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5e congrès du CDP : Trois enjeux pour la nouvelle équipe

Publié le vendredi 2 mars 2012 à 02h12min

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Ce week-end, le congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tient son 5e congrès ordinaire sur le thème : “Face aux mutations sociales, économiques et politiques, impulsons dans la cohésion une dynamique nouvelle au CDP”.
Pour un parti politique, quoi de plus normal que de tenir régulièrement ses instances statutaires ? Quoi de plus naturel que d’évoquer la cohésion au sein d’une formation politique ?

Car si les militants partagent le même idéal, il faut que les cœurs battent à l’unisson pour parvenir à des victoires.
Il n’empêche, le choix de la cohésion comme thème fédérateur revêt un sens particulier dans le contexte national (apparition d’une nouvelle race d’opposants, changement des mentalités) et même à l’intérieur du parti. En effet, ce jamboree politique intervient après une année éprouvante qui a mis à rude épreuve la paix sociale et ébranlé le parti majoritaire et nombre de ses grands camarades.

Simon Compaoré, par exemple, en porte encore les meurtrissures, ayant été victime de la mutinerite du premier semestre 2011.
Gérant le pouvoir d’Etat, cette formation est comptable de la paix sociale.
A cette crise nationale se sont greffées les frondes parfois feutrées (interview dans les journaux de militants), souvent ouvertes (sortie de Salifou Sawadogo lors de la convention du CDP), qui ont permis de voir qu’au-delà de la discipline du parti que tout le monde est censé respecter, il y a une sorte de révolution qui gronde à l’intérieur.

On peut aussi y voir un dynamisme intrinsèque et une manifestation de la démocratie interne, dont se prévaut ce parti.
Pourtant il est limpide que tous les signaux semblent indiquer qu’on ne peut plus gérer le CDP comme en 1996, les crises nationales et internes sont passées par là.
Désormais aussi, il y a de jeunes loups aux dents bien longues qui entendent bousculer la hiérarchie, afin de faire leur trou au soleil.

Avec les bisbilles qu’on a constatées lors du renouvellement des structures de base et cette rivalité sourde de coépouses qui prévaut entre le CDP et la FEDAP-BC, une mue du parti majoritaire s’impose. Certains ne verraient pas d’un mauvais œil que la FEDAP-BC intègre carrément le CDP. A ce qu’on dit, “ce contentieux” CDP-FEDAP-BC serait examiné au plus haut niveau afin de mettre un terme à toutes les supputations, entretenues çà et là, parfois à dessein, puisqu’on sait que le CDP est un parti politique, la FEDAP-BC, une association, mais que tous deux servent la cause d’une même personne.

Pour toutes ces raisons, les enjeux de ce 5e raout du CDP sont de 3 ordres :
- il y a d’abord la question de l’alternance. Le changement qui s’opère à la tête du parti est un non-événement, puisque l’actuel président a annoncé depuis la mi-janvier 2012 qu’il est non-partant. Et s’il y a quelqu’un qui va léger à la salle du Palais de Ouaga 2000 ce week-end, c’est bien Roch Marc Christian Kaboré ; il n’est, en effet, candidat à rien à ce congrès et après une décennie passée à la tête du rafiot CDP il passera les manettes à un camarade. On peut même dire que c’est un homme heureux qui remettra cette charge ce 4 mars à son successeur, car diriger le CDP n’est pas une sinécure ;
- justement, l’identité de ce camarade est une des problématiques de ce conclave CDépiste.

Qui sera le nouveau patron du méga-parti ? Plusieurs noms sont susurrés :
• il y a celui d’Ernest Paramanga Yonli, qui semble tenir la corde, mais dont certains disent qu’aux dernières nouvelles, il aurait été récusé et par des militants de sa région et par certains caciques du CDP. Malgré tout, l’ancien locataire de l’Avenue des Massassuchetts aux USA pourrait être retenu.
• Alain Bédouma Yoda : il pourrait, de patron de la communication du CDP, devenir le patron tout court du parti. C’est un apparatchik. Problème : comme toujours en pareil cas, soulevé par ses adversaires : peut-on confier la direction à une personne qui n’est pas CDP pur jus ?
• Bongnessan Arsène Yé : l’enfant de Bagassi ferait l’affaire. Il connaît les arcanes du parti pour en être un des pères fondateurs. Mais ministre chargé des Réformes politiques, il serait contre-indiqué qu’il soit en même temps patron du parti majoritaire.
• D’autres vont jusqu’à prononcer le nom de Salif Diallo. Ce qui suppose le grand retour et une réhabilitation de “Gorba”.
• Enfin, le nom d’Assimi Kouanda est aussi dans cette short list qui circule. L’affable islamologue qui murmure à l’oreille du président du Faso pourrait aussi faire l’affaire grâce à sa grande capacité d’écoute. Mais pourra-t-il arbitrer les tambouilles qui ne manqueront pas de se produire ? D’aucuns lui reprochant sa molesse.

Quelle surprise du chef va nous réserver encore Blaise, qui officiellement n’est pas militant du CDP, mais qui a toujours le dernier mot dans pareil choix ? Qui aura la faveur du deus ex-machina de Kosyam ce week-end ?
Une tâche urgente se présentera fissa à l’issue de ce congrès : le nouveau patron du CDP et son staff ne devront pas chômer, car il faudra batailler dur tout de suite pour préparer le double scrutin de décembre 2012, lesquel sera sans nul doute à l’origine de différends, notamment en ce qui concerne l’établissement des listes.

Dans un univers où règne volontiers le mandarinat, les questions de parachutage ou de fonction de député comme métier devront être tranchées. Au demeurant, à l’occasion d’une réunion du BPN, tenue il y a quelques mois, le problème de la “montée” des jeunes a été franchement débattu.
Moralité de ce conclave qui fut houleux : il faut que les anciens cèdent la place à la jeunesse ! Même s’il est vrai qu’en la matière le CDP gagnerait à être prudent et à ne pas céder à cette tentation du rajeunissement formel. Pour dire le fond de notre pensée, il ne sert à rien de mettre des bébés hollandais sur les listes électorales ou au-devant du parti s’ils sont incapables de prouver leur pesant de suffrage.

Certains quadra du CDP trépignent d’impatience depuis belle lurette pour endosser l’écharpe de député ou de maire, mais ont-ils seulement fait la preuve palpable ou potentielle de leur représentativité sur le terrain ? Sous d’autres cieux, les jeunes gravissent les mandats électifs palier par palier ; il est vrai aussi que là-bas la démocratie n’est pas du Canada dry comme au Faso.

- Dernier défi et non des moindres : si d’aventure la question de l’article 37 devait revenir après ces scrutins, on imagine que cette nouvelle équipe dirigeante du CDP devrait se parer de tous les atouts pour mener la lutte. Les réformes politiques dont les linéaments ont été tracés par le CCRP et les Assises nationales seront aussi dans l’agenda politique de ce nouveau guide cdépiste qui devra être rassembleur et diplomate à la fois pour gérer les susceptibilités des personnes de son camp et de l’opposition.

Ce 5e congrès est donc celui de la métamorphose, qui doit faire face aux problèmes du parti et à ceux de la Nation, tout en n’occultant pas la vie, voire la survie, du parti.
“Quand le cours de la rivière change, le caïman doit suivre son itinéraire”, dit un proverbe bien connu. Le CDP parviendra-t-il à opérer sa cure de jouvence tout en ne vendangeant pas son fonds politique ? Réponse dans les prochains mois.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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