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Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

Publié le mardi 21 février 2012 à 00h59min

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Le ministre de la Santé était à Bobo il y a environ une semaine. Un séjour qu’il avait mis à profit dans une soirée pour rendre visite aux services d’urgence et de garde dans certaines unités de santé. Si le ministre a pu constater la réalité du terrain, il est indéniable qu’il y a des choses et des faits qu’on lui a bien cachés, ou du moins, qu’on a bien pris soin de ne pas évoquer.

Quelques exemples vécus. Un de mes confrères m’appelle des Etats-Unis et me raconte cette histoire qu’il a vécue deux fois dans sa région. « Chef, j’ai mon vieux qui est à l’hôpital (Sourô Sanou) ; si vous avez du temps il faudra passer lui rendre visite et me faire le point. Il est arrivé avec mon petit frère il y a deux jours, mais je crois qu’il se porte bien ». Tant mieux ! Puis il enchaîne : « Voyez-vous chef, nous avons été obligé de l’évacuer de force sur Bobo, puisque là où il était admis, les agents de santé leur ont demandé de retourner au village parce qu’ils ont estimé qu’il allait mourir dans les deux semaines qui suivaient. Nous avons demandé en vain une autorisation de transfert sur Bobo.

Alors, je ne comprends pas pourquoi des agents de santé peuvent refuser d’évacuer un malade alors que les parents ont les moyens de le prendre en charge ? ». Une fois de plus il enchaîne : « vous voyez chef, c’est la deuxième fois que la même situation nous arrive. Il y a un autre homme qui vit depuis plus de deux ans alors qu’on avait refusé de l’évacuer sur Ouagadougou prétextant qu’il allait lui aussi mourir les jours suivants ». « Qu’est-ce à dire ? » Me suis-je questionné sans réponse. N’est-ce pas là une autre forme d’euthanasie qui ne dit pas son nom ?
Un autre fait, un autre centre de santé : un neveu est admis dans un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) dans un secteur de Bobo. Le « palu » dont il souffrait devait être assez grave. On demande de lui trouver tout de suite du Fanta à boire.

Ce qui est fait. Puis, on paie un carnet de santé à 250 F CFA. Ensuite les frais de consultation à 500 F CFA. Puis vint l’ordonnance. Certains produits ont été payés en pharmacie. Mais avant l’infirmière de garde a pris soin d’indiquer que parmi les produits prescrits, il y en a qui sont « chez nous ». Le prix global de l’ordonnance remonte à environ 16 000 F CFA, y compris les produits qu’elle nous a vendus sur place. Je paie. Si ce n’est pas parce que nous sommes dans un centre de santé et dans une situation d’urgence, j’aurai refusé ces produits parce que je ne trouve pas de différence avec les médicaments de la rue. Ils ne sont vendus ni dans le dépôt pharmaceutique dont dispose le centre de santé, ni dans une autre pharmacie.

D’ailleurs, où est-ce que les agents de santé trouvent-ils ces médicaments qu’ils nous revendent à des prix que personne ne connaît réellement ? Notre calvaire n’est pas fini. Il y avait des perfusions à faire. Pour chacune d’entre elle, j’ai payé encore 1 000 F C FA. Plus les frais de consultations et le carnet de santé. Finalement, je me suis retrouvé avec un net payé d’environ 20 000 F CFA. Avant de partir à la maison, je me suis une fois de plus posé la question suivante : « Combien de Burkinabé ont-ils les moyens de se faire soigner un palu à 20 000 F CFA en une soirée ? ».

Un autre exemple : au District sanitaire de Houndé dans le Tuy, c’est le Médecin chef et un de ses collègues qui revèlent dans les journaux les comportements indécents et coupables qu’ils font subir aux malades. Ce qui montre, si besoin en était, la « gangrène » qu’on peut trouver dans un tel milieu. Puisque ces pratiques ne sont pas propres à Houndé.
Si l’accueil dans nos centres de santé semble s’être amélioré depuis les sanctions contre les accoucheuses de la maternité Sylla Sanou de Bobo, d’autres comportements sont venus se substituer. Et ce prix, ce sont toujours les malades qui paient. Pour combien de temps et à quel prix ?

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2012 à 06:23, par Beurk En réponse à : Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

    Les Burkinabè doivent mettre dans la tête qu’après la douane qui s’accroche jalousement et fièrement à sa première place des services les plus corrompus du pays,en réalité vient en deuxièment position la santé.S’ajoute à cette triste réalité une autre tare que souvent,les gens n’aborde pas mais sachez que nos agents de la santé(médecins,infirmiers,sages femmes etc...)occupent paradoxalement la première place au niveau de la criminalité.Pour s’en convaincre,il suffit qu’un jour un service compétent se penche sur le sujet en produisant un rapport détaillé sur les causes réelles de certains décès avec des autopsies infaillibles.Par extrapolation,on verra que les statistiques feront ressortir pour une seule année des chiffres hallucinants avec des milliers de morts causés simplement par l’incompétence,la fourberie,le laxisme,le je m’en foutisme de ces honnisseurs du serment d’hyppocrate.Mais comme d’habitude sous nos cieux,ces décès dits "évitables" sont mis sur le dos de Dieu pour se donner bonne conscience alors que ce sont des euthanasies non conformes qui ne veulent pas dire leur nom.Pour ma part,ces agents de santé indélicats sont aussi dangereux que ces coupeurs de route qui n’ont ni loi,ni foi parceque refuser de soigner un patient qui n’a pas les moyens ou détourner ses médicaments en abusant de son ignorance par des tours de passe-passe pour ensuite l’administrer des produits frelatés,est ni plus ni moins qu’un acte criminel.Il est temps que cessent ces comportements inhumains dans ce pays

  • Le 21 février 2012 à 08:55, par Aliende En réponse à : Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

    C’est bien dommage ces constats et faits rapportés. Et circonstance aggravante, il s’agit de la santé des hommes. Que chacun lutte pour que cesse cela. Mais il ne faut pas s’arrêter à la santé ; tous les secteurs d’activités ont leurs brebis galeuses. Le journaliste qui se laisse corrompre, l’enseignant qui "tire" les cours, le mécano qui vous vend des pièces défectueuses, le policier qui rackette, le gendarme qui ne respecte pas la loi, le financier qui se remplit les poches... Avant de jeter la pierre sur l’autre qui n’a pas bien fait, je dois me demander si je ne me reproche rien moi-même. Que chacun, dans son poste de travail, fasse bien son boulot. C’est ainsi que le Burkina se développera.

  • Le 21 février 2012 à 10:20, par Loctoré En réponse à : Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

    Bien que la question abordée de la qualité des soins dans les services de santé soit d’un intérêt majeur pour moi, je trouve votre article superficiel et votre approche basée sur le fait divers et l’anecdote douteuse et inefficace. Merci d’envoyer des professionnels comme ceux du Journal l’Evènement pour nous mener un investigation digne de ce nom afin d’identifier clairement les problèmes et les solutions possibles.

  • Le 21 février 2012 à 10:28 En réponse à : Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

    Mon cher ami tout secteur d’activité a ses dessous de table. Ce n’est pas à la santé seulement. En plus de cela l’infirmier en question ne t’a pas obligé à payer ses produits ; tu l’as fait de ton plein gré alors tu es complice de ses agissements. Si personne ne paie encore leurs produits, ils vont plus vendre. N’est ce pas cher journaliste ?

    • Le 21 février 2012 à 14:42, par samgg En réponse à : Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

      je crois qu’il faut réflechir à la politique de santé du pays. La santé des Burkinabés est un bien politique . mais que voulons nous au juste ?nous avons du personnel de santé bien formé. qu’est ce qui cloche ? avons nousdes enquetes de satisfactions de nos patients ? que faisons nous des accompagnants ?

  • Le 22 février 2012 à 01:13, par COOL En réponse à : Autant le dire… : La santé a un prix, mais quel prix ?

    Tout le monde est responsable de la corruption,vous n’etieZ pas obligé de payer les medicaments, la corruption est encouragée par les corruptibles et ce sont les memes qui se plaignent, l’Etat ne peut rien faire sans la contribution de tous. Celui qui dis que les agents de santé sont des incompétents et criminels,c’est pas objectifs,il ne faut pas generaliser, il ya des brebis galeuses dans tout metier.Aussi les gens n’ont pas TOUJOURS le minimum pour sauver des vies parce qu’on est tout simplement pauvre et quand les patients n’ont pas les moyens pour se soigner ce n’est pas la faute des agents de santé, il n’ya aucune assurance sociale pour indigents.

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