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Forum national de l’eau du Bénin : Pour parler le même langage et dans le bon micro à Marseille

Publié le jeudi 16 février 2012 à 00h16min

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Après plusieurs reports, la rencontre de concertation multi-acteurs du secteur eau et assainissement du Bénin a eu lieu du 08 au 10 février 2012 à Dassa-Zoumé, à plus de 200km de Cotonou. Des recommandations pertinentes en sont sorties afin de parler le même langage à Marseille en mars prochain à l’occasion du forum mondial de l’eau. La rencontre a abouti à des résultats au delà des attentes. Pourtant, jusqu’à la dernière minute, le doute aura plané sur la tenue effective du forum. Mais, au soir du 10 février, c’était un vrai ouf de soulagement pour les organisateurs. Mission accomplie pour l’Etat béninois ainsi que l’ONG Eau Vive et ses partenaires dans l’initiative « A l’eau l’Afrique, A l’eau le Monde ».

Dénommé atelier de concertation multi-acteurs, la rencontre a réuni responsables de la société civile, responsables de collectivités décentralisées et déconcentrées de l’Etat, ONG intervenant dans le secteur eau et assainissement, mais aussi un chef traditionnel. Et non des moindres. Il s’agissait de Sa Majesté Tossoh Gbaguidi XIII, roi de Savalou qui fut d’ailleurs très tranchant dans ses interventions.
Plusieurs béninois connaissent des difficultés d’approvisionnement en eau potable et en assainissement. Pourtant, ce ne sont pas les ressources qui manquent. Ni en eau ni en matériel, ni même en compétences humaines.

Mais, « le problème de l’eau est une question de gouvernance », soutient-on au sein de la société civile. Les prestations de service sont gangrenées par la corruption, dit-on. Les statistiques en matière d’eau et d’assainissement sont en retard. Ce qui pose un problème de planification dans les politiques et implique par conséquent des problèmes de budgétisation et de financement des secteurs eau et assainissement. Ce qui ne permet pas d’inscrire le budget de l’eau dans les priorités.
Les concertations tous azimuts de Dassa avaient pour objectif de faire le point de la situation en matière d’eau et assainissement et dégager des recommandations pertinentes. Mais, elles visaient à court terme à permettre aux acteurs de l’eau de « parler d’une même voix et dans le bon micro à Marseille ». Les travaux de Dassa ont été marqués par des sessions plénières, mais aussi des concertations entre acteurs à profil spécifique. Les participants ont donc été repartis en organisations de jeunes, de femmes, autorités locales, autorités centrales et déconcentrées de l’Etat, société civile.

Dépasser les déclarations d’intention

Dépasser les déclarations d’intention, associer toutes les catégories aux prises de décisions, s’engager à mobiliser des ressources endogènes et exogènes au profit du secteur ; le prioriser dans les politiques communales et gouvernementales, s’engager à la bonne gouvernance, mais aussi transférer intégralement les compétences aux communes en ce qui concerne l’eau et l’assainissement et les accompagner subséquemment. Ce sont là les principales recommandations qui ressortent des groupes de réflexion. Les têtes couronnées du Benin étaient également représentées à ce cadre de concertation par Sa Majesté Tossoh Gbaguidi XIII, roi de Savalou. « Nous voulons jouer notre rôle de gardien des valeurs morales de la société mais aussi assurer celui de catalyseur du développement durable », a-t-il souligné.

Pour résoudre la question de l’eau au Bénin, les différents partenaires de la concertation ont recommandé d’instituer une gestion concertée du secteur et asseoir une coordination intersectorielle. Car le secteur a « besoin d’un leadership éclairé ». Ce qui permettra aux populations de passer du statut de bénéficiaire à celui de détenteur de droit d’accès à l’eau, comme le reconnaissent les Nations Unies.

A la fin des travaux, le directeur général adjoint d’Eau Vive, Jean Bosco Bazié a présenté les opportunités à saisir et les espaces à occuper à Marseille où 15 sessions multi-acteurs sont prévues. Le Bénin a raté une bonne partie des étapes préparatoires. Mais, « aujourd’hui, on peut dire que le Bénin est prêt à prendre part au forum mondial de Marseille », soutient Armand Houanyé, le coordonnateur du partenariat national de l’eau (PNE) du Bénin. « Nous irons à Marseille, nous reviendrons avec d’autres recommandations importantes et on fera le bilan de cette participation avec ceux qui étaient à Dassa pour voir comment mettre en œuvre tout ceci afin de développer le secteur de l’eau et de l’assainissement au Bénin », ajoute-il.
C’est le secrétaire général adjoint du ministère de l’énergie, des recherches pétrolières et minières, de l’eau et du développement des énergies renouvelables, Armand Dakinhoun qui a présidé la cérémonie officielle de clôture du forum. La rencontre a été un véritable succès, à entendre les uns et les autres au moment de se quitter.

Afin de parler désormais d’une même voix, les acteurs intervenants dans le secteur de l’eau au Bénin pensent à l’institutionnalisation du forum. C’est tout à l’honneur de l’ONG Eau Vive et ses partenaires qui ont accompagné ce cadre de concertations multi-acteurs. Gageons que les six pays prenant part à l’initiative « A l’eau l’Afrique, A l’eau le Monde » (Bénin, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Niger, Togo) réussissent à parler d’une même voix à Marseille. Et surtout dans le bon micro. Pour le bonheur des populations.

Moussa Diallo, envoyé spécial à Dassa-Zoumé au Bénin

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