veille de l’ouverture du 5ème congrès ordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le regroupement politique présidentiel, chacun savait que Roch Marc Christian Kaboré était partant de la direction du parti. Mais sa succession était ouverte. L’Observateur Paalga, le jour même de l’ouverture de cette manifestation (vendredi 2 mars 2012), avait « susurré » le nom de son successeur possible. Ernest Paramanga Yonli, ancien premier ministre, de retour d’Amérique où il était ambassadeur, « semblait tenir la corde ».

Mais Alain Bédouma Yoda, ancien ministre d’Etat, ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, « patron de la communication du CDP pouvait devenir patron tout court du parti ». Bongnessan Arsène Yé, ministre d’Etat, ministre chargé des relations avec le Parlement et des Réformes politiques, l’instigateur des « assises nationales », un des « pères fondateurs » du CDP, était aussi sur les rangs. On « prononçait » également le nom de Salif Diallo, l’enfant terrible de la « Révolution », de la « Rectification » et de la « démocratisation », retour « d’exil » à Vienne où il était ambassadeur en Autriche. Enfin, dans cette « short list », Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana, évoquait le nom d’Assimi Kouanda, « l’affable islamologue qui murmure à l’oreille du président du Faso », son directeur de cabinet depuis un paquet d’années maintenant, plus réputé en tant qu’authentique intellectuel que politicien, un Mandè (groupe ethnique très minoritaire au Burkina Faso) grand amateur de chevaux.

Et le vainqueur est… Assimi Kouanda. Evénement majeur dès lors que les « grosses pointures » du régime voient un homme de l’ombre imposé à la tête du parti présidentiel. De l’ombre portée de Blaise Compaoré. Pas un « ex » (ex-premier ministre, ex-ministre, ex-ambassadeur, ex-dissident pour reprendre une caricature du Journal du Jeudi du 16 février 2012), un homme neuf (enfin, n’oublions pas que Kouanda a été le directeur de campagne de Blaise pour la présidentielle 2010). Rien à voir avec les têtes d’affiche qui, jusqu’alors, avaient dirigé le CDP. Mais une tête bien faite. Pour que Blaise garde la… main sur son parti à la veille d’échéances majeures : les élections couplées d’ici la fin de l’année 2012, la présidentielle d’ici la fin de l’année 2015.

C’est sans doute la leçon essentielle de ce 5ème congrès : la reprise en main du CDP par son « fondateur, instigateur et vrai président » : Blaise Compaoré (dixit Achille Tapsoba, secrétaire à la communication dans le nouveau secrétariat exécutif national). Assimi Kouanda est ainsi nommé secrétaire exécutif national en remplacement de Kaboré qui, lui, était président du Bureau politique national. Ce dernier est d’ailleurs supprimé au profit d’un Bureau exécutif national de 38 membres, dont 14 femmes. C’est une indéniable mise sous tutelle présidentielle du CDP qui n’est plus une structure autonome mais une structure d’exécution (le passage d’un BPN à un BEN est explicite et ne saurait être le résultat d’un choix des mots hasardeux de la part d’hommes et de femmes qui se sont politiquement formés dans des groupuscules « communistes-révolutionnaires »). Une machine à faire gagner, sans contestation possible, le prochain candidat à la présidentielle issu de ses rangs après avoir mis en place une assemblée nationale cohérente. Avec Assimi Kouanda, homme de confiance et de cohérence, Blaise Compaoré peut être assuré que « son » parti ne sombrera pas dans la plus lamentable des débandades dès lors que des décisions auront été prises concernant 2015 et l’après-2015.

Assimi Kouanda n’est candidat à rien. Et ceux qui, au sein du CDP, pourraient être tentés de l’être à quelque chose en 2015 composent désormais le groupe de ses conseillers politiques. 24 personnalités qui, de Djibrill Y. Bassolé à Bongnessan Arsène Yé en passant par Roch Marc Christian Kaboré et… Salif Diallo, sont des têtes d’affiche du pouvoir à des degrés plus ou moins divers (il y a là des vieilles gloires et des gloires plus récentes). A leur sujet, on peut évoquer un « état-major », la « troupe de réserve », un « vivier », le « bassin des dauphins », un « panier de crabes », une « fosse aux serpents »… mais on peut être certain que chacun « marque » chacun et suit avec attention les pérégrinations des uns et des autres pour y déceler une once d’ambition présidentielle et, sans doute, la rapporter à qui de droit.

2015, c’est l’ultime frontière du territoire conquis voici bientôt un quart de siècle par Blaise Compaoré et nul ne pense qu’il puisse laisser son héritage (car il y en a un) partir à vau-l’eau. Ou entre les mains de n’importe qui. Si le passé doit être capitalisé et que le présent se construit, c’est dès aujourd’hui qui faut penser l’avenir. Blaise s’y emploie.

D’abord en favorisant « l’entrisme » dans le parti de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (Fédap-BC). C’est transfuser du sang neuf – celui de la « société civile » dont on pense, de plus en plus, en Afrique comme ailleurs, qu’il est aussi un sang jeune – au sein d’un parti qui a bien du mal à se défaire de son image de structure nomenklaturiste. Cela ne manquera pas de faire hurler, justement, ces nomenklaturistes mais aussi de susciter bien des commentaires dans les rangs de l’opposition et jusque dans les médias burkinabè. Mais, au moins, les choses sont claires : le CDP roule pour Blaise, qu’il soit au volant de la limousine présidentielle ou assis à l’arrière, à indiquer la route. Illustration en vraie grandeur : Gaston Soubeiga, le président de la Fédap-BC, a rejoint le secrétariat exécutif national (SEN), en 16ème position, avec comme fonction : secrétaire administratif adjoint du parti. Ce n’est pas tout. « Monsieur », autrement dit François Compaoré, petit-frère de Blaise, très actif lui aussi au sein de la Fédap-BC, se retrouve en 11ème position dans ce même SEN avec une fonction qui dit clairement les choses : secrétaire chargé du mouvement associatif. Notons que c’est la première fois que « Monsieur » se retrouve ainsi dans l’équipe dirigeante du parti.

Simon Compaoré, maire de Ouagadougou (et victime d’un très grave accident de la circulation à l’issue du congrès), qui a eu la mission de livrer le message de Blaise Compaoré aux congressistes, a rappelé la parole présidentielle : « Le CDP doit être le moteur de l’évolution qualitative de la vie démocratique ». Les quatre mots essentiels sont dans cette phrase : moteur ; évolution ; qualité ; démocratie. Interrogé sur cet « entrisme » de la Fédap-BC au sein du CDP, Assimi Kouanda n’y voit « pas de problème ». Bien au contraire : l’objectif du parti est quand même de renouer avec la base. Et l’organisation de la base passe par les associations de la « société civile ».

Dans son message délivré aux congressistes, Roch Marc Christian Kaboré n’a pas dit autre chose. « Nos structures doivent être revigorées, vivre et animer le parti au centre comme à la périphérie en se nourrissant toujours de la sève vivifiante de notre peuple dans toutes ses composantes […] C’est pourquoi nous devons adapter nos structures, opérer un changement de mentalités et de comportement pour rendre dynamique le parti ». Kaboré ajoutait : « Il nous appartient en tant que parti au pouvoir d’avoir une lecture claire et dynamique de l’évolution de notre société pour mieux maîtriser l’avenir ». Et manifestement, ce n’était pas la qualité majeure du CDP ces dernières années qui n’a pas vu venir – il était sans doute occupé ailleurs – le malaise de la jeunesse (Kaboré ose le mot : « l’émergence de la jeunesse ») et le désarroi de la population.

Il n’était pas facile, au cours d’un congrès, de faire virer de bord, lof pour lof, le CDP, trop lourd, trop lent, trop encombré par des apparatchiks attachés à leurs privilèges (y compris les petits caporaux qu’étaient les commissaires politiques, une survivance du passé et un clin d’œil aux fondamentaux « léninistes » des hommes du CDP sans raison d’être dès lors que le temps des idéologies est bel et bien dépassé). Blaise a été à l’essentiel : un renouvellement des structures et quelques déclarations de bonnes intentions dont l’instauration de quotas en faveur des femmes et des jeunes (au Burkina Faso, on est jeune de 21 à 45 ans !). Le reste est à venir.

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 mars 2012 à 22:10 En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Dieu seul sait ce qui se passera au Burkina à l’horizon 2015. Une chose est certaine ; l’avenir est incertain et j’ai vraiment peur.

    Le Burkina est une bombe à retardement dont la minuterie est enclanchée et l’explosion prévue pour novembre 2015 au plus tard. Les prochaines attitudes des dirigeants actuels pourront atténuer ou amplifier, précipiter ou retarder l’explosion selon le cas.

    Mais personne, même pas Blaise COMPAORE, ne peut nous dire avec certitude que la situation est maîtrisable.

    Implorons le Tout Puissant pour qu’il guide les acteurs de la scène politique burkinabé sur les voies de la sagesse.

  • Le 9 mars 2012 à 10:54, par Pierros En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Le Burkina Faso a peur de 2015. La peur au vendre, la peur dans le cœur. Tu as peur, donc plus de lutte. Victor Hugo disait pourtant "ceux qui vivent sont ceux qui luttent". Les burkinabè ont cessé de lutter car ils ont peur, les burkinabè ont donc cessé de vivre. Rangeons alors les principes de la démocratie dans des tiroirs lointains, enfouissons les très loin sous terre afin que même nos arrières petits fils n’en rêvent pas un jour. Et bonjour la monarchie, l’autocratie. Créons des associations pour le soutien à la candidature de l’unique homme à même de diriger le Burkina Faso en 2015. Opposition, vous ferez même de cesser votre fanfaronnade et de vous joindre aux mouvanciers. Là, on aura le parti unique ainsi plus de gauche, plus de droit ni de milieu. L’auteur du "pays des hommes intègres" nous avait appris également son "oser lutter savoir vaincre" mais nous avons choisi d’avoir peur.
    "Le pays va cependant mal à cause du silence des hommes" justes disait Nobert ZONGO
    Ah, la peur.... quand tu nous tiens.

  • Le 9 mars 2012 à 11:02, par Pierros En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Le Burkina Faso a peur de 2015. La peur au vendre, la peur dans le cœur. Tu as peur, donc plus de lutte. Victor Hugo disait pourtant "ceux qui vivent sont ceux qui luttent". Les burkinabè ont cessé de lutter car ils ont peur, les burkinabè ont donc cessé de vivre. Rangeons alors les principes de la démocratie dans des tiroirs lointains, enfouissons les très loin sous terre afin que même nos arrières petits fils n’en rêvent pas un jour. Et bonjour la monarchie, l’autocratie. Créons des associations pour le soutien à la candidature de l’unique homme à même de diriger le Burkina Faso en 2015. Opposition, vous ferez même de cesser votre fanfaronnade et de vous joindre aux mouvanciers. Là, on aura le parti unique ainsi plus de gauche, plus de droit ni de milieu. L’auteur du "pays des hommes intègres" nous avait appris également son "oser lutter savoir vaincre" mais nous avons choisi d’avoir peur.
    "Le pays va cependant mal à cause du silence des hommes" justes disait Nobert ZONGO
    Ah, la peur.... quand tu nous tiens.

  • Le 9 mars 2012 à 13:22, par Pierros En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Le Burkina Faso a peur de 2015. La peur au vendre, la peur dans le cœur. Tu as peur, donc plus de lutte. Victor Hugo disait pourtant "ceux qui vivent sont ceux qui luttent". Les burkinabè ont cessé de lutter car ils ont peur, les burkinabè ont donc cessé de vivre. Rangeons alors les principes de la démocratie dans des tiroirs lointains, enfouissons les très loin sous terre afin que même nos arrières petits fils n’en rêvent pas un jour. Et bonjour la monarchie, l’autocratie. Créons des associations pour le soutien à la candidature de l’unique homme à même de diriger le Burkina Faso en 2015. Opposition, vous ferez même de cesser votre fanfaronnade et de vous joindre aux mouvanciers. Là, on aura le parti unique ainsi plus de gauche, plus de droit ni de milieu. L’auteur du "pays des hommes intègres" nous avait appris également son "oser lutter savoir vaincre" mais nous avons choisi d’avoir peur.
    "Le pays va cependant mal à cause du silence des hommes" justes disait Nobert ZONGO
    Ah, la peur.... quand tu nous tiens.

  • Le 9 mars 2012 à 13:28, par Pierros En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Le Burkina Faso a peur de 2015. La peur au vendre, la peur dans le cœur. Tu as peur, donc plus de lutte. Victor Hugo disait pourtant "ceux qui vivent sont ceux qui luttent". Les burkinabè ont cessé de lutter car ils ont peur, les burkinabè ont donc cessé de vivre. Rangeons alors les principes de la démocratie dans des tiroirs lointains, enfouissons les très loin sous terre afin que même nos arrières petits fils n’en rêvent pas un jour. Et bonjour la monarchie, l’autocratie. Créons des associations pour le soutien à la candidature de l’unique homme à même de diriger le Burkina Faso en 2015. Opposition, vous ferez même de cesser votre fanfaronnade et de vous joindre aux mouvanciers. Là, on aura le parti unique ainsi plus de gauche, plus de droit ni de milieu. L’auteur du "pays des hommes intègres" nous avait appris également son "oser lutter savoir vaincre" mais nous avons choisi d’avoir peur.
    "Le pays va cependant mal à cause du silence des hommes" justes disait Nobert ZONGO
    Ah, la peur.... quand tu nous tiens.

  • Le 9 mars 2012 à 14:39, par Pierros En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Le Burkina Faso a peur de 2015. La peur au vendre, la peur dans le cœur. Tu as peur, donc plus de lutte. Victor Hugo disait pourtant "ceux qui vivent sont ceux qui luttent". Les burkinabè ont cessé de lutter car ils ont peur, les burkinabè ont donc cessé de vivre. Rangeons alors les principes de la démocratie dans des tiroirs lointains, enfouissons les très loin sous terre afin que même nos arrières petits fils n’en rêvent pas un jour. Et bonjour la monarchie, l’autocratie. Créons des associations pour le soutien à la candidature de l’unique homme à même de diriger le Burkina Faso en 2015. Opposition, vous ferez même de cesser votre fanfaronnade et de vous joindre aux mouvanciers. Là, on aura le parti unique ainsi plus de gauche, plus de droit ni de milieu. L’auteur du "pays des hommes intègres" nous avait appris également son "oser lutter savoir vaincre" mais nous avons choisi d’avoir peur.
    "Le pays va cependant mal à cause du silence des hommes" justes disait Nobert ZONGO
    Ah, la peur.... quand tu nous tiens.

  • Le 9 mars 2012 à 21:31, par Le Sage. En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    Toutes ces machinations antidémocratiques auront des conséquences dramatiques sur notre pays. En tant que patriotes aimant notre pays, nous avons le devoir de s’élever contre cette façon de voir le fonctionnement démocratique au Burkina Faso. Comment Monsieur Assimi KOUANDA a-t-il été désigné. Par la voie d’une élection démocratique ou par la voie d’une désignation autocratique ? Comment une telle situation pourra t-elle être acceptée par tous les militants sincères du CDP épris de tradition démocratique républicaine ?
    Il y a lieu de craindre que cette façon de procéder ne fasse le terreau de l’opposition car certains oubliés du CDP peuvent rouler pour l’opposition de Zéphirin DIABRE pour faire tomber le CDP. L’essentiel, c’est de préserver l’héritage du Président COMPAORE et je ne suis pas sûr que nous sommes dans la bonne direction. Attention à la prochaine mutinerie car c’est un jeune soldat qui risque de faire basculer les choses tellement les gens en auront marre de la situation. Réfléchissons ensemble pour trouver une voie qui puisse pérenniser le système actuel. Le Sage

  • Le 12 mars 2012 à 12:31, par LEGRAND-YR En réponse à : CDP : Blaise Compaoré confie à Assimi Kouanda la responsabilité de préparer son parti aux échéances « 2015 » et « après-2015 »

    M.BEJOT, le Bureau Politique National (BPN) n’a pas été supprimé ; il existe toujours et les membres du Secrétariat Exécutif National (SEN) sont membres du BPN. C’est tout comme dans l’ancienne structuration, à coté du Bureau Exécutif National (BEN),il y avait le Bureau Politique National (BPN) et les membres du BEN étaient membres du SEN.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique