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Editorial : Victimes de la circulation ...

Publié le lundi 27 février 2012 à 01h36min

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La route tue. C’est une Lapalissade que de l’écrire. Votre quotidien a rapporté les accidents mortels qui ont eu lieu aux entrées et sorties de Bobo-Dioulasso ces dernières semaines. Autres exemples, le 24 décembre 2011, la compagnie des sapeurs pompiers de Ouagadougou est sortie 41 fois pour des cas d’accident de la circulation.

Les brigades de sapeurs-pompiers de Bobo-Dioulasso, Koudougou, Ouahigouya et Banfora sont respectivement intervenues, dix fois, six fois, une fois, et trois fois. Pour le 25 décembre 2011, il y a eu une hausse nette des sorties pour des cas d’accidents de la circulation, dans toutes les compagnies. Les statistiques des sorties publiées par les soldats du feu donnent les résultats suivants : 54 sorties à Ouagadougou, 20 à Bobo, 4 à Koudougou, 6 à Ouahigouya, et Banfora qui est passé d’une seule sortie en 2010 à 5 sorties le 25 décembre 2011 pour les cas d’accident. Ces accidents ne provoquent pas uniquement des morts, mais d’autres maux comme les handicaps …

Le Burkina Faso n’est pas le seul à être concerné et préoccupé par les accidents de la circulation. Tous les pays du monde en font des sujets de préoccupation et mobilisent des grands moyens, les fins de semaine, lors des départs et retours de congés, les vacances scolaires pour limiter le nombre de victimes.

Les spectacles qu’offrent quotidiennement les usagers de la voie publique dans une cité comme Ouagadougou sont parfois surréalistes. Les charrettes à traction animale ou humaine côtoient les derniers modèles de voitures venus du Pays de L’Oncle SAM.

Sur les échangeurs nouvellement construits, des cyclistes perdus ne savent pas quelle voie emprunter et tournent ainsi en rond.

Les vendredi et dimanche, les cortèges funèbres et les véhicules des sapeurs pompiers sont obligés de faire de longs détours aux approches des mosquées et églises…, jusqu’à ce que mort s’en suive si jamais !...

Les mariages et autres manifestations festives donnent lieu à des blocages intempestifs de voies, souvent sans l’autorisation de l’autorité municipale.
Que dire des conducteurs de taxi et des cyclistes qui n’ont de code de la route que celle dont ils sont les seuls détenteurs ?

L’étranger averti se rend vite compte qu’une autre discipline, un autre ordre règne dans cette ville. Toutes générations confondues, les burkinabè se satisfont ou s’adaptent à cette situation.

Il en découle certains comportements...
La formation de la jeunesse juchée sur des motos venues d’Asie et vendue pas chère conduit à l’égoïsme et à l’incivisme, reste à caution... Comparée au transport en commun, la mobylette est un fossoyeur de culture de solidarité. L’usager du bus ou du transport en commun prend le temps d’attendre un peu, de saluer le voisin, de faire un geste vers le receveur, de parler juste comme il faut pour ne pas avoir affaire à un quidam ; tandis que la mobylette ou l’automobiliste démarre quand il veut et comme il veut, n’attend personne, ne demande rien à personne et au passage, il saoule l’autre usager d’autant d’injures. Les plus « aimables » et les plus fréquentes sont celles qui concernent le respect à la « noblesse de sa mère ».

En matière d’injures et de propos orduriers à Ouagadougou, si toutes les mères vivantes et mortes devaient tenir rigueur à leurs fils, certains taximen, par exemple, iraient en enfer…

C’est dans cette atmosphère faite d’intolérance, d’impatience, de manque de civilité qu’un incident a opposé le ministre en charge de la Justice et des droits humains ou ses services de sécurité à un citoyen, c’est selon les versions.
En d’autres temps, il ne serait pas question d’incident, puisque ce genre d’altercations appartient au modus vivendi –bon ou mauvais- des habitants de la capitale.

Mais, voilà, le Burkina Faso sort d’une crise qui a eu comme détonateur un incident entre des forces de sécurité et un citoyen. Le sentiment que les détenteurs d’une certaine autorité en abusent, s’est installé. Le sentiment également que seule une mobilisation populaire peut corriger cette situation, s’est reveillé.

L’incident du « ministre et du mécano » et les conclusions que les premiers responsables de ce pays en ont tiré, indiquent qu’ils accordent une attention particulière aux nécessaires changements de comportement... Cet incident appelle tous ceux qui ont une parcelle de pouvoirs à rester attentifs, en dépit des pressions et stress, à rester attentifs à leur comportement pour ne pas mettre en péril la paix sociale. Cet incident invite les détenteurs de pouvoirs à ne pas se laisser devancer sur le terrain de la communication.

Cet incident de la circulation et ses conséquences immédiates, ont sans doute instruit tous les schèmes et paliers de gouvernance du Burkina Faso, sur les attentes du peuple burkinabè et par ailleurs des premiers responsables de l’Etat.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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