LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Autant le dire… : CDP : le rendez-vous du suspens et de l’inconnu

Publié le vendredi 2 mars 2012 à 02h05min

PARTAGER :                          

Les 2 et 3 mars 2012, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tient son 5ème congrès. Une rencontre dans le principe ordinaire, mais pourtant plein de suspens au regard du moment. Que de spéculations et de supputations autour d’un congrès !
Il ne faut pas se leurrer, la pièce maitresse de la machine politique du Burkina est le CDP. Il est le parti majoritaire et porte de ce fait la responsabilité de la gestion du pouvoir d’Etat. De l’Assemblée nationale à l’Exécutif et de l’Administration en général,, tout est coloré des hommes se réclamant du parti majoritaire. Quoi de plus normal que tout le monde s’accroche à la tenue d’un congrès de ce parti surtout au lendemain de la position de son président qui déclare ne plus se présenter au nom de l’alternance.

Du coup, on se pose la question : qui pourra en être le futur président ? On sait aussi que ce parti vit, piloté par la main forte, mais invisible du locataire de Kosyam. Depuis sa création, il a toujours comme candidat à la présidence du Faso, Blaise Compaoré et dans la logique, il a toujours soutenu son programme.

C’est pourquoi quand ce parti respire, son haleine atteint toutes les artères du pays. La succession du président devient un pari quand on sait que le CDP a grandi et gère désormais une « obésité » difficile à maîtriser. L’histoire de ce parti et son présent compliquent les pronostics. En ce sens que le CDP a eu comme ancêtre, l’ODP/MT. Ce parti fut créé par des hommes et des femmes venus de toutes les idéologies pour soutenir Blaise Compaoré. Ainsi, il y a les militants des premières heures dont la majorité sont issus de partis et clubs clandestins aux couleurs rouges vifs des communistes de divers milieux. Ainsi, ils sont passés des théories du centralisme démocratique, des citations frénétiques des concepts de lutte de classe de Karl Marx et de Lenine aux joutes électorales donnant corps et forme au concept de l’Etat libéral. L’ODP/MT a tout juste cheminé 5 ans et a pris une autre dimension en phagocytant d’autres partis d’opposition pour devenir le CDP qui a opté pour la sociale démocratie, générant la frange des militants de la 25ème heure.

Notre pays a alors toujours évolué avec la victoire de ce parti à toutes les consultations électorales. Alors quoi de plus normal que ce congrès qui s’ouvre ce matin ait un coefficient d’intérêt élevé par le fait que c’est un parti qui est devenu lourd, lourd de ses hommes, lourd de ses cadres, surtout des non-dits pourtant décisifs dans les décisions cardinales.

A l’heure actuelle, le parti semble vouloir se rajeunir car les hommes qui l’ont animé ont certainement fait leurs preuves et l’arrivée d’une génération montante devrait être la bienvenue. Ils ont sans doute travaillé comme ils peuvent, mais le vent de l’alternance souffle et tout le monde veut aller bon gré mal gré dans la même direction. En plus, le trop plein de cadres a généré des transfuges qui peuvent lui ravir des militants. De tous les hommes, qui font l’objet de pronostics pour occuper la place de Roch Marc Christian Kaboré, qui pourra faire le consensus et emporter la confiance du « Boss » de Kosyam qui d’ailleurs reste le commandant invisible du navire ?

Salif Diallo, c’est l’homme politique au sens plein du terme, rompu depuis longtemps aux veillées-débats. Et depuis la renaissance démocratique il s’est révélé comme un grand stratège des campagnes électorales, franc et direct, il tranche là où l’hésitation fait traîner, il aborde tous ses adversaires avec la force de ses arguments. Malgré sa mise à l’écart, il reste proche du patron et semble être le fidèle parmi les fidèles. Mais, tant de combats politiques ne l’ont-ils pas épuisé, surtout si sa mise à l’écart lui a révélé quelles sont les mentalités des hommes dans la faune politique.

Il n’est pas à écarter. Simon Compaoré, est forgé d’esprit d’initiatives à tout moment, mais il semble avoir été éprouvé par les remous sociaux et les grands problèmes d’une ville comme Ouagadougou. Il est plus à l’aise dans les actes que dans les paroles. Paramanga Ernest Yonli, a quant à lui, pris du galon dans le parti depuis son long passage à la primature. Mais à un moment donné, la modestie l’avait lâché et la marque du fameux prêt de 100 millions de la CNSS (c’est peut-être résolu) reste indélébile. Mais, on peut pronostiquer sur lui, même si on sait que l’Est, le Goulmou dans son étendue, lui échappe un peu.

Arsène Bognessan Yé. Ce sera le grand retour, avec une forte dose d’expériences des luttes révolutionnaires diluées dans les combats de la démocratie, version en cours. Assimi Kouanda, très proche du président, très calme, mais dont la politesse et la réserve contrarient le chef d’un parti qui doit être « au charbon », à toutes les heures de la vie. A moins qu’il ne présente un autre visage.

Soungalo Ouattara, ses performances et la recherche de l’équilibre régional dans les grands postes peuvent lui convenir, mais qui sait ?
Achille Tapsoba. Très beau parleur, à l’allure révolutionnaire des années sankaristes, on peut parier sur lui sans en être sûr. Alain Yoda, ce sera le cours calme du fleuve qui ne change pas. Alain Edouard Traoré et Salif Sawadogo sonneront l’hymne du rajeunissement.

On peut se limiter à ces pronostics en attendant les résultats. Ce qui est sûr, est que le désir de changer la gouvernance est désormais certain. Alors, qu’on veuille travailler afin que les écarts soient moins sensibles dans le partage des richesses nationales et que de nouveaux riches ne continuent plus de narguer des pauvres en les tutoyant par l’extravagance de leurs biens. Qu’il n’y ait plus de gens qui sèment et d’autres qui moissonnent ; des citoyens à part et des citoyens à part entière ; qu’il n’y ait plus de ceux qui sont faits pour gouverner et ceux qui sont faits pour être gouvernés.

Augustin KABORE

L’Express du Faso

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?