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Décentralisation au Burkina  : Y croire, malgré tout  !

Publié le jeudi 16 février 2012 à 00h15min

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Le Code général des collectivités territoriales de décembre 2004 consacre la communalisation intégrale, avec la création des communes rurales et des régions en collectivités. Les innovations majeures de cette nouvelle loi sont, entre autres, le maintien des deux niveaux de collectivités  : la commune (rurale et urbaine) et la région, les compétences des deux niveaux de collectivités territoriales précisées en tenant compte de leurs spécificités respectives, la couverture intégrale du territoire par des communes à la base, notamment en passant par l’extension de la commune rurale à l’ensemble du département et l’intégration des Conseils villageois de développement (CVD) dans le schéma de décentralisation en qualité d’instruments de développement local sous l’autorité des conseils municipaux ruraux.

Ainsi, Le Burkina Faso a choisi de faire de la décentralisation, sa politique pour la participation effective des populations à l’exercice du pouvoir et à la gestion des affaires locales. Dans cette dynamique, en 2006, le pays a connu des élections municipales dans 351 communes (dont 49 urbaines et 302 rurales) et la mise en place de 13 conseils régionaux. Au total, 702 conseillers régionaux ont été élus parmi les 17956 conseillers municipaux. La communalisation intégrale a définitivement pris son envol au pays des Hommes intègres.

S’il y avait lieu d’élaborer un bilan de cette première expérience, que retenir ? De prime abord, disons que ceux qui ont eu l’idée de la communalisation intégrale du Burkina ont vu juste ! Car la décentralisation permet aux populations à la base de prendre leurs responsabilités, de participer directement au développement de leur commune, sinon de penser leur développement comme voulu et rêver. Dans cet apprentissage de la gestion à la base, de bonnes choses ont été enregistrées de part et d’autres dans les communes du Burkina. Des écoles, des centres de santé et de promotion sociale, des caniveaux, ont été construits.

Des avancées....

De même, des villes ont été urbanisées et des projets de développement ont été mis en place pour améliorer le vécu quotidien des populations à la base. Tous ces acquis ne sont pas à négliger, mais le plus important et intéressant, c’est la prise de conscience par les populations que le développement, leur développement, ne viendra pas forcément de Ouagadougou ou d’ailleurs et que désormais, elles ont leur destin entre leurs mains. Et ne serait-ce que pour cette prise de conscience que tous, autant que nous sommes, que nous soyons en campagne ou en ville, nous sommes des acteurs du développement, cela valait la peine d’aller à la décentralisation. Ce qu’il reste à faire, c’est de travailler à faire cesser les différentes querelles, parfois inutiles, car liées aux intérêts personnels, sinon à la tête de l’homme qui dirige la commune ou à ses origines.

Car la plupart des crises nées dans les différentes communes (rurales et urbaines), en dehors de quelques problèmes de gestions, trouvent souvent leurs origines dans les relations interpersonnelles. Il est arrivé qu’un individu ou un camp pense que le maire ne mérite pas de les diriger ou qu’il remet en cause leurs intérêts par la façon, ?souvent combien rigoureuse et transparente de gérer. Alors, on bloque le fonctionnement de la mairie par une crise sans tête ni queue, avec pour objectif de chasser le maire. Peut-être que ces attitudes sont dues à l’ignorance des uns et des autres, vu que l’on n’a pas eu le temps de bien faire comprendre le concept de décentralisation avant de s’y lancer.
Ainsi, certains pensent qu’il s’agit d’un pouvoir qu’on hérite et qu’il ne sied pas de laisser exercer par le premier venu (…)

Des querelles d’individus

Le cas, par exemple, de la commune rurale de Ziou, est éloquent, en atteste le titre de notre article : « Commune rurale de Ziou ? : des dissensions plombent le développement ». A lire entre les lignes, l’on s’aperçoit que la crise qui couve dans cette commune n’est due à autre chose qu’à des intérêts personnelles. La plainte du maire de Ziou à propos de la gestion du marché en dit long : « Ils veulent poursuivre avec le laxisme qui leur procurait de nombreux avantages. A l’époque, l’administration percevait les droits d’entrée et les habitants, les droits de sortie. Imaginez, l’ex-responsable du comité de gestion du marché de bétail basé au Ghana repartait chaque fois avec une voiture chargé de vivres. Et son second, a profité pour se tailler deux véhicules et deux villas ».

Sans chercher à savoir qui à tort ou raison, il est temps, et il faut saluer le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation pour son soutien à certains maires que l’on veut « chasser » parce que leur tête ne plait pas. L’on ne devrait plus tolérer que des individus, parce que leurs intérêts sont menacés, se permettent de mettre à mal le développement d’une collectivité en empêchant à une commune de fonctionner. Quoiqu’on dise, il faut avancer dans le processus de la communalisation intégrale et y croire, car malgré tout, c’est l’une des voix du salut du Burkina. Peut-être aussi qu’il est temps de songer à faire un bilan des acquis et des insuffisances du processus. Ainsi, l’on saura où on va ? !

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr )

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2012 à 02:51, par ELIANE En réponse à : Décentralisation au Burkina  : Y croire, malgré tout  !

    Pour moi la plus grande réussite de la 4e république demeure bel et bien la décentralisation.Elle doit se poursuivre et s’affirmer dans le temps .C’est vrai les débuts sont très difficiles.Aujourd hui lorsque je vois des petites communes comme Coalla dans la gnagna ,pilimpikou dans le passoré réaliser des investissements grace aux fonds alloués par l’État j’en suis fier.Avec le temps nous comprendrons que la décentralisation est la solution pour le développement du Faso .Il suffit de trouver des gens q il faut pour nos mairies.

  • Le 16 février 2012 à 14:43, par Nombamba En réponse à : Décentralisation au Burkina  : Y croire, malgré tout  !

    Mr Traoré, bravo pour avoir réfléchi sur un thème assez compliqué comme celui de la décentralisation. Mais comme cet écrit porte sur les lois et les règles de gestion de l’État, il faut faire attention. En outre, je pense que tu tires des conclusions trop hâtives sur ce qui semble être des progrès de la décentralisation.
    Voici quelques observations que je fais sur le fond de tes propos. Peut-être que quelqu’un d’autres nous conciliera :
    1. Tu commence ton écrit par : "Le Code général des collectivités territoriales de décembre 2004 ...". Ici, il faut citer franchement la loi en disant : la "loi n° 055-2004/AN du 21 décembre 2004 Portant Code Général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso"…
    2. Tu dis : "...notamment en passant par l’extension de la commune rurale à l’ensemble du département et l’intégration des Conseils villageois de développement (CVD) dans le schéma de décentralisation". Non en 2006, ni la commune rurale, ni le CVD n’existait ! Comment peut-on parler d’extension et d’intégration ?
    3. Tu dis : " La communalisation intégrale a définitivement pris son envol au pays des Hommes intègres". Non, elle s’est ainsi installée. Ne parlons déjà d’aucun envol, M. Traoré.
    4. Tu cris haut et fort "le plus important et intéressant, c’est la prise de conscience par les populations que le développement, leur développement, ne viendra pas forcément de Ouagadougou ou d’ailleurs et que désormais, elles ont leur destin entre leurs mains". Ouff, je voudrais lire le rapport d’évaluation ou le sondage sur la mise en œuvre de la décentralisation desquels tu t’inspire pour le dire aussi vaillamment.
    5. Ensuite tu écris : "Peut-être que ces attitudes sont dues à l’ignorance des uns et des autres, vu que l’on n’a pas eu le temps de bien faire comprendre le concept de décentralisation avant de s’y lancer". M. Traoré, ceci n’est pas seulement valable pour la décentralisation. C’est aussi et surtout valable pour la République elle même ! Et là, je prête votre propos pour dire qu’en effet à la tête de toutes nos institutions "certains pensent qu’il s’agit d’un pouvoir qu’on hérite et qu’il ne sied pas de le laisser exercer par le premier venu"
    6. Enfin, dites moi M. Traoré, entre nous, votre intention était plutôt de nous parler des crises qui font "chasser" certains maires. N’est-ce pas ? Vous ne vouliez aucunement nous proposer un écrit sur la décentralisation sous une version "analyse du développement". C’est pourquoi le titre de l’article n’a rien à voir avec le plaidoyer que vous semblez finalement faire pour je ne sais quel maire qui a du être viré par les autres membres de son conseil municipal pour faible rendement. Mais mon frère c’est aussi ça la décentralisation dont vous vouliez parler : la liberté de choisir et de renoncer à ce choix quand il ne répond pas à vos objectifs.
    Sans rancune, à la prochaine !

    • Le 20 février 2012 à 10:09 En réponse à : Décentralisation au Burkina  : Y croire, malgré tout  !

      Belle analyse de l’article, mais je n’ai pas compris votre formule finale "sans rancune...". Elle laisse entendre une quelconque dent entre vous ou un refus de la critique par le producteur de l’article ce qui n’est pas le cas.
      j’aurais aimé un conclusion plus constructive et participative ne me demandez surtout pas de quel genre.

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