LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Quelle est la politique du directeur général de la FAO pour la Corne de l’Afrique ?

Publié le dimanche 19 février 2012 à 23h29min

PARTAGER :                          

L’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation est une des institutions du système des Nations Unies (FAO). La FAO joue un rôle important, même si son effectivité est relative dans un monde de plus en plus dominé par le néolibéralisme et la spéculation financière et où le rôle de l’Etat comme régulateur a disparu. Les maîtres du monde ne veulent pas de régulation ni de dirigeantes/dirigeants qui les contrôlent.

Depuis janvier dernier le nouveau directeur général de la FAO est José Graziano Da Silva, un Brésilien. Il a été élu le 26 de juin 2011 au deuxième tour par une courte marge face à un Européen, Miguel Angel Moratinos, ex ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération du gouvernement de Jose Luis Rodriguez Zapatero (chef du gouvernement socialiste espagnol). Il a remplacé à Jacques Diouf, un fonctionnaire international du Sénégal, qui a passé 18 ans (soit 3 mandats) à la direction de cet organisme international. Il est le premier latinoaméricain à occuper ce poste.

Mais qui est réellement José Graziano Da Silva ? Son origine et son pays ne peuvent des points explicatifs sur les actions d’une/responsable. Cependant son parcours professionnel et sa conviction à résoudre des problèmes importants comme la sous-alimentation et la sécurité alimentaire sont des éléments importants à prendre en considération. Il est né el 17 novembre 1949 aux Etats-Unis de parents Brésiliens. Il est agronome de formation, et écrivain. Auteur de nombreux livres sur les problèmes de l’agriculture de son pays, le Brésil.

Docteur en Economie, il fut professeur d’Economie Agricole à l’université d’Etat de Campinas (Brésil) ; il a été le conseiller de la Fédération des Agriculteurs de l’Etat de San Paolo. Entre 2003 et 2004, il a occupé sous les gouvernements du président Luiz Inácio Lula da Silva, le ministère de la Sécurité Alimentaire ; il fut principal responsable de la mise en place et de l’application du programme ambitieux de Lula Fome Zero, zéro faim en portugais. Alimenter des millions de Brésiliennes et Brésiliens a été un des chevaux de bataille de l’ex syndicaliste, Lula. Son programme a permit de sortir de la pauvreté à environ 30 millions de personnes les 8 ans des deux mandats présidentiels de Lula. En mars 2006, il fut le Représentant Régional et sous-directeur de la FOA pour l’Amérique latine. Dans les gouvernements de Lula Da Silva, il a occupé le ministère de Sécurité Alimentaire.

Quel est l’intérêt d’occuper le poste de Directeur Général ? L’intérêt peut être symbolique ou l’apport d’une expérience personnelle ou collective démontrée dans un contexte national et/ou régional. Mais étant un poste d’un organisme international, on peut ne pas négliger ou sous-estimer l’intérêt des Etats, principaux acteurs des relations internationales et contributeurs du budget de l’organisation internationale. Sa victoire est celle d’un dirigeant atypique, qui a marqué non seulement la vie politique brésilienne, mais aussi les relations internationales : Lula da Silva. Personne ne doute que le Brésil est une puissance émergente (membre du groupe BRICS, qui regroupe le Brésil, la Russie, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud), qui a les moyens de sa politique internationale, qui participe et a une voix dans les négociations internationales par exemple sur le réchauffement climatique comme au Sommet de Copenhague au Danemark en 2009.

Comme puissance économique, le Brésil aspire donc à occuper des postes prestigieux. L’autre puissance émergente, deuxième économie du monde, la Chine a aussi une citoyenne à la tête d’une institution onusienne, Magareth Chain à Directrice général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Comme lectrices et lecteurs de la Nation mais aussi citoyennes et citoyens de la Corne de l’Afrique, nous devons nous poser la question suivante, qui me paraît très importante pour notre vie : qu’est-ce que la FAO dirigé par José Grazaniao da Silva va apporter comme solution aux problèmes récurrents en matière alimentaire et de sécurité alimentaire de cette région ? Son expérience dans son pays natal de la Faim Zéro est-elle transposable dans d’autres contextes socio-cultures, politiques et climatiques ? Durant l’été dernier, des images horribles d’enfants, des hommes et des femmes, des mères impuissantes face à la mort lente de leurs enfants ont fait le tour du monde. Il y a eu une mobilisation, qui a apporté un répit à la souffrance, mais non une solution définitive.

Pourquoi la Corne de l’Afrique est-elle si marquée par les sécheresses et les famines plus que d’autres régions africaines et du monde ? Pourquoi les gouvernements et les sociétés civiles réagissent toujours quand il y a une catastrophe ? Pourquoi les mécanismes de la lutte contre la sécheresse et la famine de l’IGAD ne fonctionnent pas bien ?

Dans l’action d’un responsable, les gestes, les symboles et les moments sont importants pour analyser non seulement la mise en place de son programme, mais aussi son accomplissement. Mais on ne peut encore tirer des conclusions du programme du Directeur Général de la FAO sur la Corne de l’Afrique. Lors de sa prise de fonction en janvier dernier à Rome il affirmait que l’Afrique serait sa priorité durant son mandat (jusqu’en 2015) et qu’il allait assister au dernier Sommet du Syndicat des Chefs d’Etat suivant l’expression du président Ougandais Yuweri Musevni à l’endroit de l’Union Africaine. Sa position et et son discours montrent au moins un certain intérêt de sa part à Corne de la mort et de « sang » en reprenant l’expression de l’écrivain Abdourhaman Wabéri. José Graziano da Silva vient d’effectuer une visite au village de Dollow de la région de Gedo en Somalie, afin d’évaluer par lui-même la situation et d’observer le travail accompli par la FAO et ses partenaires pour comme il dit « j’ai eu le privilège de rencontrer agriculteurs et éleveurs somaliens.

J’ai été témoin de l’impact de notre action sur leur existence. » Quelle est l’action de la FAO ? Il n’explique pas en quoi consiste l’action entreprise par l’organisation qu’il dirige. C’est une première position du principal responsable de la FAO sur les questions alimentaires dans cette maudite région. Il a le temps de disserter sa thèse sur la résolution de ces questions.

Les conséquences des famines, les sécheresses récurrentes et l’insécurité alimentaire de cette région ne sont pas seulement le fait de la très faible pluviométrie. Se limiter seulement aux facteurs climatiques c’est faire semblant d’ignorer d’autres facteurs plus mortels comme la vente des terres arables et l’inclusion de l’agriculture dans le commerce mondial ou mieux dans les spéculations mondiales. Dans les informations de la presse internationale sur la famine durant l’été, des chercheures/chercheurs universitaires évoquaient la vente des terres arables de la Somalie de la région du fleuve Shebelle à des entreprises étrangères. L’origine des crises alimentaires dans le monde depuis qu’on parle de changement climatique a changé. Si la pluviométrie est une cause principale, on ne peut négliger la politique de beaucoup de gouvernements africains comme au l’Ethiopie, le Madagascar, le Mali qui vendent des terres fertiles à des entreprises des pays comme la Corée du Sud, le Qatar, le Barhein… C’est enlever aux agricultrices et agriculteurs la liberté de cultiver, donc de nourrir des aliments (et non pas être dépendants de l’aide et de l’humiliation des donations étrangères) leurs terres natales.

Au contraire il faut les aider, les subventionner. Sans subventions on peut nourrir des milliers de personnes. Et les grands pays comme les Etats-Unis, les pays de l’Union Européenne, le Brésil, la Corée du Sud, le Japon (pour le riz) soutiennent leurs agricultures et leurs élevages. Ce n’est pas en vendant ces terres qu’on peut lutter les famines. Et il est du devoir de l’Etat de subvenir la première nécessité de ses populations. La liberté des mouvements financiers constitue le nouveau holocauste pour beaucoup de citoyennes et citoyens de certains pays du Sud.

Mohamed Abdillahi Bahdon

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?