LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Promotion de l’alternance : Une affaire de tous !

Publié le vendredi 2 mars 2012 à 02h09min

PARTAGER :                          

En Afrique, l’alternance est un mot qui est sur beaucoup de lèvres, quand il s’agit de la gestion des affaires publiques. Ils sont nombreux, ces concitoyens qui trouvent que certains dirigeants ont duré à leurs postes, s’ils ne sont pas en train de s’y éterniser, selon eux. L’on est d’avis que l’usure peut gagner les dirigeants à tous les niveaux, mais il faut aller à l’évidence que l’alternance est une affaire de tous. Il est facile de crier haut et fort que tel ministre ou tel Directeur général (DG) est « inamovible », mais sommes-nous irréprochables au plus bas niveau. Ce n’est pas du tout évident, avec ce que l’on voit dans le milieu associatif, où les différentes structures ont des dirigeants à leurs têtes.

Dans ce Burkina où chacun défend ses intérêts, ce qui est tout à fait normal, il y a des associations qui sont loin de pratiquer l’alternance. Et dans ces lignes, il n’est pas question de livrer des noms de structures, mais de dénoncer un système d’immobilisme, du genre à ne pas favoriser l’alternance. Créées par des personnes de bonne volonté, bon nombre d’associations se confondent aux noms de leurs fondateurs. Quand on porte une idée, on en a l’exclusivité certes, mais cela ne saurait expliquer qu’on veuille s’accaparer une structure portée sur les fonts baptismaux, même au prix de milles sacrifices. Cela peut jouer à la longue sur l’efficacité de l’association, avec une possibilité d’érection de la pensée unique comme système de gouvernance.

Ce qui est fort à craindre. L’on comprend que le géniteur ait un droit de regard sur l’association qu’il a créée, mais de là à tout réduire à sa personne, il y a un pas à ne pas franchir, au risque d’être ridicule. Malheureusement, c’est ce à quoi nous assistons dans nos cités. Certains fondateurs d’associations sont en même temps, le président, trésorier, facteur, etc., de leurs structures. Ils sont l’alpha et l’oméga. Personne d’autre ne peut prétendre à quoi que ce soit, dans la gestion de ces entités. Et il n’est pas rare d’entendre les individus, se comportant de la sorte, lâcher sans gêne : « Je n’ai pas créé mon association pour la laisser aux mains d’autrui ». Leur intention est claire dans ces circonstances : avoir une mainmise sur leur « chose ». En se prenant ainsi, les intéressés ne donnent aucun sens au mot « association » qui signifie, avant tout, une union d’idées et de forces, en vue de l’atteinte d’un objectif précis, dans un domaine donné. Ils font tout. Ils sont tout.

Peu importe le regard des autres ou leurs critiques, les « présidents-fondateurs » s’en moquent éperdument ! Ils trouvent leurs intérêts en gérant leurs trouvailles à leur guise. Dans ces conditions, il est difficile de demander à ces genres de présidents d’associations d’observer l’alternance. Ils vous diront sans sourciller qu’ils sont encore capables, et cela deviendra un refrain. Au final, les « collaborateurs de circonstance », soucieux de la pérennité et de la bonne marche de la structure pour laquelle ils militent, se voient obligé d’aller voir ailleurs. Et des cas du genre, on en connaît au « Pays des hommes intègres ». Certains n’ont même pas eu le temps de prendre la décision de quitter le navire qu’on leur a balancé à la figure : « si vous n’êtes pas d’accord avec cette façon de faire, vous pouvez partir. Vous êtes libres ». De telles attitudes, on le devine aisément, ne sont pas faites pour favoriser l’alternance dans le milieu associatif.

Et ce qui est peut-être rageant, c’est que les personnes qui se rendent coupables de tels agissements, réclament l’alternance au plus haut niveau. On se croirait sur une scène de théâtre où les acteurs rivalisent d’hypocrisie.

« Les gens ne font pas ce qu’ils disent », aiment à répéter un sage, avec juste raison. Pendant que ces individus revendiquent le départ d’un ministre ou d’un DG, souvent, sans motifs solides si ce n’est la « longévité » au poste, eux-mêmes s’accrochent dur comme fer à la tête de leurs associations. Quelle mascarade ! Au lieu de parler d’alternance au plus haut niveau, ces pourfendeurs de la démocratie gagneraient d’abord à donner l’exemple, en s’offrant une certaine retraite. Nul n’est indispensable, dit-on. On peut ne pas être aux affaires, mais éclairer les autres avec son expérience ce qui ne fera que renforcer les acquis engrangés çà et là. Il est donc clair que l’alternance s’observe à tous les niveaux et pas seulement en haut lieu, comme certains en ont la conviction. Messieurs les
« présidents-fondateurs » donnez l’exemple, car l’alternance incombe à nous tous !

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr )

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?