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Associations « Lagmitaba » et « Wapani » : L’art comme levier à l’épanouissement

Publié le vendredi 17 février 2012 à 01h18min

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Les associations « Lagmitaba » et « Wapani », qui signifient " unissons-nous ", " ensemble " en langues nationales mooré et bwamou ont procédé le 8 janvier dernier à Ouagadougou à une signature de convention au cours d’une rencontre qui a réuni plusieurs membres venus de la France et du Burkina ainsi qu’une " structure sœur " du Niger appelée « Afara » qui formalisera bientôt son lien avec les deux premières pour donner un " trio parfait et dynamique ".

Au-delà de leur vocation commune, à savoir la promotion des richesses culturelles, le désormais trio " Lagmitaba"- " Wapani"- " Afara " voit plus loin encore. « L’association, parce que nous sommes pour l’émancipation, la culture, l’économie locale,l’éducation », donne comme aperçu général, la présidente de " Lagmitaba", Liliane Geneste. Fondée en 2010, cette association regroupe des adhérents français et burkinabè dévoués à la cause des valeurs humaines à travers la culture. « Le territoire burkinabè est riche en artistes, en art mais malheureusement, les artistes sont très pauvres.

Soutenir les artistes est donc l’un des objectifs de l’association », précise la présidente de Lagmitaba. Pour cette association de solidarité internationale, ces valeurs s’incarnent aussi par le système de parrainage scolaire des enfants des artistes. « Un vrai parrainage scolaire avec un suivi et des échanges entre parrain, marraine et les parents de l’enfant. Dans l’association, nous avons un infirmier, il fait du soutien psychologique pour les enfants en difficulté scolaire », clarifie la responsable pour qui, il s’agit d’un " vrai " parrainage avec des exigences claires (des parrains et marraines sérieux, suivis réguliers et adéquats, etc.). Sur le volet artistique, « On achète les œuvres aux artistes et aux artisans d’art qu’on revend en France….

On a une partie pour les artistes et une autre pour l’association. Pour les artistes adhérents, l’association ne garde quasiment rien de la vente de leurs œuvres. C’est l’une des caractéristiques de l’association. Beaucoup d’associations viennent ici et cassent les prix et comme les artistes n’ont rien, ils sont obligés de vendre », explique Mme Geneste. L’association soutient également le développement local dans le village de Wangala dans la commune de Zabré (province du Boulgou) en plus de son implication dans le soutien à l’éducation. Également en voie de réalisation, un projet de construction d’un centre de formation artisanale à Ouangala et la réalisation d’un champ associatif dans le Centre-Ouest.

Tout comme à Garango, ajoute Liliane Geneste, Lagmitaba s’est investie dans l’appui d’une association de femmes handicapées. Dans cette organisation qui se veut modeste de par sa taille pour préserver l’aspect humain, selon ses initiateurs, batikiers, bronziers, musiciens, danseurs, etc., contribuent chacun dans sa spécialité au dynamisme de la vision commune. Même organisation du côté de cette association qui se symbolise par le "Sitoumou " (chenilles prisées au Burkina, surtout dans la zone de Bobo-Dioulasso), " Wapani", " ensemble " en langue nationale Bwamou. Elle s’inscrit au cœur de la culture sahélienne de l’artisanat d’art et de la musique traditionnelle. Située dans l’arrondissement de Boulmiougou, la structure que pilote Doubassin Sanogo est spécialisée également dans la production d’instruments traditionnels de musique de qualité professionnelle dans la danse, le tissage, les stages de découverte et de perfectionnement, les contes, la confection de vêtements traditionnels et d’uniformes, de tenues de spectacle.

Elle participe à des spectacles et évènements d’envergure nationale et internationale. Ce nouveau partenariat avec Lagmitaba qui va bientôt s’étendre au Niger avec " Afara" dirigée par Mohamed Abdoul Kader ouvre un autre horizon qui s’annonce plus reluisant pour chacune des associations.

Des partenariats pour répondre aux espoirs

A en croire les responsables des associations, ce " mariage " est une nécessité pour répondre aux besoins de spécialisation, d’harmonisation et pour faire de l’"union" un outil d’humanisme au service de leurs membres. Lagmitaba était déjà en " réseautage " avec une association française dénommée " L’Afrique dans les Oreilles " tout comme elle compte des " admirateurs " au Cameroun et au Burkina avec l’association du conteur Roland Kaboré, Auguste Bienvenu de danse contemporaine par le biais d’une association française appelée " Watidsow ". Toutes partagent les mêmes valeurs et ont foi à la culture comme levier de développement et comme moyen de lutte contre de nombreux maux sociaux. « On tisse nos liens et tous s’en sortent bien. On a mis en place les séjours solidaires, c’est-à-dire que les Français qui arrivent au Burkina (et vice-versa) n’ont pas besoin d’aller à l’hôtel, ils sont accueillis dans les familles des adhérents.

On a fait un cahier des charges à cet effet. Ça nous permet de vivre la chaleur humaine, de connaître la vie des peuples. Il faut dépasser le clivage entre riches et pauvres pour arriver à avoir une classe moyenne capable de manger à sa faim, d’éduquer ses enfants et capable de pouvoir se soigner », argue la patronne de Lagmitaba, maître d’œuvre dans la signature de la convention. Avec " Afara" du Niger, deux volets seront couverts : une coopération pour faire des réserves alimentaires en période de soudure et un autre volet de formation pour transmettre les métiers d’art traditionnel comme l’orfèvrerie.

Un cri du cœur pour le CNAA

Jetant soit regard global sur les différents secteurs de la culture au Burkina, surtout au niveau de l’artisanat d’art, la présidente de Lagmitaba a "regretté" que le Centre national d’artisanat d’art (CNAA) soit un centre qui se meurt.

Pour elle, il faut une politique de " réfection " et de communication sur le centre afin d’en faire une véritable vitrine. C’est à travers des avis de chacun qu’on avance, estime-t-elle. Elle lance l’idée qu’une grosse politique d’aide aux artistes et aux artisans d’art soit faite et favorisée.
Liliane Geneste croit énormément à la qualité de la richesse culturelle du Burkina, au dynamisme et à la qualité des artistes et artisans. Et pour caricaturer cela, elle paraphrase un de ses amis camerounais : « Au Cameroun on a l’eau, on a la végétation, mais on a très peu d’artistes. Et moi je dirais qu’au Burkina Faso, on n’a pas beaucoup de végétations, il n’y a pas beaucoup d’eau, mais on a une pépinière d’artistes ».

Kader PALENFO

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