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Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

Publié le lundi 5 mars 2012 à 01h05min

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Une altercation verbale entre un ministre de la Justice et un mécanicien, qui aurait pu être un fait divers comme tant d’autres, devient une affaire d’Etat. Le gouvernement demande des excuses à la famille et le président du Faso, sur proposition du Premier ministre limoge le ministre. Tout le Faso en a été secoué. Alors qu’on n’avait pas fini avec cette affaire qui continuait de défrayer la chronique, qu’un Burkinabè tire sur un autre Burkinabé à bout portant, dans un maquis à Ouagadougou. Le gouvernement monte au créneau pour donner la bonne version et soutient que toute la lumière sera faite sur cette affaire. Une enquête s’ouvre et tout est mis en œuvre pour contenir ce qui pourrait être des manifestations. C’est bien. Car, il faut éviter la « récupération » de toute autre affaire.

Pendant que le porte-parole du gouvernement expliquait sur les ondes de la télévision nationale cette affaire, une autre se produisait à Bobo-Dioulasso. Deux gendarmes, après avoir appréhendé un présumé « dealer » qu’ils ont réussi à menotter, tirent malencontreusement sur lui. Il est mortellement atteint. Très rapidement, les jeunes du secteur se constituent en groupes et descendent dans les rues pour manifester. Les conséquences sont fâcheuses. Le parc automobile du gouvernorat, constitué de quatre véhicules, est parti en fumée. En plus de la guérite qui a été elle aussi incendiée. Il a fallu les gaz lacrymogènes dans cette nuit pour disperser les manifestants. Une fois de plus, le gouvernement monte au créneau. Pour expliquer et espérer contenir la colère des populations. Une enquête est tout de suite ouverte ; les gendarmes présumés coupables sont aux arrêts.

Le lendemain de cette même affaire, alors que la tension était encore perceptible dans la ville, on nous appelle parce qu’un corps aurait été retrouvé non loin du stade Sangoulé Lamizana. On parle de règlement de comptes entre bandes rivales ou brigands. Une semaine avant, ce sont les corps d’un nouveau-né dont la tête a été fracassée et d’un homme, tué par x personnes, qui ont été retrouvés dans la nature. Que de faits graves en si peu de temps ! Pourrait-on dire. Pourquoi donc tout cela ? Pourrait-on également s’interroger. Pour les trois premiers cas (le ministre et le mécanicien ; le tireur et le maquisard ; les gendarmes et le présumé « dealer »), certains ont même eu des craintes en expliquant que c’est « trop facile » et ont de ce fait cru à un moment donné à des « machinations ». Une autre stratégie pour susciter d’autres crises ? Nul ne sait !

Dans tous les cas, ce qu’il faut retenir, c’est que ce genre de « faits divers » seront de plus en plus nombreux. Et il nous revient de les comprendre. Pas de les accepter, nécessairement. L’explication peut paraître simpliste ; et pourtant. En 1961, au lendemain de l’indépendance, le pays comptait environs 4 millions d’âmes. Dans les années 90, vingt ans en arrière, le Burkina Faso comptait à peine 10 millions d’habitants. Et quand on recule de dix ans encore, la population tournait autour de six millions. Aujourd’hui, avec une population qui avoisine les 17 millions d’âmes, il faut convenir que tout s’est aussi démultiplié. Et à tous les niveaux ! Si on considère le bien en une fois, dans un tel contexte, il faut alors considérer le mal en deux voire trois fois puisqu’il est plus difficile de faire le bien.

Et quand on prend en compte les nouvelles technologies de l’information et de la communication qui ont envahi le monde et qui donnent accès à tout ou presque, le contexte devient assez complexe. Comparaison n’est sans doute pas raison, mais tout de même. A Abidjan à côté, le gangstérisme est tel que même dans la journée, on vous braque. Et cela ne date pas seulement d’après la guerre. Au Nigeria, cela est pire que l’on soit à Abuja la capitale fédérale ou à Lagos. Dans des pays comme la France, quand éclatent les émeutes des banlieues, on fait avec ! Là-bas en Occident, ils ont même des « tueurs en série » qui n’hésitent pas à se rendre dans des écoles et des universités pour faire couler le sang. Et on fait avec ! Ne dit-on pas qu’il faut du tout pour faire un monde ?

Ce que nous traversons peut-être considéré comme un passage obligé dû à notre propre évolution. Et il ne peut en être autrement. Restons donc sereins et ne cédons surtout pas à l’anarchie. Faisons confiance à la justice qui, pour cela doit montrer toute sa disponibilité et sa capacité à faire ce qu’on attend d’elle.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2012 à 01:53, par le Naton En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    J’ai vraiment l’impression que les dieux nous tombent sur la tête.Un pays ou la pratique des casses,pillages,incendies et vols sont la règle dans les manifestations est un pays décadente.Ne me parler surtout pas de justice, de civisme,de morale,ou d’éducation. il faut l’avouer, le patron ne maîtrise plus la situation.la seule alternative qui nous reste,c’est de changer de cap,tourner la page du régime actuel.Il n’y a pas d’alternative possible.

    LE NATON

  • Le 5 mars 2012 à 03:55, par Giga MG En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Cher Dabaoué Audrianne KANI,
    combien le régime vous a payé pour nous éclairer nous les citoyens si arriérés ? Quelle piteuse défense de ces milles et un cas très déplorables que le Burkina a connu en si peu de temps. Cela m’aurait intéressé de savoir ce qui a été fait depuis près de 25 ans pour prévenir ces dérives et ces insécurités de plus en plus écrasants (et je ne doute pas que ce soit seulement le début), puisque - à vous lire - cela était prévisible tout comme le fulgurant développement que nous avons connu. Laissez-moi en rire !!!
    Non seulement vous faîtes de l’amalgame : abus de pouvoir (ministre vs. mécanicien) et délinquance, meurtres et autres crimes sont versés dans le même panier pour être justifiés, tous, par une et une seule cause. Quel largeur d’esprit ! Avec ce genre d’écrits, vous faîtes un sérieux tord à votre journal. Ne prenez pas les citoyens pour des arriérés vivant derrière les buissons.

  • Le 5 mars 2012 à 07:28, par fasogni En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Mr le "journalire" comme vs l’avez si bien dit laissons la justice faire son travail, ne cherche rien a justifier. Je suis sure que vs avez deja entendu cela" au BF on te fais et puis ya rien" . Ce language a ete apporte par le regime en place. Et si tu ne le sais pas je te l’apprend, ce temps est revolu. Ce n’est pas parceque la population a augmente mais juste parceque la population est fatiguee de voir ses fils et filles tuer et torturer a longueur de journee. Ns sommes tous victime du " laisser faire" de Blaise Compaore",et c’est sure qu’il sera lui aussi victime de son systeme qu’il a mis en place tot ou tard. En plus la France et le Faso ca fais deux, il faut savoir comparer.

  • Le 5 mars 2012 à 08:52 En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Vous n’allez tout de même pas nous demander de fermer les yeux sur tous ces drames parce que cela serait dû à notre évolution cher journaliste.
    Aucune perte en vie humaine ne devrait pouvoir se justifier par une quelconque mutation sociale.

  • Le 5 mars 2012 à 10:29, par Greek En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Bonjour,
    Monsieur le journaliste, il ne s’agit pas de justifier les actes répréhensibles des forces de l’ordre par l’augmentation de la population ou l’avènement des NTICs !!!
    Vous remarquerez de passage que quand un cambriolage ou tout autre actes de bandits civils se produits, on en fait pas une affaire d’Etat, parce que on est bien conscient que ces actes sont des vices typiquement liés à la ville !
    Si les forces de l’ordre d’un pays développé comme les USA ou la France devaient impunément s’attaquer à tort ou à raison aux honnêtes citoyens, je crois qu’il n’y aurait plus de civils !
    Mieux encore, lorsqu’une bavure telle celle commise par l’ex ministre de la justice se produit dans ces pays, le ministre démissionnerait tout de suite pour garder un peu d’honneur !!!
    Alors évitez de vouloir tout justifier pour des raisons que nous ignorons mais devinons !

  • Le 5 mars 2012 à 12:17 En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Pitie cher(e) journaliste. Lorsque vous ecrivez "Le gouvernement demande des excuses à la famille" vous dites le contraire de ce vous pensez.Car cela signifie que c’est la famille "qui va presenter des excuses".
    Le gouvernement "a presente" des excuses a la famille. C’est vrai que tres souvent nous reflechissons dans nos langues maternelles et traduisons ensuite en francais. Mais de grace vous vehiculez autre chose que l’information, alors faites un effort !
    Desole pour les accents !

  • Le 5 mars 2012 à 14:49 En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    encore celle là qui nous sort de sa petite besace de cm1 pour nous parler population et justifier les manquements de ce pouvoir démissionnaire. ta sauce ne prendra pas pcq on n’est pas des démeurés. il y a pas de justice ds ce pays et si tu veux des exemples à la pelle,fais moi signe et comme ça tu verras que meme un cahier de 200 pages,c’est petit pour tout noter dedans

  • Le 5 mars 2012 à 15:21, par Pierros En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Lorsqu’un ministre de la justice ou un gendarme se rend justice, que peut-on alors penser ? C’est que les hommes commis à cette tâche, la justice, n’ont même pas confiance en ce qu’ils font. Si de telles personnes formées aux droits humains, aux droits judiciaires bref au "DROIT" n’ont pas confiance à la justice, qu’en est-il du citoyen lambda. La justice est une institution de farce au pays des hommes intégrés. « Si tu fais, on te fait et il n’y a rien. » ce sont les corps habillés qui le disent haut et fort avec une certaine arrogance qu’on se demanderait s’ils sont humains. Est-ce que tu as écrit ceci parce que sur la liste des victimes, il n’y a pas pour l’instant un KANI ou as tu pris empocher ? Il faut absolument que l’arbitraire cesse. Et pour cela, il nous faut arriver à ne plus tolérer une quelconque mort suspecte. C’est DIEU qui a donné, c’est DIEU qui a repris là, oui mais avant l’auteur doit payer de son acte odieux que ça soit volontaire ou accidentel. Les pardons, sans confession plus jamais ça. Ce que les autres générations ont accepté en 87 et en 98 la génération présente refuse de l’admettre à fortiori l’accepter.

  • Le 5 mars 2012 à 16:58, par SOFA En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Pitié pour un frère

    Ton article est trop nul. Vaudrait mieux ne pas écrire et continuer ta formation en français d’abord et en journalisme ensuite.
    I

  • Le 5 mars 2012 à 20:37, par Chonanina En réponse à : Autant le dire…. : C’est aussi cela le prix des mutations

    Le peuple a ete suffisamment patient et c’est à la Justice qu’il revient de montrer qu’elle pourrait faire son travail sans pression. Malheureusement au Faso, les faits sont tjrs là et tetus pour nous montrer que cette justice sait bien s’attaquer aux voleurs de chevres et de telephones portables et fremit dès qu’il s’agit de rendre justice aux victimes d’abus de pouvoir des corps habillés. Pour ceux qui auraient oublié
    - en 1999, l’affaire Auguste Pépin Ouedraogo, du nom de cet agent de la Sonabel battu par des pandores (encore à Bobo)et mort de ses blessures n’a été jugée qu’apres que la Sonabel ait par 2 fois (en janvier et en mai 1999) privé la population d’électricité en guise de protestation... et pour réclamer un traitement diligent du dossier !
    - en 2000, l’affaire David Ouedraogo n’a été jugée que suite aux remous consecutifs à la mort de Norbert Zongo...
    - en 2011,les affaires Justin Zongo et des victimes des evenements de Gaoua de 2010 ont été jugées après tout ce que l’on sait.
    Mais les responsables de la justice et de la securité peuvent ils nous dire ce qu’il en est des dossiers de Balpouré, Piella impliquant encore des corps habillés pour ne parler que de ces 2 cas. On nous dira encore : "l’affaire suit son cours". De grace, agissez au lieu de prendre la population comme des imbeciles. sinon, a coup sur la fin de l’auto ustice à coups d’auto dafé n’est pas pour demain

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