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Côte d’Ivoire : L’ONU joue les prolongations

Publié le mercredi 20 octobre 2004 à 07h02min

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Tévoédjré reçu
par B. Compaoré

Reçu en audience par le Président du Faso dans la matinée du 19 octobre 2004, le président du Comité de suivi de la mise en œuvre des accords de paix en Côte d’Ivoire, Albert Tévoedjré, a déclaré à sa sortie d’audience, qu’il était venu s’enquérir de la "lecture" de Blaise Compaoré quant aux blocages et avancées constatés dans la résolution de la crise ivoirienne.

Une déclaration qui, au regard des derniers avatars de cette crise, traduit l’incapacité ou à tout le moins, l’embarras de l’ONU à solutionner celle-ci.

S’il est vrai qu’Albert Tévoedjré n’est pas "l’inventeur" de la langue de bois diplomatique, force est de reconnaître qu’il manie celle-ci avec dextérité, au vu de sa prestation face aux médias burkinabè après cette audience. Est-il en effet encore besoin de s’enquérir du sentiment des autorités burkinabè sur cette crise, quand on sait que Blaise Compaoré a affirmé urbi et orbi que "l’accord de Linas-Marcoussis ("revisé" lors du Sommet d’Accra III le 29 juillet dernier) est la voie royale pour résoudre la crise ivoiro-ivoirienne et mettre fin à la longue et douloureuse souffrance du peuple ivoirien.

Un Blaise Compaoré qui déclarait à la veille du Sommet d’Accra III (c’était à Bamako le 27 juillet 2004) qu’il y allait avec "plus d’optimisme", parce que nous (Amadou Touré, Laurent Gbagbo et lui-même , protagonistes du Sommet de Bamako II) "avons une plus grande visibilité de tâches à accomplir pour sortir de la crise".

Il faut dire que Blaise Compaoré était conforté dans son optimisme , par le ton nouveau adopté par Laurent Gbagbo lors du Sommet de Bamako II.

"Nous avons cerné les problèmes d’essence politique et les autres types de problèmes" avait clamé Laurent Gbagbo à Bamako, ajoutant que lui et ses deux pairs allaient à Accra pour parler d’une même voix "comme trois parties d’un même corps".

Chassez le naturel...

On ne pouvait donc qu’être optimiste même si le roublard président ivoirien avait laissé entendre de manière sibylline "qu’en Afrique les dents mordent souvent la langue, mais cela ne les empêchent pas de cohabiter". Loin d’être un effet de style, on se rend compte aujourd’hui que cette boutade de Koudou Gbagbo traduisait un esprit réfractaire à une sortie de crise négociée en Côte d’Ivoire.

Convaincu avec son réarmement massif que les dents pouvaient désormais mordre la langue en toute impunité, Gbagbo et ses séides ne mettront pas du temps à renier tous les engagements pris à Accra. De tergiversations en atermoiements, l’Assemblée nationale ivoirienne, n’a en effet jusque-là pas adopté toutes les lois qui devaient conditionner le désarmement des différentes factions belligérantes.

C’est dans cette occurrence que Pascal Affi N’Guessan, patron du Front populaire ivoirien (FPI), parti au pouvoir a eu l’outrecuidance de mettre le blocage actuel sur le dos du Premier ministre Seydou Diarra. Ce qui ne peut être interprété que comme de la mauvaise foi.

Une mauvaise foi dont le régime ivoirien a toujours fait montre depuis la signature des Accords de Linas-Marcoussis en janvier 2003 et qui amène à s’interroger sur la volonté réelle de l’ONU à œuvrer pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire.

Autrement, Kofi Annan qui affirmait à Accra en juillet dernier que "partout où de besoin nous (l’ONU) interviendrons pour débloquer les situations conflictuelles" sait pertinemment qui est à la source de cet énième blocage.

C’est dire que son représentant spécial aurait pu faire l’économie de cette tournée sous-régionale, la solution se trouvant dans une mise en demeure aux autorités ivoiriennes de respecter leurs engagements. En optant d’ouvrir une autre "palabre africaine", on ne peut que noter le peu d’empressement des uns et des autres à sortir de la crise.

Le président du Faso dont les compatriotes pâtissent le plus de cette crise ivoiro-ivoirienne, ne peut donc légitimement qu’être déçu par ces prolongations.

Albert Tévoedjré ne pouvait que manier la langue de bois à sa sortie d’audience, lui qui, de concert avec son patron, se devait de manier le bâton depuis belle lurette.

Boubacar SY
Régine ZERBO
Sidwaya

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