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JUSTICE EN COTE D’IVOIRE : Une situation embarrassante pour ADO

Publié le lundi 27 février 2012 à 01h34min

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Depuis le 23 février dernier, il y a une nouvelle donne dans la gestion de l’après-crise en Côte d’ivoire. La CPI (Cour pénale internationale) a étendu l’autorisation d’enquêter en Côte
 d’Ivoire aux crimes relevant de la compétence de la Cour, qui auraient été 
commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010. Désormais, les enquêteurs remonteront à la source du conflit, c’est-à-dire au déclenchement de la rébellion par les hommes de Guillaume Soro, actuel Premier ministre, pour traquer d’éventuels crimes de guerre. Cette décision, naturellement, satisfait le clan Gbagbo qui avait toujours reproché aux juges de la CPI de n’avoir considéré que les crimes commis pendant la période postélectorale.

A leurs yeux, la CPI incarnait ainsi la justice des vainqueurs. Il semble donc que la CPI ait eu une oreille attentive à cette revendication des « frontistes » qui estiment, à travers une déclaration du parti, que "cette décision est heureuse pour la Côte d’Ivoire, pour la manifestation de la vérité et pour l’avenir des relations entre les Ivoiriens". Ainsi, les criminels de guerre et auteurs de crimes contre l’humanité seront recherchés et punis dans les deux camps. Un large ratissage qui ne devrait épargner aucun criminel qui serait pris dans les mailles de la justice internationale. Ce retour aux sources du conflit ne vise pas uniquement les rebelles. Car, de part et d’autre, des exactions ont été commises.

Aux enquêteurs de la CPI d’établir les faits et d’en identifier les auteurs. Cela dit, on ne peut s’empêcher de tourner les regards vers les anciens chefs de guerre, le chef de la rébellion, Guillaume Soro et le président ADO lui-même. Potentiellement, certains d’entre eux pourraient êtres cités comme témoins ou coauteurs dans les exactions attribuées aux rebelles, si celles-ci prenaient la dénomination de crimes de guerre, tout comme Laurent Gbagbo l’est actuellement. On en est encore loin, certes. Mais le président ADO doit maintenant se préparer à l’éventualité d’avoir parmi ses collaborateurs de haut niveau, des présumés criminels de guerre. Tiendra-t-il sa promesse de ne protéger personne ?

Le moment venu, on le saura. Le président ivoirien a une belle occasion de montrer qu’il est un homme de parole… même si on sait qu’il marche sur des œufs. La cohésion de son équipe prendrait en effet un sérieux coup si d’éventuels mandats d’arrêt visaient certains de ses chefs militaires ou membres du gouvernement. Sous cet angle, on peut douter que le nouveau pouvoir ivoirien tienne ses promesses, d’autant qu’il ne saurait scier la branche sur laquelle il est assis. Quoi qu’on dise, ADO se retrouve dans une situation fort embarrassante.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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