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ETATS SAHELO-SAHARIENS : La CEN-SAD survivra-t-elle à Kadhafi ?

Publié le mardi 28 février 2012 à 02h37min

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Mouammar Kadhafi était connu pour sa mégalomanie. Une institution comme la CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens), qu’il a créée de toutes pièces, ne pouvait qu’être à son image. La folie des grandeurs a donc complètement fini par dénaturer la CEN-SAD, dont les membres n’avaient plus rien de sahélo-saharien. C’est le « Guide » qui décidait qui devait être membre de son machin. On a donc grandement ouvert les portes, avec pour conséquence la transformation de l’institution en un véritable panier de crabes où les préoccupations des uns et des autres ne convergeaient pas forcément.

De sahélo-saharienne, l’organisation est devenue une sorte d’Union africaine bis, avec 29 Etats membres couvrant toutes les zones géographiques du continent. Aujourd’hui que son géniteur n’est plus de ce monde, la question est de savoir si la CEN-SAD mérite d’être sauvée. Les plus catégoriques, qui s’indignaient des frasques de Kadhafi à chaque sommet de la CEN-SAD, qui ont attendu en vain les projets pharaoniques, qui constataient un chevauchement entre la CEN-SAD et d’autres organisations, diront certainement qu’il faut célébrer la messe de requiem de la CEN-SAD. Mais on peut aussi rétorquer que le tableau ne fut pas entièrement noir. L’une des fiertés de la CEN-SAD, c’est sans doute le réseau bancaire qu’elle a mis en place dans les Etats membres, à travers la BSIC (Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce). Il y a peut-être des avantages à préserver la CEN-SAD.

Le Burkina, qui est un des membres fondateurs de l’organisation, avec la Libye, le Tchad, le Soudan, le Mali et le Niger, en sait quelque chose. C’est ce qui explique son active implication dans la relance de la CEN-SAD avec pour objectif de la débarrasser de tous ses aspects folkloriques. Revenir à l’esprit originel de l’institution, par une solidarité vraie entre les parties prenantes, telle doit être la nouvelle orientation de la CEN-SAD. Repartir du bon pied ne pose donc pas de grands problèmes. Tout le monde en est convaincu. Reste la question du financement de l’organisation. Kadhafi avait au moins une qualité : il assumait ses responsabilités. Il voulait faire de la CEN-SAD, sa chose ; il y a mis les moyens qu’il fallait. Il soutenait l’organisation à bout de bras. Ecartelés entre de multiples organisations dont ils ont du mal à payer les cotisations, les pays de la CEN-SAD pourront-ils lui assurer une indépendance financière ?

On attend de voir quelle formule sera trouvée pour résoudre cette équation. Peut-être la solution viendra-t-elle du Maroc, annoncé comme possible « repreneur » de la CEN-SAD. Mais même si l’entrée en force du Maroc venait à se confirmer, les pays membres devraient se rappeler l’ère Kadhafi. La nouvelle CEN-SAD ne doit être en aucun cas soumise aux lubies d’un quelconque dirigeant. Si elle veut survivre à Kadhafi, la CEN-SAD doit donc prendre sa place dans le cœur des populations. C’est son plus grand défi.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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