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Fait de chez nous : Triste sort de Binta

Publié le vendredi 2 mars 2012 à 02h07min

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Au lieu d’une fortune en espèces sonnantes, Sita la mère de Binta s’est retrouvée avec un enfant à charge. Elle doit se battre pour la survie du bébé de sa fille Binta qui n’est plus. L’unique fille sur qui Sita comptait pour sortir de sa pauvreté quotidienne est morte après avoir accouché d’un enfant « sans père ». A 15 ans à peine, Binta est convoitée par beaucoup de garçons. Malheureusement pour elle, sa beauté ne l’a pas conduite sur un droit chemin. Car par naïveté et à cause de l’envie folle de sa mère Sita à avoir à tout prix de l’argent, Binta est tombée dans le piège d’une voisine de quartier. Divorcée de son mari il y a des années, la voisine dont il est question, a trompé la petite Binta et l’a emmenée sur un site minier dans le Tuy.

Une fois sur ledit site, la tante opportune de Binta a vite repéré un jeune financièrement « posé », à qui elle a marié Binta. Elle-même s’est mariée à un autre fortuné du site. « L’appétit vient en mangeant », dit un adage populaire. Aussi, malgré sa fortune, le mari de Binta a voulu se rendre sur un autre site aurifère. Malheureusement pour lui, il est mort par accident de la circulation au cours du voyage. A la fleur de l’âge, Binta est déjà veuve. Le temps de refaire sa vie, elle portait une grossesse. Son défunt mari en est l’auteur. Mais comme la grossesse de Binta n’était pas encore visible avant la mort de son mari, de mauvaises langues l’ont attribuée à tout le monde et à personne. Laissée pour compte, la petite va se débrouiller comme elle le peut jusqu’au terme de la grossesse.

Sans assistance digne de ce nom, elle a accouché dans des conditions pitoyables. La tante de circonstance qui l’a emmenée sur le site ne s’en est pas occupée. Privée de soins nécessaires après la maternité, Binta a beaucoup souffert. De peur qu’elle ne meure sur le site, la même tante l’a mise dans un car un matin pour qu’elle retourne à Bobo-Dioulasso d’où elle était partie. Très malade (elle souffrait d’anémie semble-t-il), Binta a retrouvé sa mère Sita qui ne pouvait rien faire pour elle. Sita, est elle aussi une femme célibataire qui a préféré vivre seule que de se marier. Sans un rond sur elle, Binta s’est rendue dans le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de son quartier. Là-bas, les infirmiers lui ont fait savoir leurs limites de pouvoir la guérir, car son état était désespéré.

Néanmoins, ils lui ont conseillé de se rendre au CMA du district dont relève le CSPS. Au CMA, Binta n’a pu « se tirer d’affaire ». Elle est ainsi morte, laissant derrière elle son bébé de quelques mois. Un triste sort qui nous interpelle tous sur les conséquences du gain facile. Si Sita la mère de Binta n’avait pas eu cette envie folle d’avoir une grosse somme grâce à sa belle chérie Binta, la petite n’allait sans doute jamais se retrouver sur un site aurifère. Elle n’allait même pas se marier de façon précoce pour ensuite avoir des problèmes après sa maternité. Malheureusement pour elle (destin oblige peut être), elle n’a pas rencontré sur son chemin un être sensible qui pouvait partager sa douleur comme le souhaite Herman Melville qui disait que « pour un être sensible, il n’est pas rare que la pitié soit douleur, et quand on finit par s’apercevoir que cette pitié ne saurait aboutir à un soulagement effectif, le sens commun invite l’âme à s’en défendre ».

Souro DAO /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso

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