LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Pesticides : Les phytopoisons

Publié le jeudi 16 février 2012 à 00h16min

PARTAGER :                          

La culture du coton dévore beaucoup de produits phytosanitaires. C’est une culture qui est très consommatrice de pesticides. Ces produits protègent non seulement les plantes contre les ravageurs, mais contribuent à alléger le travail. Les désherbants permettent de faire peu de travail. Selon Siaka Traoré de l’Association des professionnels de l’irrigation privée et des activités connexes (APIPAC), les producteurs agricoles ne se passent plus des herbicides. On constate même une utilisation excessive de ces désherbants. Mais très peu d’agriculteurs savent les dangers que représentent ces produits pour leur santé et l’ensemble de la communauté.

La pulvérisation des plantes exige le port d’une combinaison de protection. Et pourtant les producteurs n’utilisent pas de masque, ni de gants. " Certains n’utilisent même pas de pulvérisateur ou ne se vêtissent pas au moment des traitements. ", affirme Sié Coulibaly, producteur de coton dans la commune de Sidéradougou dans la province de la Comoé. En l’absence de combinaison, le corps reçoit évidemment des doses de ces pesticides. Certains producteurs pensent que les produits ne sont pas aussi dangereux. Cette perception des pesticides est visible dans leur comportement quotidien. Ces produits sont gardés à l’intérieure des maisons d’habitation. Les emballages de pesticides sont même utilisés dans le ménage. Le dosage des pesticides dans le traitement du cotonnier ne respecte pas les normes recommandées. Certains agriculteurs font des mélanges pour plus d’efficacité.

" On achète différents produits et on fait le mélange, on obtient ainsi un désherbant très efficace ", déclare Etienne Kibora dans le Nahouri. Selon les producteurs, la plupart de leurs emballages de pesticides sont abandonnés dans les champs, où broutent les animaux après les récoltes. Dans leur pratique, les producteurs nettoient souvent le matériel dans la mare. " Allez-y au barrage, vous trouverez des bidons de pesticides ", déclare Emmanuel Boni de Koumbia dans le Tuy. Les bidons ainsi que les sachets de pesticides finissent après utilisation dans un point d’eau. Le matériel de pulvérisation est également nettoyé dans les cours d’eaux ou les ruisseaux. " Vous voyez là-bas, les producteurs de légumes ont jeté les emballages dans le ruisseau, or en aval, les gens y puisse l’eau de boisson. ", nous indique un ingénieur agronome dans le village de Dassa à quelques kilomètres de Koudougou. Une pratique que les spécialistes de l’environnement trouvent inquiétante.

En 1995, dans la partie Est du Burkina, des pesticides aurait causé la mort de nombreux poissons dans des cours d’eau. Le danger et certainement le plus grave pour le consommateur, c’est l’utilisation des pesticides du coton par des maraîchers. Le comportement des maraîchers est dénoncé par les spécialistes. Les pesticides recommandés pour le coton sont utilisés pour les choux, la tomate, la salade etc. " On utilise tout, pourvu qu’il tue les ravageurs, y’a pas de dose ", affirme Ambroise Bado du même village. Il reconnaît que ce comportement est dangereux à la suite des effets déjà constatés. " Un jardinier a été hospitalisé après avoir consommé de la tomate ", fait-il savoir. Les exploitants agricoles se défendent souvent derrière l’irresponsabilité des techniciens agricoles pour justifier ces comportements et les risques pour eux et les consommateurs. Les encadreurs des sociétés cotonnières n’insisteraient pas sur la protection des producteurs par l’information et la sensibilisation sur les pesticides.

" On ne sait pas à quoi ils servent tous ces agents de la Sofitex. Ils ne viennent jamais dans les champs ", regrette un cotonculteur de Pompoï dans la province des Balés. Les arguments de leur défense sont nombreux. Certains soutiennent par ailleurs que les gants ne sont pas efficaces dans la manipulation des produits et autres objets. Par contre la plupart en revanche aimeraient bien prévenir des risques en utilisant les combinaisons de protection, mais la question de la disponibilité et de l’accessibilité reste un grand obstacle. Les coûts très élevés des équipements de protection les rendent inaccessibles par les paysans. Ce que les producteurs ne savent pas, c’est que certains consommateurs se sont plaints des maux de ventre suite à une consommation des productions maraîchères. Les résidus de pesticides se retrouvent facilement dans les aliments.

Des études ont montré que le mélange est plus toxique et dangereux. C’est aussi dangereux d’utiliser des pesticides destinés au coton pour traiter des légumes. C’est très toxique et mortel. Les emballages aux mains des producteurs inquiètent les agents de santé. La réutilisation des emballages des pesticides à des fins domestiques constitue une source d’intoxication alimentaire pour les populations. Les emballages abandonnés à l’air libre constituent un danger pour les personnes mais aussi pour les animaux qui souvent broutent les herbes dans les champs après les récoltes. L’autre risque pour l’homme, c’est la contamination des autres cultures. En général, le champ de coton est associé à d’autres cultures. Le même terrain est aussi utilisé pour d’autres cultures les années suivantes. Les résidus des pesticides peuvent donc se retrouver dans la chaîne alimentaire. Ils sont alors exposés à ces produits qui peuvent conduire à certaines maladies.

Les cas de contamination indirecte sont également à craindre puisque les pesticides sont à porté des enfants. Le Dr Issa Tapsoba, enseignant à l’université de Ouagadougou, précise que ce ne sont pas seulement les fortes doses qui sont toxiques et dangereuses pour la santé humaine et animale. C’est la quantité des expositions élevées qui augmente les risques de contamination.

Les OGM, pesticides un couple dangereux

Dr Samuel PARE ; enseignant à l’université de Ouagadougou

Au Burkina Les études et les témoignages des praticiens de la santé, des spécialistes de l’environnement, et surtout d’une majorité des producteurs de coton ainsi que des maraîchers penchent plutôt pour les effets directs des pesticides. La mauvaise utilisation des produits phytosanitaires, l’inapplication des textes qui réglementent la distribution de ces produits exposent producteurs et consommateurs. Les médecins ainsi que les députés ont interpellé le gouvernement sur le sujet. L’infirmier major du village de Koumbia pour sa part pense qu’il est difficile de faire un lien de cause à effet. Toutefois, il sait que les pesticides représentent un danger pour la santé des producteurs. Chaque année, sa formation sanitaire reçoit au moins 600 cas de malades pour intoxication aux pesticides. Les intoxications interviennent par inhalation, par injection ou par pollution. Ces maladies se manifestent par des vomissements, des céphalées, des vertiges et parfois les individus sombrent dans un coma. Les cas les plus graves sont évacués sur Bobo. Les femmes enceintes et les enfants sont les plus vulnérables et les plus exposés.

La saison hivernale est la période de pic des intoxications. Dans les autres localités visitées autres que le Tuy, ce sont effectivement les pesticides qui préoccupent les producteurs. Lorsqu’on parle des OGM, c’est par rapport à la faiblesse de rendement. Il n’a pas été encore constaté des effets directs sur la santé. A 35 ans, Hamidou Sawadogo, producteur de coton à Funkuy à quelques kilomètres de Dédougou commence à avoir peur des pesticides. Les vertiges et les céphalées surviennent après chaque traitement du cotonnier. C’est depuis très jeune qu’il traite le coton ainsi que le niébé. " Il arrive que le vent renvoie le produit sur vous, parfois tu t’évanouis. Cela m’est arrivé deux ou trois fois ", déclare-t-il. Un autre producteur de sésame à Badala dans la Boucle du Mouhoun, soutient le premier. Il affirme qu’il a été à plusieurs reprises admis dans l’infirmerie du village. Madi Segda dans la Sissili n’a pas eu la même chance. Cet élève coranique aurait succombé après une dure journée de traitement de coton. Son ami Seydou Nébié a vu le jeune souffrir de ces produits pendant plusieurs années. Ils pensent que c’est par manque de traitement que le jeune a succombé. Segda, " le spécialiste ", aurait demandé à son maître de le dispenser de cette corvée. " Après le traitement, on a mal partout : les yeux, la tête, nausée, irritation, la peau qui brûle. ", avoue-t-il.

Des études de monotoring sur les pesticides des communautés à la base menées par les chercheurs sur des producteurs de coton dans la région de l’Est en 2006 révèlent que sur un échantillon de 100 producteurs chargés des traitements phytosanitaires, des maux de têtes sévères sont les symptômes les plus fréquents et affectent 92 % des enquêtés, suivis des vertiges pour 83 %, des tremblements des mains pour 54 %, des nausées ou vomissements pour 21 %, troubles de la vision 21 %, transpiration excessive pour 13 %, étourdissement pour 8 % et hypersalivation pour 8 %. La plupart de ces symptômes (46 %) surviennent quelques heures ou quelques jours après l’utilisation des pesticides. Quelques cas cependant (13 %) sont arrivés pendant l’utilisation des produits et étaient les incidents les plus sérieux. Les chercheurs conclurent que " bien que le pesticide responsable n’a pas été formellement identifié mais tout porte à croire que le produit toxique n’est autre que l’endosulfan.

" A la direction régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun, ainsi qu’au centre régional hospitalier de Dédougou, il n’existe pas des statistiques sur les maladies liées aux pesticides. " Il n’y a pas eu d’étude sur ce sujet ", affirme un agent à la direction régional. Cependant, dans ce grand bassin cotonnier, le développement des maladies cancéreuses inquiète en dépit de l’insuffisance de dépistage. Au centre régional hospitalier, un agent affirme que la plupart des dépistages de cas de cancer se fait pendant une consultation dont le motif de départ était une autre maladie. Cependant, après le paludisme, les maladies bactériennes, respiratoires, les cas de tumeurs (fois, col de l’utérus, sein, peau etc.) occupent une place important. Ces tumeurs peuvent présager un cancer. Ce sont de soupçons, précise un responsable au niveau du centre hospitalier régional de Dédougou. A la direction régionale, c’est la prudence du fait de la faiblesse de fréquentation des centres de santé par la population et à l’absence d’enquête sur le sujet.

L’ensemble des chercheurs et de praticiens rencontrés à Ouagadougou s’accorde sur un point essentiel. Les maladies se déclarent très tard dans la vie de l’individu. Il faut un diagnostic pour faire le lien entre la maladie et les pesticides. Dr Samuel Paré, enseignant à l’université de Ouagadougou, précise que " C’est à long terme, dans 50 ans que les agriculteurs ressentent les effets ". Les professionnels de la santé soutiennent ses affirmations et attirent l’attention sur la montée des maladies pulmonaires chez les cotonculteurs. Selon Dr Médard Bambara, pneumologue au centre hospitalier Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou, la situation que vivent les cotonculteurs est très alarmante. Il avertit que l’utilisation des pesticides par nos producteurs constitue un problème de santé publique. Les services de pneumologie commencent à recevoir de nombreux malades contaminés par les pesticides et qui souffrent des maladies pulmonaires. Le drame c’est que ces maladies une fois déclarées sont irréversibles.

Ce sont des maladies qui se développent pendant plusieurs années d’exposition aux pesticides. Il constate pourtant que les producteurs sont peu informés et prennent peu de précautions dans l’utilisation des pesticides. Dr Médard Bambara conseille l’utilisation des masques à gaz pendant la pulvérisation aux pesticides. C’est avec amertume et angoisse qu’il constate que les producteurs de coton n’utilisent pas des combinaisons adaptées. Les pesticides sont des bombes entre les mains des producteurs qui ignorent tous de leurs effets.


Menace sur les écosystèmes

Dans une étude faite dans les régions cotonnières du Burkina, les résultats de la recherche montrent que les eaux, le sol sont contaminés. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), entre 0,4% et 0,8% des pesticides utilisés (chiffres variant selon la pratique d’utilisation et de pulvérisation) peuvent être lessivés pour polluer les eaux des rivières et les nappes. Ces fractions paraissent bien faibles mais ces produits principalement les hydrates de carbones chlorés, les nitrites sont non seulement toxiques mais souvent chimiquement stables et ne se dégradent donc pas avec le temps. D’où un effet sur le long terme sur la qualité des eaux. La pollution de l’environnement provoque une contamination directe des êtres vivants. La pollution du sol se fait pendant la pulvérisation des plantes aux pesticides. Les résidus des produits phytosanitaires peuvent durer sur le sol, pendant plusieurs mois. L’eau de pluie entraîne par ruissellement les résidus de produits phytosanitaires vers les cours d’eau ou en direction de la nappe phréatique. Les résidus de pesticides contaminent aussi par la suite tout l’écosystème en particulier le milieu aquatique. On estime que les producteurs maraîchers sont les premières victimes de l’utilisation et la manipulation répétée de ces produits. Ils représentent au moins 70% du taux des utilisateurs des pesticides. Une étude réalisée par Dominique Bassolé, spécialiste marketing en intrants agricole et Léonard Ouédraogo, sur l’utilisation des produits phytosanitaires en conservation des denrées alimentaire et maraîchage, révèle que plus de 60% des pesticides utilisés en maraîchage dans les pays en voie de développement ne sont pas adaptés. 43% des produits ne figurent pas sur la liste des produits homologués par le Comité inter Etat de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS). La plupart des pesticides utilisés par les sociétés cotonnières a comme matière active l’endosulfan. Pourtant, ces molécules ainsi que d’autres sont prohibés pour leur toxicité. Ces pesticides à fortes teneures d’endosulfan continuent de circuler et sont toujours distribués par les sociétés d’importation des intrants agricoles. Elles contaminent le sol, l’air et les sources d’eau pendant les pluies au moment de la pulvérisation. Selon les professeur Bonzy Cissé et Traoré de l’université de Ouagadougou, l’endosulfan est une molécule perturbatrice endocrinien. Le foie et la graisse sont les organes les plus touchés. Cette molécule est pourtant présente dans les forges, les puits, et les cours d’eaux dans les zones cotonnières. En période sèche, la teneur en résidus de l’endosulfan humide représenterait un risque important de contamination des ressources en eau de ces zones d’autant plus qu’il s’agit d’une période de fort ruissellement et d’infiltration d’eau. La contamination des eaux de boisson expose les animaux à des maladies comme le cancer. La vaporisation des gaz provoque aussi la pollution de l’air. En cas de pluie, les substances de pesticides retombent sur le sol et continuent dans les cours d’eaux. Cette contamination de l’air est dangereuse pour l’eau et par voie de conséquence pour les hommes et les animaux. La pollution de l’air est sans doute une exposition à des maladies par l’inhalation des substances toxiques. Le Dr Samuel Paré, enseignant à l’université de Ouagadougou soutient que l’usage des pesticides est incontournable, parce qu’ils constituent une source de revenue mais aussi deviennent une nécessité dans l’agriculture moderne. C’est une nécessité pour améliorer les rendements, la qualité et réduire les pertes après récoltes. Cependant leur emploi accru et incontrôlé peut entraîner des risques de contamination pour le vivant et l’écosystème.
ARN

L’Etat très laxiste sur le contrôle

Fusage excessif des pesticides et leurs effets déjà perceptibles sur la santé des populations commencent à inquiéter des consommateurs. Le sujet a été débattu à l’Assemblée nationale. A travers son ministre de la Santé, le gouvernement a affirmé qu’il est bien conscient qu’il faut se pencher sur le sujet. Le député Bindi Ouoba a interpellé le ministre de la Santé sur les dangers de l’utilisation des pesticides. Celui-ci s’inquiétait sur le mauvais usage des pesticides et les risques pour la santé. L’ex ministre de la Santé, Seydou Bouda, devrait s’expliquer sur " les dispositions prises par le gouvernement au plan épidémiologique et/ou réglementaire pour pallier le mauvais usage des pesticides mais également pour prévenir les questions de santé y relatives ". Seydou Bouda est revenu sur l’importance des produits phytosanitaires pour booster la production. L’agriculture est la principale utilisatrice de ces pesticides. Celui-ci a indiqué que les pesticides sont utilisés en agriculture pour se débarrasser d’insectes ravageurs, de maladies causées aux plantes par des champignons et de rongeurs nuisibles. Mais il reconnaît avec le député que les pesticides constituent un danger pour la santé, et leur utilisation inquiète aussi les autorités pour leur impact sur les populations et leur cadre de vie. Il a ainsi égrené quelques problèmes bien connus du gouvernement. C’est au regard de ces problèmes que le gouvernement a mis en place la commission nationale des pesticides. Elle est chargée de l’homologation des pesticides vendus au Burkina. Elle s’inspire des travaux du comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS) des pesticides pour établir et mettre à jour, régulièrement la liste des pesticides autorisés. Au plan opérationnel, les agents de l’Agriculture forment et sensibilisent les producteurs à la bonne utilisation des pesticides.

De même, les agents de santé sont formés à prendre en charge les cas d’intoxication aux pesticides laissés le plus souvent à la manipulation sans précautions de ces produits. Cependant, sur le terrain, les ONG ainsi que les producteurs ne voient pas d’encadreurs. Ce travail de conseillers agricoles est souvent laissé aux ONG dans leur zone d’interventions et en fonction de leur mission. Pour l’instant, les producteurs manquent de vulgarisateurs. Selon l’APIPAC, le manque d’information, de sensibilisation et surtout d’encadrement constituent les principaux défis à relever si on ne veut pas exposer les producteurs et les consommateurs. On peut minimiser les risques de santé si la réglementation est aussi bien respectée. Selon le gouvernement, le laboratoire national de santé publique est équipé pour analyser et déterminer avec précision, les substances pouvant être responsables d’intoxications. Cependant, tous les produits ne passent pas par le circuit normal. La fraude peut faire entrer des pesticides non contrôlés. Selon l’ex ministre de la Santé, la porosité des frontières rend les contrôles difficiles et de ce fait certains produits échappent au contrôle pour se retrouver sur le marché. " Le gouvernement est conscient que la fraude existe et il travaille à l’éradiquer ", a-t-il précisé. L’ampleur que prend la vente illicite de ces produits et l’impunité accordée à leurs auteurs semblent être un manque d’intérêt. L’impunité dont jouissent les fraudeurs est un encouragement ou un manque de considération pour la santé des consommateurs et des populations.

Le député Norbert Tiendrebéogo est sceptique et n’a pas manqué d’ironiser sur cet aveu d’impuissance du gouvernement face à la fraude " il y a de la fraude mais on n’y peut rien ". Le sentiment du député Norbert Tiendrébéogo est partagé par l’APIPAC. Son président Siaka Traoré pense que les autorités ne font pas assez d’efforts pour lutter contre la fraude. Sa structure demande le renforcement des contrôles aussi bien aux frontières qu’à l’intérieur. Les distributeurs agréés qui se sont regroupés au sein de l’APIPAC ressentent une injustice et la structure a peur que ses membres rejoignent l’informel. Siaka Traoré croit que le gouvernement sort également perdant avec cette fraude en matière fiscale. Pour mieux cerner les dangers, les députés ont proposé au gouvernement d’initier une étude nationale afin d’évaluer les impacts sur l’environnement et sur la santé. Les députés ont averti le gouvernement sur les risques encourus si des efforts ne sont pas faits pour réduire la consommation des pesticides. De plus en plus, la préférence est à la consommation des produits sains, qui ne sont pas traités par des produits phytosanitaires. Déjà, certains pays ont entamé une démarche de réduction de la consommation de ces légumes " souillées " et refusent de les acheter, préférant ceux biologiques. Avec cette nouvelles donne, des légumes africains ont été rejetés ou ignorés, pour non respect des normes commerciales. Elles présenteraient des taux de pesticides plus élevés que la limite maximale résiduelle admissible. Ainsi, en 1998, 103 tonnes d’haricot vert, soit 8% de la production commercialisée par le Burkina Faso (UCOBAM) ont été refusés par les acheteurs.

*Ces enquêtes ont été réalisées avec l’appui financier de l’Association des journalistes Danois d’investigation à travers le projet PAIR

Par Abdoul Razac Napon

L’Evénement

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 16 février 2012 à 07:02, par Beurk En réponse à : Pesticides : Les phytopoisons

    Il faut se dire la vérité qu’au delà du cas abordé sur la culture du coton,se pose le problème des OGM parceque notre pays est devenu un vaste champ d’expérimentation de toute sorte de semences transgéniques que ces grandes firmes multinationales comme Mosanto veulent nous faire avaler avec les conséquences que l’on sait,mais nous n’avons rien vu encore.Le pire reste à venir.A mon avis,nous pouvons arriver autrement à une autosuffisance alimentaire saine au lieu d’emprunter des raccourcis d’une agriculture productiviste chimique et polluante qui ne régle pas pour autant le problème de la famine et en plus,on va se faire tuer à petit feu.
    C’est scandaleux.Il faudra un débat à l’assemblée nationale afin de mettre fin à ce génocide latent.

  • Le 16 février 2012 à 18:04 En réponse à : Pesticides : Les phytopoisons

    Mon frère tu mélanges tout. Justement l’utilisation des semences OGM permet de reduire les quantités d’insecticides à utiliser sur le coton par exemple (de 6 à 2 seulement). Donc on préfère les OGM que les pesticides (On est sûr que ça si tu consommes c’est do and dye).

    • Le 17 février 2012 à 08:45 En réponse à : Pesticides : Les phytopoisons

      Non, c’est la publicité mensongère des Monsanto. Dès la 2ème ou 3ème année, il faut augmenter les doses car les phénomènes de résistance apparaissent.Et, pourquoi, demande t’il des zones refuges d’un quart de la surface pour éviter l’apparition rapide des résistances. Donc, c’est tout sauf un produit miracle.
      J’ai écouté le témoignage d’un producteur de coton et je vous assure que le coton OGM ne permet pas au producteur de s’en sortir... sauf Monsanto et ses accolytes.
      Vous semblez oublier que le produit toxique est dans la plante et que lorsqu’on consomme de l’huile de coton OGM, on consomme également ces toxines.

  • Le 17 février 2012 à 08:30, par un agroécologiste En réponse à : Pesticides : Les phytopoisons

    Un grand merci pour ce reportage édifiant qui ne me surprend pas mais la triste réalité d’un empoisonnement à petit feu des petits producteurs burkinabè. Et, cela personne ne lève le petit doigt même pas les associations de défens des droits de l’Homme.
    A partir de ce reportage, j’ai beaucoup de questions :
    Que font les sociétés cotonnières pour sensibiliser… les producteurs car ce sont elles qui leur donnent ces produits …cides à crédit ?
    Que fait la ligue des consommateurs face à ce problème ?
    Que fait l’état face à ce problème ?
    Que fait le laboratoire national pour contrôler ces produits, et contrôler les résidus de pesticides sur les aliments que l’on consomme ?
    Que font les services d’hygiène pour contrôler les points de vente de ces produits dangereux ?
    A quand la promotion de l’agriculture biologique et de l’agroécologie dans ce pays, gage d’un véritable développement durable de l’agriculture au BF ?
    Les OSC ne vont-elles pas se mobiliser pour porter plainte contre les empoisonneurs des paysans ? contre la pollution de l’environnement ? etc.
    « L’ensemble des chercheurs et de praticiens rencontrés à Ouagadougou s’accorde sur un point essentiel. Les maladies se déclarent très tard dans la vie de l’individu. Il faut un diagnostic pour faire le lien entre la maladie et les pesticides. Dr Samuel Paré, enseignant à l’université de Ouagadougou, précise que " C’est à long terme, dans 50 ans que les agriculteurs ressentent les effets » : A quand une formation sérieuse des chercheurs et praticiens sur les toxicités. Comment le Dr Samuel Paré ose dire que dans 50 ans les agriculteurs ressentent les effets ? NON Monsieur, ils seront morts bien avant (au grand maximum 20 à 30 ans s’ils sont chaque année exposés à ces produits et, encore, à petite dose). Les effets se font sentir à court terme (nausées…), à moyen et long terme. En moins de 5 ans, les effets sont dévastateurs si le paysan utilise les produits dangereux de manière totalement inappropriés. Il ne faut pas oublier que les ¾ des paysans sont analphabètes et incapable de lire les notices sur les emballages de ces produits. D’ailleurs, la plupart sont illisibles et peu compréhensibles. Il faudrait au moins exiger de ces marchands de produits, une notice détaillée en français facile et en langues nationales.
    « Le Dr Samuel Paré, enseignant à l’université de Ouagadougou soutient que l’usage des pesticides est incontournable, parce qu’ils constituent une source de revenue mais aussi deviennent une nécessité dans l’agriculture moderne. C’est une nécessité pour améliorer les rendements, la qualité et réduire les pertes après récoltes. Cependant leur emploi accru et incontrôlé peut entraîner des risques de contamination pour le vivant et l’écosystème ». Non, Monsieur Samuel, il existe des alternatives à l’usage des pesticides. Il faut développer l’agroécologie qui est (et sera quand le pétrole sera rare) la seule alternative durable de production agricole. L’agroécologie est à l’exact opposé des pratiques industrielles qui ne survivent que du pétrole pour les engrais et produits chimiques, pesticides, herbicides… cides comme génocide ! Des pratiques comme l’agroforesterie, associations de cultures-élevage-arbres, rotations, diversification des cultures, utilisation de compost… et possibilité d’utiliser des produits issus de plantes comme le neem, piment,… purins… De nombreuses expériences en agroécologie montrent qu’il est possible d’avoir des rendements aussi élevés que l’agriculture chimique. Mais, là, on ne fait pas l’affaire des multinationales comme Monsanto avec ces produits cides et ces OGM.
    L’entreprise américaine Monsanto a été jugée "responsable", lundi 13 février, de l’intoxication à l’herbicide d’un agriculteur français. Cette décision du tribunal de grande instance de Lyon, qui constitue une première en France, pourrait ouvrir la voie à d’autres condamnations similaires, selon Stéphane Cottineau, avocat spécialisé dans les questions environnementales, qui travaille étroitement avec l’ association Phyto-victimes. (www.lemonde.fr) : Une grande première qui pourrait amener d’autres procès. A quand un procès au Burkina pour empoisonnement de ces multinationales ?

  • Le 17 février 2012 à 12:44, par Yam En réponse à : Pesticides : Les phytopoisons

    Quel bel article ! félicitation à ce journaliste.
    Cependant quelle honte de lire que les OGM sont mieux que les pesticides. Et la contamination des autres cultures voisines, quel dosage de pesticides fait qu’on passe de 6 traitements à deux ? C’est parce que la plante en elle-même est déjà une pesticide pour cetains ravageur qu’elle limite le traitement. combien de personnes consomment les graines de coton soit comme huile ou comme sauce ? Si on arrive a injecter du poison dans la graine pour combattre les ravageurs, c’est indirectement l’homme qu’on combat. renseigner vous sur les OGM avant de vous jetter pieds joint pour dire qu’on les préfère aux pesticides. En plus, depuis 10 000 ans on a toujours cultivé et protéger nos cultures sans passer par des manipulation génétique ni des produits nocifs pour l’homme. on n’est pas pour autant mort de faim. On est en train de privatiser l’agriculture dans le monde et les ignorants arborent des sourires naïfs espérant que le salut viendra de là. Je suis d’avis qu’on lance le débat au plus haut niveau (là encore les intérêts individuels risquent de prendre le dessus sur la raison).

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Déchets plastiques : Ces « voisins » qui nous envahissent