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Vision de L’Express sur… ; La bénédiction et l’aumône

Publié le jeudi 23 février 2012 à 00h46min

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Faire une aumône ou recevoir des bénédictions d’autrui. C’est là une chose vitale dans les sociétés africaines. En Afrique, aucune entreprise humaine si petite soit-elle, ne peut s’entreprendre sans une bénédiction quelconque. L’aumône (sacrifice) est parfois recommandée pour que le projet entrepris se réalise. Si la bénédiction est faisable par tout le monde sans distinction de sexe ni d’âge, sa consistance dépend des personnes qui vous bénissent. Par exemple, une bénédiction des deux parents (père et mère), est plus rassurante que celle venant d’une autre personne.

En Afrique, les deux parents géniteurs sont des « dieux ». Si ces deux remplissent comme il se doit leur devoir parental, aucun enfant ne peut se soustraire de leur force spirituelle en bien ou en mal. Selon certaines communautés, « nul ne peut réussir ou échouer sans que ses géniteurs ne soient pas comptables ». Une idée qui n’est pas forcement admise dans toutes les communautés. Néanmoins, elle traduit cette référence culturelle en Afrique vis-à-vis des parents. Ils sont à la base et au sommet des projets de leurs descendants. Deux jeunes qui décident de se marier, ne peuvent le faire sans leur bénédiction. Sauf s’ils ne sont pas consentants pour le mariage concerné. Dans ce cas de figure, le couple est très souvent voué à l’échec.

Autant que la bénédiction compte dans les entreprises humaines en Afrique, l’aumône (le sacrifice) l’est aussi. La vedette de la chanson guinéenne, Sékouba Bambino l’a si bien souligné en disant : « I ya gnagnini » (protège ton projet). L’aumône est source de protection ou un moyen pour conjurer un malheur quelconque. L’aumône varie selon sa nature et sa destination. Autrement dit, tout ce qui nous entoure peut servir d’aumône. Sauf un être humain, même si (…). Une aumône peut s’offrir aux vivants et aux morts. « En Afrique, les morts ne sont pas morts. Ils ne sont pas partis. Ils vivent avec nous », disait Birago Diop. C’est pourquoi, certaines personnes ne se lassent pas de faire des sacrifices au nom de leurs défunts parents pour bénéficier de leur bienfait. Il semble que cela contribue au repos paisible de leur âme. Dans tous les cas, l’aumône reste une chose vitale en Afrique.

Elle est quotidiennement faite par certaines personnes. D’autres par contre y font recours lorsqu’elles sont en compétition, alitées dans un hôpital, ou pour faire fructifier leurs affaires… Il y a aussi des sacrifices qui sont offerts à la nature et non à des êtres humains (vivants où morts). Il s’agit des cours d’eau, des collines, des animaux, des arbres… Cette culture de la bénédiction et du sacrifice est respectée partout en Afrique.

Seule sa forme diverge. Sinon le fond reste le même. Et les jeunes africains malgré leur modernité, vivent cette culture inconsciemment pour certains et consciemment pour d’autres. Car souhaiter une bonne traversée à quelqu’un qui entreprend un voyage, c’est lui prodiguer la bénédiction pour qu’il arrive sain et sauf à destination. C’est donc dire que même au-delà des sociétés africaines, la bénédiction est une chose vitale.

Souro DAO /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 23 février 2012 à 12:17, par Draken En réponse à : Vision de L’Express sur… ; La bénédiction et l’aumône

    "Mon frère DAO, merci pour cet article. C’est comme si tu étais avec nous hier. Ça été l’objet d’un débat entre moi(musulman) et un collègue(protestant). Je lui dit qu’en Afrique tout le monde fait le << saraka>>. Il a refusé. Je lui ai traduit ce mot bambara qui signifierait aumône(sacrifice), il est resté sur sa position de refus. Pour conclure, il considère que<> c’es la suite d’un maraboutage ou d’un fétichisme."

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