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UTILISATION DES MOYENS DE L’ETAT EN PERIODE ELECTORALE : Un mal africain

Publié le jeudi 1er mars 2012 à 03h24min

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C’est en principe demain 2 mars 2012 que s’ouvre en Guinée Bissau la campagne pour l’élection présidentielle du 18 mars prochain. C’est donc la veillée d’armes dans les états-majors des dix candidats autorisés à briguer la succession du défunt chef de l’Etat, Malam Bacaï Sanha. Mais, à en croire l’opposition, tous les candidats ne sont pas logés à la même enseigne. Les candidats qui la représentent sont défavorisés par rapport à celui du parti au pouvoir, Carlos Gomes Junior, ci-devant Premier ministre. La Coalition de l’opposition démocratique (OD) de Guinée Bissau, qui regroupe 15 formations politiques, a, en effet, dénoncé le 27 février dernier, « l’usage abusif de moyens de l’Etat au profit du candidat du parti au pouvoir ».

L’occasion faisant le larron, cette coalition a également dénoncé des irrégularités dans l’attribution des cartes d’électeurs, un découpage électoral inique, des transports de militants du parti au pouvoir avant l’ouverture de la campagne électorale, etc. Les récriminations sont nombreuses et l’opposition menace « d’empêcher le processus électoral de se dérouler dans un climat de paix et de sérénité » si les manquements dénoncés ne sont pas corrigés. En temps normal, on crierait au scandale face à ces soupçons d’inégalité de chances sciemment créée lors d’une compétition électorale dans un pays aux ressources très limitées.

Malheureusement, cette situation n’est pas spécifique à la Guinée Bissau. C’est la règle générale en Afrique où les partis au pouvoir usent des moyens financiers, humains et matériels de l’Etat pour battre campagne. En la matière, personne ne peut jeter la pierre à l’autre vu que chacun vit sur la bête, accroché comme une sangsue. C’est un mal africain dont on n’est pas encore guéri, après avoir basculé dans la démocratie il y a de cela plus de 20 ans. Certes, des pays ont pu légiférer sur le financement des campagnes électorales en plafonnant par exemple les dépenses, en interdisant l’achat des consciences. Mais, ils ne sont pas nombreux. Le plus gros de la troupe ne veut pas en entendre parler si fait que dans ces pays, plus l’on a accès aux moyens de l’Etat, plus l’on peut mener campagne tambour battant.

Cette position privilégiée étant celle des partis au pouvoir, ces derniers écrasent tout sur leur passage. Tant pis si le jeu démocratique est faussé, si la corruption électorale se développe ! Il faudra pourtant guérir de ce mal pour donner une égalité de chances à tout le monde dans les compétitions électorales. Tous les candidats doivent se battre à la régulière et à armes égales. On ne sert pas la démocratie avec des achats de conscience et la corruption électorale. Chaque électeur doit voter sur la base des programmes des candidats et non au regard de l’argent, des tee-shirts ou des sacs de riz reçus. Il faut donc introduire dans les codes électoraux des pays africains des dispositions claires réglementant le financement des campagnes électorales, interdisant l’usage des moyens de l’Etat, les gadgets pour acheter les consciences, la corruption des électeurs, etc.

Ce doit être le cheval de bataille de tous ceux qui sont épris de démocratie. Mais les partis d’opposition ont aussi la responsabilité de travailler à conscientiser les électeurs, sur le caractère souverain et sacré de leur vote. De ce point de vue, on attend toujours de voir à l’oeuvre les partis d’opposition, eux qui sont toujours prêts à crier à la fraude.

Séni DABO

Le Pays

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